À 31 ans et après 62 départs sur les pistes les plus exigeantes de la coupe du monde, Nicolas Raffort se lance un nouveau défi ! En effet, après une saison 2022 compliquée en descente, qu’il a terminé avec un seul petit point au compteur, le temps du changement était arrivé. Et comme des anciens coéquipiers, tel que François Place, c’est vers le skicross que Nicolas Raffort s’est tourné, avec pour objectif d’imiter la trajectoire de son compatriote, devenu champion du monde en 2019 ! Le haut savoyard revient avec nous sur cette transition express…
Avant de commencer la saison 2021-2022, tu savais ce que tu avais à faire pour rester dans le groupe vitesse en alpin, comment s’est passé la suite ?
Oui, ils me laissaient une saison pour faire mes preuves et revenir dans le top 30 en descente, mais cela s’est mal passé. J’ai connu des chutes, c’était un hiver vraiment compliqué, et au printemps ils m’ont confirmé que je ne serai pas conservé, que ce soit dans le groupe coupe d’Europe ou coupe du monde. A ce moment-là, soit j’essayais de continuer tout seul, soit je trouvais autre chose. A côté de ça à la fin de l’hiver j’avais fais les championnats de France de skicross aux Contamines, et ça m’avait bien plu ! Au même moment, Michel Lucatelli (nouvel entraîneur de l’équipe de France de skicross, ndlr) m’a contacté pour me proposer cette nouvelle organisation, et après un petit temps de réflexion c’est assez naturellement que je me suis lancé avec eux !
C’était la toute première fois que tu essayais cette discipline ?
Je suivais un peu à la télé, ça me plaisait, mais je n’avais jamais essayé ! Ces championnats de France ont confirmé cette idée et ça n’a pas été compliqué de choisir, je ne me voyais pas du tout arrêter, je n’avais pas encore fait le tour ! La discipline change mais l’esprit reste assez similaire.

Cette transition entraine forcément des changements majeurs, sur quels axes dois-tu principalement travailler ?
Le départ est le plus gros changement ! La porte de sortie n’est pas du tout la même, tu sors dans l’axe et tu ne peux pas faire de pas de patineurs. Il faut aussi avoir un bon temps de réaction au moment où la porte tombe, je n’y étais pas habitué. Ensuite ce sont les modules qui sont très techniques, ça ne ressemble pas du tout à l’alpin et c’est là que j’ai aussi dû beaucoup bosser, et que je dois encore bosser (rires) ! Mais les bases du ski restent les mêmes, je suis à l’aise à la glisse et dans les virages, et j’ai toujours aimé sauter et être en l’air. La grosse différence est d’avoir trois mecs autour de toi pendant la course, il faut savoir se situer parmi tous les skis et accepter que cela ne dépende pas que de toi. Au début, j’étais très focalisé sur les autres ce qui me faisait faire des erreurs, maintenant ça commence à aller mieux, il faut assimiler toutes ces nouvelles choses et prendre des repères !
As-tu connu des difficultés au moment de changer de matériel ?
Au niveau du matériel, Salomon a bien voulu continuer avec moi, on est sur des skis de géant, un peu moins rigides mais les cotes sont les mêmes, donc cela ne me change pas trop. J’avais un deal avec la fédé, je devais gérer ma propre prépa’, l’affutage, le fartage, pendant tout l’été et l’automne. Ça ne m’a pas fait de mal de réapprendre un peu tout le travail technique (rires). Maintenant quand je suis sur la coupe du monde ils la prennent en charge. Il y a moins de moyen qu’en alpin même si cela se développe pas mal, et on est nombreux dans le groupe. Michel (Lucatelli) a été cool parce qu’il m’a proposé ce deal et j’étais comme dans une formule « tout compris ». J’ai fait les entrainements, la préparation physique, les stages, les voyages, avec le groupe coupe du monde, donc cela m’a permis de ne pas repartir du début avec les comités, la coupe d’Europe… Il m’a fait sauter une grosse étape au démarrage.

