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Ils font briller la Pro D2 (4/4)

Lydon Timo Hamel Gorrissen

Bien sûr, le Top 14, autoproclamé « meilleur championnat du monde », attire la lumière. Sa petite sœur, la Pro D2, fait pourtant le bonheur des amateurs de rugby. Longtemps synonyme de jeu restrictif et de repaire à vieux grognards, elle est aujourd’hui passionnante et plus ouverte que jamais. Surtout, elle s’affirme comme une pépinière de talents. Zoom sur certains d’entre eux. Pour la dernière étape, cap vers le nord.

Étapes précédentes :
Grenoble, Oyonnax, Aurillac et Soyaux-Angoulême
Colomiers, Carcassonne, Béziers et Provence Rugby
Biarritz, Mont-de-Marsan, Agen et Montauban

Vannes : Francisco Gorrissen, l’infatigable

Lorsque Francico Gorrissen pose ses bagages dans le Morbihan, en octobre 2021, l’on ne se doute pas qu’il sera nommé capitaine du RC Vannes moins d’un an plus tard. Arrivé pour pallier les nombreuses blessures qui touchent la troisième ligne bretonne, le Puma est recruté sur les conseils de Rodrigo Bruni, son ancien coéquipier aux Jaguares. Car oui, Gorrissen a fait partie de l’aventure Super Rugby avec la franchise argentine. Il a disputé huit rencontres, malgré la concurrence dudit Bruni, et de Matera, Kremer ou Petti, aujourd’hui bien connus dans l’Hexagone. Convoqué par Mario Ledesma, il a ainsi honoré trois sélections entre décembre 2019 et octobre 2020. Leader par l’exemple, Francisco Gorrissen s’est vite rendu indispensable au RCV et son contrat, qui s’étendait jusqu’en juin 2022, a été étendu d’une saison.

C’est donc avec les galons de capitaine que Gorrissen a entamé sa deuxième saison en Bretagne. À 28 ans, et alors qu’il maîtrise avec brio la langue de Molière, le flanker donne la pleine mesure de ses capacités. Joueur protéiforme, il complète les profils plus spécifiques du puissant Joe Edwards et de l’aérien Grégoire Bazin, quand il n’est pas associé à son compatriote Pedemonte ou à l’expérimenté Karl Chateau. Capitaine de touche, plaqueur, gratteur, porteur de ballon, Francisco Gorrissen épate par son dynamisme et son activité. Mais cette débauche d’énergie ne saurait éreinter celui qui, entre novembre 2021 et décembre 2022 a joué 34 matchs sans en manquer un seul. Sous le maillot vannetais, il comptabilise 43 apparitions dont 38 comme titulaire, pour un temps de jeu total de 3 136 minutes soit.. 73 par match ! Tout simplement inoxydable.

Rouen : Peter Lydon, le Hollandais normand

Bien parti pour accrocher encore une fois son maintien, au terme d’une saison traversée dans le ventre mou de la Pro D2, le Rouen Normandie Rugby s’appuie sur un collectif soudé davantage que sur une somme d’individualités. Néanmoins, certains talents tirent leur épingle du jeu. On pense au bulldozer Mapapalangi, aux centres Jackson et Gontineac ou encore à l’insaisissable Paul Surano. Derrière tous ces joueurs, il y a le dernier rempart, le n°15. Un rôle parfois dévolu à Surano, plus souvent à Peter Lydon. Depuis qu’il a débarqué en Normandie, l’Irlandais est indiscutable et indiscuté. Passé par le Stade français en 2013-14, il avait dû se contenter d’une entrée en jeu en Top 14 et du Challenge européen. C’est en D2 anglaise qu’il a pris de la bouteille et qu’il a été repéré par Richard Hill.

C’est donc sous la férule du manager anglais que Lydon a fait ses premiers pas à Rouen, à l’été 2020. Et si le club normand n’a guère navigué, depuis lors, dans les eaux troubles, il le doit en partie à son artificier. Épatant de régularité, le jeune trentenaire n’a pas son pareil pour gagner du terrain à la force de son pied gauche. Du fond du terrain ou en position d’ouvreur, il soulage son équipe en renvoyant l’adversaire dans son camp. Dans le jeu courant comme dans l’exercice du but, il est précis et puissant. Et l’on ne saurait le réduire à son pied, tant il est capable d’inspirations ballon en main et tant il est rassurant dans le secteur aérien. Un profil complet qui sied bien à la sélection néerlandaise, avec laquelle il a reçu sa première cape en novembre 2022, en compagnie notamment du Montois Willie du Plessis. Né à La Haye de parents irlandais, Peter Lydon a grandi aux Pays-Bas jusqu’à ses cinq ans.

