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Coralie Frasse-Sombet : « Remettre la machine en route »

La Coupe du Monde de ski alpin fait son grand retour ce week-end à Sölden (Autriche), avec les traditionnels géants d’ouverture ! Après plus de six mois de trêve, les meilleurs skieurs de la planète réenfilent les combinaisons, et rechaussent les skis pour une nouvelle saison qui s’annonce plus dense que jamais. Spécialiste du géant, et 11e du classement de la discipline l’an passé, la française Coralie Frasse-Sombet revient avec nous sur sa préparation estivale, et nous présente cette manche d’ouverture de la saison, avec les mondiaux en France en ligne de mire…

Vous avez pu revenir à une prépa’ plus « classique » après deux étés perturbés par la crise sanitaire, avec notamment un stage à Ushuaïa, quels sont les avantages de partir à l’autre bout de la planète ?

« Ce qui est bien c’est qu’on s’entraine au niveau de la mer, donc cela fait moins souffrir les organismes. On peut enchaîner davantage de manches, et des manches plus longues en se fatiguant moins, donc on sent vraiment la différence. On va aussi chercher des neiges d’hiver ! Ils ont la possibilité d’arroser les pistes, ce qui nous offre des journées en condition « course », qui se rapprochent de ce qu’on va retrouver durant la saison. C’est plus intéressant que des neiges de glacier qui sont des regèles de neige de printemps… Il y a des profils assez variés, on peut skier différentes pistes selon nos besoins, et nous français on est un peu prioritaire à Ushuaïa parce qu’on a aidé au développement de la station ! Il y a quand même un tas d’avantages qui font que c’est top d’aller là-bas ! 

Entraînement à l’autre bout de la planète pour Coralie.

Après on a fait avec les moyens du bord les autres années, moi les glaciers suisses ça me barbe un peu (rires) ! On se lève hyper tôt, on met une heure à monter, on arrive en haut on est déjà fatigué, ce n’est pas évident à gérer ! Donc quand tout le monde peut aller où il le souhaite, c’est top de pouvoir descendre dans l’hémisphère sud. Surtout que cette année les glaciers suisses ont beaucoup souffert, celui de Zermatt a été fermé une bonne partie du mois d’août, donc cela aurait été la galère pour tout le monde… Sauf pour les Suisses qui ont des priorités un peu partout (rires) ! 

L’avantage de faire ce stage de trois semaines au mois de septembre nous permet aussi d’éviter les grosses chutes de neige car le printemps commence là-bas, donc moins de risque de se retrouver avec de la neige molle. Cela nous a aussi bien rapproché du début de la saison parce qu’on est rentré le 28 septembre, donc trois semaines avant Sölden. On a pu faire des journées type « course » qui nous ont bien préparés. On a ensuite eu quelques jours de repos avant un nouveau bloc de prépa, et là on est de retour sur les skis à Val Senales ! On a encore deux jours sur une piste assez exigeante et après on fait le voyage jusqu’à Sölden, où on n’aura sûrement pas vraiment la possibilité de s’entraîner… Donc on va profiter de ces derniers jours pour peaufiner les derniers réglages avant la course !

Derniers jours de ski avant le début de saison à Sölden.

A part la piste de course ce n’est pas très intéressant à Sölden, ce n’est pas raide du tout. Normalement on a la piste à côté qui est tout à l’ombre, et dès qu’ils mettent un peu d’eau ça devient bien glacé, mais cette année je crois qu’elle n’est pas prête, il n’y a pas assez de neige… »

Cette étape de Sölden intervient toujours très tôt dans la saison, est-il possible d’être vraiment prêt à l’attaque de cette première course ?