Etre avec ce groupe expérimenté dès le début a dû être d’une grande aide pour prendre de bons repères et emmagasiner de l’expérience…
Toute l’équipe m’a de suite donné pas mal de conseils, dès que j’avais des questions ils étaient là pour me guider ! Les coachs ont aussi bien joué le jeu, avec l’idée que pour les mecs qui viennent de l’alpin ça fonctionne souvent bien et assez vite, donc on va voir ce que ça donne cet hiver. Même s’il va me falloir un petit temps d’adaptation je suis assez confiant !
Au niveau de l’effort physique, quelles sont les différences entre une journée de descente et une de skicross ?
Ça change pas mal surtout sur la récupération et la lucidité entre les runs. Avant je me préparais pour un run intense de deux minutes, et ensuite j’avais mon temps de récup’. Là il faut faire sa manche, certes qui est moins longue, mais savoir récupérer pour être capable d’en enchainer 5 ou 6 à quinze minutes d’intervalle ! À ça s’ajoute le stress donc il faut s’habituer et savoir gérer différemment, je réapprends un peu à m’alimenter et à bien m’hydrater entre chaque run pour faciliter la récupération.
Tu as donc du adapter ta préparation physique ?
La base reste la même, on fait pas mal de muscu et de cardio au début. Par contre, il y a toute la partie haut du corps et explosivité que j’ai vraiment dû travailler, et ou je pense avoir encore des lacunes. Pendant 10 ans j’ai fait de la descente, donc j’avais des fibres plus lentes, là ce sont des efforts très courts où il faut être vif, c’est pour ça que je ne suis pas encore au top pour m’éjecter des portes de départ (rires), mais ça va venir !
A peine arrivé et déjà lancé dans le grand bain, que retiens-tu de ce premier week-end en coupe du monde à Val Thorens ?
Ça s’est fait hyper vite ! J’ai dû aller faire les points en coupe d’Europe juste avant, c’est passé tout juste, et du coup ils m’ont lancé directement à Val Thorens. J’ai fait cette course en essayant de prendre un maximum d’expérience, parce qu’il y a beaucoup de choses que je ne connais pas. Le bilan est plutôt positif même si t’en veux toujours un peu plus ! Je sais que le ski est là, je dois simplement enchainer les runs à 4, m’habituer à la porte, à tous ces changements, mais je suis assez content de la première !
Quel sera le programme pour toi pour cette première saison ?
L’idée c’est de faire quasi toutes les coupes d’Europe pour viser le classement général, parce que comme en alpin les 3 premiers du général ont leur place nominative pour l’année d’après ! Et dès que je peux, essayer de faire des coupes du monde. On a 7 places par course, et on est 8 voire 10 dans le groupe, donc ça va se bagarrer, et à moi de saisir ma chance quand j’en aurai l’opportunité. Je ne suis pas en Suisse car tout se joue sur le départ (rires), mais je serai à San Candido en Italie pour la prochaine étape, ça me permet aussi de connaitre les pistes et les parcours de coupe du monde pour l’année prochaine !
Ce n’est pas trop dur de regarder les copains de la descente derrière la télé ?
Ça m’a piqué un peu à la première, mais ça n’avait vraiment pas l’air facile donc j’étais aussi bien devant la télé ! J’ai tout de suite été mis dans le bain du skicross donc je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir. Je n’ai aucun regret, maintenant je suis là-dedans et je vais y aller à fond, mais je vais continuer de les suivre du coin de l’œil !
Après une première qualif’ obtenue pour sa première course à Val Thorens, et une 23e place à l’arrivée, Nico sera à suivre lors de l’étape transalpine, les 21 et 22 décembre prochain ! Pour le reste, rendez-vous ce soir à Arosa en Suisse pour ce format sprint disputé en nocturne…