Malgré un Luka Dončić au four et au moulin en attaque et qui fait des efforts en défense, les Mavericks peinent à assoire leur position dans le top 4 de l’Ouest. Le prodige slovène doit-il changer sa manière de jouer ? Doit-il redoubler d’effort défensivement ? Ou la faute viendrait-elle du niveau de ses coéquipiers et, par cheminement, de son front office? Nous allons tenter d’y voir plus clair. (image : Kicker.de)
Luka en mode MVP
Incroyable, indéfendable, magicien, dominateur… les qualificatifs qui définissent le niveau de jeu actuel de Luka Dončić sont infinis. C’est peu dire que le Slovène porte la franchise des Mavericks sur ses épaules. Cela ressort jusque dans les statistiques. En effet, actuellement meilleur scoreur de la ligue, il affiche une ligne de stats hallucinante : 33,7 pts / 8,9 rbds / 8,8 ast à 50 % au tir et 35 % à 3 pts. Mais il est également le dépositaire quasi unique du jeu de Dallas. En atteste son taux d’usage qui est le plus élevé de la ligue avec 42,4 % mais également son taux de passes décisive de 43,7 % (seul Harden et Haliburton sont au-dessus). C’est bien simple, Luka marque plus d’un tiers des points de son équipe (37,5 % pour être précis). Mais le plus décourageant pour ses adversaires c’est que le meneur semble encore progressé sur son jeu offensif. Il va chercher plus de lancers-francs (Free Throw Rate de 50%, son plus haut taux en carrière), shoot de manière plus efficace (True Shooting de 60,8% soit un TS+ de 105) mais surtout, il a épuré son jeu en prenant moins de tirs extérieurs et se tournant beaucoup plus vers les drives.
Luka est donc dominant offensivement. Jusqu’ici rien de nouveau. Ce qui est plus surprenant est probablement ses progrès défensifs. Certes nous sommes encore loin du titre de Defensive Player Of The Year, mais le meneur des Mavs fait beaucoup plus d’effort et semble avoir compris que la réussite de son équipe passera également par son apport défensif qui devra être, a minima, non négatif. Avec ses 3,3 passes déviées par match, Dončić a tout simplement la 9e plus haute moyenne de passes déviées par match de toutes la NBA, devant des défenseurs référencés comme Jrue Holiday, Mikal Bridges ou encore Marcus Smart. Son taux de contre (0,8 %) fait d’ailleurs de lui un très bon contreur au poste de meneur (84e percentile) et ses 1,5 interceptions par match le classe 10e au classement des meilleurs intercepteurs de la ligue. Est-ce que cela veut dire que Luka est devenu un meilleur défenseur que les joueurs susnommés ? Bien sûr que non, d’autant plus que la possibilité de dévier des passes est très influencée par le type de défense proposée par l’équipe en question. De plus, la défense de Luka reste sur courant alternatif et si dans sa défense loin du ballon les progrès sont indéniables, il reste régulièrement ciblé sur les situations de pick and roll ou d’isolation, où les attaquants adverses profitent de son manque de latéralité et de mobilité pour le passer facilement sur des drives. Toutefois, cela atteste d’une chose : Luka met beaucoup plus d’entrain de ce côté du terrain et il n’est pas rare de le voir aller fournir des aides défensives ou couper des lignes de passe de manière plus autoritaire qu’auparavant.

Un manque de talent autour
Et si les qualités du meneur slovène étaient également responsable des maux de son équipe ? 29e équipe de la ligue au nombre de passes décisives par match, c’est peu dire que les Mavericks ne propose pas une bonne circulation du ballon. Et Luka Magic en est en partie responsable. Effectivement, à la vue de son efficacité sur la gestion de l’attaque, du P&R en particulier et sa capacité à apporter du danger, attirer les défenseurs pour ensuite distribuer le ballon au bon endroit au bon moment, il est compréhensible et même logique que Luka se retrouve avec le plus gros taux d’usage de la ligue. Quand on a un joueur aussi doué balle en main, on veut qu’il ait le plus possible le ballon. Oui mais c’est là que la différence entre la théorie et la pratique arrive. En effet, en gardant le ballon aussi longtemps dans les mains, compliqué pour des shooteurs de se mettre en rythme, eux qui doivent parfois conclure des attaque en ayant touché le ballon qu’au moment de leur tir. De plus, Jalen Brunson maintenant New-Yorkais, qui s’occupe de la création lorsque le meneur slovène est sur le banc pendant 10 minutes ? Qui sont les second et troisième initiateurs ?