« C’est difficile d’être totalement prêt comme ça en début de saison, après on s’est bien entraîné, le stage à Ushuaïa nous permet d’arriver avec plus de certitudes que les deux dernières années ! En sachant que le niveau général sera sûrement un poil meilleur parce que tout le monde a pu bien se préparer. C’est compliqué de se situer par rapport aux autres et on a un peu plus la pression, cette course est un peu isolée, elle est très médiatisée parce que tout le monde a hâte que la saison reprenne, ce qui fait que c’est assez particulier. Mais, en vérité, je ne suis pas sûre qu’on soit moins prêts que pour les mois qui vont suivre, il faut simplement remettre la machine en route ! »

Sölden est un profil vraiment atypique dans la saison, peux-tu nous décrire cette piste ?

« C’est une piste hyper rectiligne ! On commence par trois, quatre portes sur le plat, après ça plonge un petit peu, on tourne sur la droite, et on entre dans le mur ! Chaque année il change un peu car le glacier bouge, mais généralement il y a une quinzaine de portes. C’est long et assez raide par rapport à ce qu’on a l’habitude de faire en Coupe du Monde. A partir de la huitième porte, il faut continuer de mettre de l’intention et essayer de ne pas trop se faire descendre pour garder de la vitesse ! Après ça, il faut encore bien gérer la transition pour avoir de la vitesse sur le plat du bas, parce que c’est impossible d’en recréer.

Sölden et son mur vertigineux.

Mais chaque année est vraiment différente en fonction de la préparation de la piste. Les deux dernières années, on avait une neige assez facile, pas trop glacée, contrairement à des fois où c’était bien plus extrême. Depuis 4, 5 ans, il y a quand même cinq secondes de moins par manche parce que le glacier recule de plus en plus, il n’y a plus que la piste et des cailloux à côté, ça a beaucoup fondu… Ils sont obligés de faire un « snow farming » l’été, c’est à dire qu’ils mettent une bâche sur la piste pour garder un maximum de neige, sinon il n’y aurait plus de glacier. Cette année, les températures ne permettront sans doute pas d’avoir un revêtement très glacé, le ski libre sur la piste la veille de la course nous donnera les dernières informations pour adapter l’affutage. »

Cette reprise est également l’occasion de retrouver toutes les personnes qui vont t’accompagner tout au long de la saison, que ce soit les athlètes des autres nations, les staffs…

« C’est clair que ça fait plaisir de revoir tout le monde ! On a pu en voir quelques-uns à Ushuaïa, d’autres à Val Senales, mais c’est aussi l’occasion de retrouver le public, l’ambiance de la course, c’est ça le plus sympa ! L’Autriche c’est la Mecque du ski, on n’a pas beaucoup de course là-bas en géant donc on en profite ! »

Clara Direz, Tessa Worley et Coralie Frasse-Sombet prêtes pour la reprise.

A titre plus personnel, tu restes sur ta meilleure saison en carrière avec une 11e place au classement du géant, quels sont tes objectifs pour cette nouvelle saison ?

« Je n’ai pas vraiment d’objectif chiffré. J’aimerais vraiment décrocher mon premier podium en Coupe du Monde, je vais essayer d’aller jouer devant à chaque course et de donner le maximum. Je sais qu’il y a des courses qui me conviendront plus que d’autres, donc à moi de tenter ma chance et de saisir les opportunités quand elles se présenteront. Sans me fixer de limites, ni de chiffres, j’aimerais être montée au moins une fois sur la boîte en fin de saison ! »

Avec forcément les mondiaux en France dans un coin de ta tête…

« Clairement ! J’ai vécu un super moment lors des finales l’année dernière, c’est hyper positif qu’on puisse avoir les championnats du monde à la maison. Ça va être une belle fête et je vais essayer de récupérer toute l’énergie du public, et des proches qui viendront nous voir pour faire une belle course ! »

Les filles seront en piste samedi sur le glacier du Rettenbach (1e manche à 10h – 2e manche à 13h), et les flèches tricolores emmenées par la tenante du globe de la spécialité Tessa Worley, tenteront de lancer de la meilleure des manières cette nouvelle saison. Dimanche, ce sera au tour des hommes de faire le spectacle dans la station autrichienne

Crédit image titre : AgenceZoom

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