Massy : Andy Timo, on l’appelle l’ovni

À voir Andy Timo fouler un terrain de rugby, on se dit qu’un tel cocktail de puissance et de vélocité ne court pas les rues. Alors on n’est pas vraiment surpris quand on apprend, par notre voisin de main courante ou en consultant notre smartphone, que le gamin est formé à Massy. Le club qui a façonné, entre autres, Sekou Macalou et Cameron Woki. Par ses qualités athlétiques et son activité débordante, Timo rappelle d’ailleurs Woki au même âge. Né en Martinique, le jeune Andy a touché ses premiers ballons à l’occasion d’une initiation scolaire menée par Hugues Mercier, éducateur du RCME. Licencié au club depuis lors, l’athlète est devenu double champion d’Europe U18 à VII et vainqueur du Tournoi des 6 Nations U18 à XV. Car même si sa préférence va au jeu à quinze, Andy Timo a les aptitudes d’un septiste.

Sélectionné par Sébastien Calvet pour participer au Six Nations U20 – il aurait pu faire équipe avec le Massicois Yerim Fall, désormais à l’ASM – Timo a finalement traversé l’Atlantique avec France 7 pour participer à la sixième étape du circuit mondial, qui se déroulait à Los Angeles et Vancouver. Il espère réintégrer le groupe des Bleuets pour la Coupe du monde, qui aura lieu du 24 juin au 14 juillet au Cap, en Afrique du Sud. En attendant, le polyvalent troisième ligne (1,91 m, 95 kg) doit grappiller du temps de jeu en Pro D2, alors que l’opération maintien de Massy est mal embarquée. Capable de couvrir beaucoup de terrain et de défendre les grands espaces, le Martiniquais doit encore acquérir la rigueur et la précision exigées dans les phases de conquête. On parle d’un joueur de 18 ans…

Nevers : Issam Hamel, le goût du travail

Certes, il n’affole pas autant les compteurs que la saison dernière. Avec 11 essais, Issam Hamel était l’un des meilleurs marqueurs de Pro D2, aux côtés de trois-quarts comme Léo Coly ou Karim Qadiri. Souvent à la conclusion des groupés pénétrants nivernais, le talonneur marque moins (3 essais dont un en 2023) mais, à défaut de franchir la ligne, il est un joueur de plus en plus fiable. Présent sur 20 feuilles de match, 15 fois comme titulaire, il est un élément moteur du pack de l’USON, à l’instar de Luka Plataret. Le staff sait qu’il a trouvé, en l’international algérien (6 sélections), un jeune talonneur propre sur les fondamentaux du poste. À 25 ans, Hamel (1,80 m, 103 kg) est déjà un leader vocal sur le pré et dans les vestiaires, où il fait montre de son sérieux et sa détermination.

Demi-finaliste de Pro D2 en 2022, Issam Hamel espère regoûter aux phases finales avec l’USON, avant de partir pour Brive.

Formé à Bourgoin-Jallieu, l’Isérois a eu l’opportunité, alors que le CSBJ évoluait en Fédérale 1, de rejoindre le Racing 92. Il y a terminé sa formation, plus souvent avec les Espoirs qu’avec le groupe pro (deux matchs de Top 14 en deux ans). Toutefois, c’est au sein du club francilien qu’il a progressé sur les phases statiques. Avec l’aide de Dimitri Szarzewski, il est devenu un talon puissant en mêlée fermée et régulier au lancer. Mais il n’avait pas la dimension physique de Camille Chat ou Teddy Baubigny, et n’a pas pu, ou su, bousculer la hiérarchie. En vertu des bonnes relations qu’entretiennent les deux clubs, Issam Hamel a rallié Nevers, où il a vite trouvé sa place. D’abord en concurrence avec Janick Tarrit, il a vu ce dernier partir pour… le Racing 92. Aujourd’hui, devant l’international samoan Elia Elia, c’est bien Hamel le patron.

Ainsi s’achève cette série sur les figures de Pro D2. On espère que vous aurez découvert quelques joueurs, jeunes talents ou vieux briscards. Que vous serez tentés de regarder les matchs de certaines équipes, bastions historiques du ballon ovale ou nouveaux venus dans le paysage. Et surtout de suivre ce championnat aussi plaisant que palpitant.

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