Le nom qui nous vient en tête est évidemment celui de Spencer Dinwiddie. Et effectivement, Dinwiddie prend une part de cette responsabilité. Lui qui était étiqueté comme un scoreur soliste ses dernières années a d’ailleurs montré de belles choses à la création pour les autres cette saison. Le problème semble plutôt être les minutes où l’un des deux créateurs se retrouvent seuls sur le terrain. Que ce soit quand le Slovène est sur le banc, ou quand c’est au tour de l’ancien Wizard de se reposer, c’est à ce moment là que le manque d’un troisième larron, d’un joueur capable offensivement d’épauler Dončić ou Dinwiddie, se fait ressentir. Bien sûr, Tim Hardaway Jr et Christian Wood essayent d’endosser ce rôle, mais cela reste de la création sommaire et individuelle, et qui d’ailleurs les sort de leur rôle préférentiel : celui de finisseur. Si le front office veut aider ces Mavericks à passer à l’étape supérieur, la quête d’un porteur de balle supplémentaire semble être une première piste de réflexion, mais elle devra peut-être passer par un partage du ballon un peu plus grand de la part de Luka Dončić.

Une deuxième piste de réflexion peut se trouver de l’autre côté du terrain. Si nous avons fait l’éloge des efforts défensifs de Dončić, la défense globale des Mavericks est relativement médiocre cette saison. En effet, 6e meilleure défense de la ligue la saison dernière, les Mavericks ont, cette année, le 6e plus mauvais défensive rating de la ligue. Tout d’abord, la protection de cercle a toujours été un problème à Dallas, elle n’était pas meilleure la saison dernière avec Kristaps Porzingis à la place de Christian Wood. Toutefois, il est à noter que la baisse de niveau (et par conséquent, d’utilisation) de Dwight Powell et la blessure du défensivement assez sous-estimé Maxi Kleber n’aident vraiment pas l’équipe. Sur la défense du Point of Attack, là encore, les changements sont moindres dans le personnel. En effet, remplacer Brunson par Dinwiddie ne provoque pas de changement majeur, positivement ou négativement.
Sur la défense des ailes, le personnel théorique est là. Josh Green, Dorian Finney-Smith, Reggie Bullock etc. Bien que le dernier nommé ait clairement baissé de régime, ces joueurs sont les mêmes qui ont porté défensivement les Mavs dans le top 6 des meilleures défenses de la ligue. Mais si, avec un personnel sensiblement similaire, Dallas pointe désormais dans les bas fonds de la ligue en terme de défense, la responsabilité pourrait être incombée au coaching staff et particulièrement à Jason Kidd. Il est plus difficile pour nous d’analyser ce qui se dit lors des séances vidéos et des entrainements, mais il est clair que la défense collective des Mavericks n’est plus du tout la même (car oui, les Mavericks étaient 6e meilleure défense de la ligue en 2021-22 grâce à une bonne défense collective et non de grosses individualités). Et si aucun trade ne vient prêter main forte à cette effectif, il n’est pas impossible de voir l’ancien meneur star des Nets se retrouver à la porte cet été, notamment en cas de mauvais parcours en playoffs.
Comme souvent en NBA, il n’y a pas qu’un seul problème à résoudre dans une équipe et surtout, il n’y a rarement qu’une seule solution. Toutefois, aussi fort soit Luka Dončić, réduire son taux d’usage peut être une piste d’amélioration afin de diversifier le jeu de son équipe, à l’instar d’un Jayson Tatum chez les Celtics. Le front office doit également remplir sa part du marché en ramenant au prodige slovène du talent supplémentaire capable d’apporter plus de danger offensivement et éviter que les adversaires n’aient à défendre que sur un seul joueur. Enfin, le coaching staff a également sa part de responsabilité et doit être capable de faire revenir Dallas dans la première moitié du classement des meilleures défenses de la ligue.