MMA

Bo Nickal, la nouvelle poule aux œufs d’or de Dana White ?

Plus de six mois après sa victoire aux Contender Series qui lui a obtenu un contrat, Bo Nickal va faire ses débuts officiels dans l’octogone, dans la nuit du 4 au 5 mars. Ayant pris part à trois petits combats professionnels, le combattant de 27 ans intrigue beaucoup. Pourquoi suscite-t-il cet engouement ? Quels plans imaginer pour lui ?

Une carrière universitaire riche

Bo Nickal est un enfant de la lutte. Né dans le Colorado, il déménagera dans le Wyoming, où il commencera la lutte à 6 ans, puis déménagera de nombreuses autre fois au cours de son adolescence. Son dernier déménagement au Texas lui ouvrira les portes à une compétition plus rude, plus sérieuse, qu’il survolera. Trois fois champion inter-états, à 17 ans il participera également aux championnats du monde cadet, en lutte freestyle, où il finira à la cinquième place. Il rentre à l’université en étant classé 9ème meilleur lutteur du pays.

Année après année, il gravira les échelons et multipliera les séries de victoires. Sa première notable? 18 combats sans défaite, qui lui octroiera le titre éphémère de « meilleur lutteur du pays ». Il tente également de rejoindre l’équipe nationale américaine junior, en vain la première fois, en 2016. C’est deux ans après qu’on mettra vraiment du respect sur son nom : invaincu en saison régulière, il remporte le tournoi NCAA, offre le titre à Penn State (sa fac) et remporte deux prestigieux titres individuels. MVP de la saison, il est également récompensé du Schalles Award, récompensant le lutteur qui a réalisé le plus de « tombés ». Il confirme tous ces espoirs et réalise une saison d’autant plus folle en 2019 où il est élu « meilleur athlète masculin du Big-10 ».

La confirmation internationale

Après ce parcours auréolé de succès, notre Bo décide de passer à la vitesse supérieure, et se concentre plus que jamais sur un objectif évoqué plus tôt : la convocation en équipe nationale, qui pourrait devenir synonyme de qualification aux Jeux olympiques. On est à un an (en réalité deux) des prochains, qui se tiennent à Tokyo. Son deuxième essai de l’année lui ouvre les portes des championnats du monde. En terres hongroises, Bo Nickal remporte l’or, battant au passage l’Azéri Shamil Zubairov (le champion sortant) et le champion de Russie en finale, Batyrbek Tsakulov.

L’objectif JO n’est plus très loin, et à quelques mois de leurs débuts, le voilà opposé aux meilleurs athlètes du pays dans les « trials ». Il passe facilement les premiers tours et se retrouve à un petit combat de faire partie de l’équipe nationale américaine. Opposé à David Taylor, son super copain de Penn State et champion du monde 2018, il perdra la finale et sa place pour les Jeux olympiques. Goût d’inachevé, mais reconnaissance immense de ses pairs, notamment de Taylor qui remporte l’or et souligne l’importance de Nickal dans sa quête du graal.

Transition réussie en MMA

Une nouvelle fois, Bo a fait le tour. Malgré cet échec l’objectif JO, le lutteur américain reste un des meilleurs du monde dans son domaine. Conscient de ça, il préparait une transition pour le monde du MMA, s’associant même à Dan Lambert pour ouvrir une salle d’entraînement de l’American Top Team en Pennsylvanie. Et après sa tentative de qualifications pour ces fameux Jeux olympiques, il n’a pas attendu longtemps pour démarrer en amateur. Son premier combat de MMA se solde par une première victoire sur une soumission au premier round, absolument écrasante sur David Conley. Moins de deux mois après, en novembre 2021, nouvelle victime. Billy Goode, son adversaire de la soirée, se fait connecter par un coup de poing et il s’endort, au premier round.

Là, ça devient sérieux. Et ses débuts professionnels en MMA ne s’effectuent qu’en juin 2022, chez la toute nouvelle promotion de MMA de Jorge Masvidal, en partenariat avec l’UFC (évidemment). Exposition XXL pour l’Allen Assassin, qui affronte un père de famille, Johnny Nolland, qui fait ses débuts à 36 ans. Certes l’opposition est faible, mais l’Américain de 26 ans se mue en vrai striker et inflige un nouveau KO surréaliste, mettant la foule dans sa poche. La hype ne s’arrête pas là puisque Dana White décide de l’inviter aux Contender Series avec un bilan de… 1-0.

Le chouchou de Dana

Deux mois après, le voilà booké pour un épisode des Contender Series, où il combat en poids moyens contre Zach Borrego (3-0), du même âge et qui cartonne au Fury FC. Le Dragon rate le poids, mais reste le meilleur adversaire que Bo ait affronté dans sa courte carrière professionnelle. C’est pas quelque chose qui semble impacter l’ancien MVP universitaire, qui rentre un takedown en 5 secondes, puis finit le combat sur un étranglement arrière en moins d’une minute. Dana est impressionné, mais repousse l’échéance à cause du manque de combats professionnels sur le papier. Un petit mois après, il revient aux Contender Series, cette fois-ci contre Donovan Beard (7-1), vétéran qui sillonne l’Amérique et ses petites fédérations, et qui ne se débrouille pas trop mal. Et une fois n’est pas coutume, Bo s’en fout et soumet « Highlight Reel » grâce à un superbe triangle.

C’en est trop, Dana succombe réellement à la hype Bo Nickal, qui est plébiscité par pas mal de ses pairs, dont Masvidal (évidemment), sans compter un autre passage « simultané » sur le Fight Pass, mais en grappling. S’il a mis du temps à monter dans la hiérarchie durant ses années de lutte, ce n’est absolument pas le cas des arts martiaux mixtes puisqu’il n’a fallu qu’un an de pratique pour qu’il intègre la plus grande promotion de l’histoire. Alors il est légitime de se demander si c’est un prospect intergénérationnel, ou s’il est peut-être lancé dans le bain bien trop tôt.

Que penser de Bo ?

Il est certain que Bo Nickal a un niveau taillé pour les plus grandes promotions. On a vu tellement de lutteurs hors du commun (Danier Cormier, Khabib Nurmagomedov, Henry Cejudo pour ne citer qu’eux) réussir leur transition au MMA et Bo a clairement les atouts pour performer dans l’octogone. On l’a aussi vu très explosif, très puissant et très doué en striking, et son temps de cage cumulé en pro n’excède pas les 2 minutes. Mieux encore, il n’a pas concédé la moindre frappe significative lors de son dernier combat. Et en plus de son talent dans la cage, il a une grande gueule. Dès la fin de son combat, il provoque Khamzat Chimaev, au parcours assez similaire en termes de précocité.

Mais Dana n’a pas fait tout ça sans réfléchir. D’une main, il balaya les espoirs d’un Nickal v. Chimaev puis avait arrangé un combat contre un autre concurrent des Contender Series, Jamie Pickett (34 ans, 13-8 et 2-4 à l’UFC) qui aurait dû avoir lieu en décembre 2022. Mais une blessure mineure pour Bo a repoussé l’échéance et le combat a été déplacé à dimanche 5 mars. Son apparition sur la main-card fait parler et pour cause : avec ses 3 petits combats professionnels, il bénéficie d’une chance auquel le plus grand nombre du roster n’a pas droit…

Alors que penser du nouveau phénomène de l’UFC ? Même avec tous ces éléments, il est difficile de se prononcer. Malgré ses débuts précoces, il n’arrive pas non plus par hasard. Et ce combat contre Jamie Pickett sera la meilleure des réponses. Malgré son bilan assez moyen, il est très expérimenté et a signé 9 de ses 13 victoires avant la limite. De plus, il est ceinture marron de jiu-jitsu brésilien et sa polyvalence peut également représenter un danger pour l’Allen Assassin. Néanmoins, Bo Nickal semble être bien plus affamé qu’on ne l’a jamais vu, et on espère pour lui que ce combat ne sera qu’une formalité et que son ascension vers les sommets est programmée, ça le ravira… et ça ravira Dana aussi.

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