Site icon Café Crème Sport

Profil NBA Draft 2023 : Emoni Bates, le prodige tombé en disgrâce

Événements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. Alors que la March Madness, comme à son habitude, réserve son lot de surprise, la draft NBA 2023 est la nouvelle date importante pour les prospects de NCAA, G-League, OTE et FIBA. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.

EMONI BATES

Source : Juhun Han / USA TODAY NETWORK

Date de naissance : 28 janvier 2004 – Classe : Junior

Université : Eastern Michigan Eagles (MAC) – Bilan 2022/2023 : 8v/23d

Poste : Ailier

Mensurations
Taille : 206 cm – Poids : 86 kg – Envergure : 201 cm

Statistiques saison
30 matchs joués // 19,2 pts // 5,8 rebs // 1,4 asts // 0,7 stls // 0,5 blks
33,8 minutes jouées/match // 40,5% FG // 33% 3pts // 78,2% FT // 2,5 Tov // 2,3 PF

PROFIL

CONTEXTE PERSONNEL & COLLECTIF
Reconnu comme l’un des meilleurs espoirs de sa génération, Emoni Bates voit sa réputation se détériorer depuis son entrée précoce en NCAA. Celui qui devait atteindre les cimes de la NBA voit, pour l’instant, ses débuts de carrière être réduit à l’état d’étoile filante. Originaire d’Ann Arbor dans la célèbre Université de Michigan, Emoni Bates bénéficie de l’accompagnement de son père, EJ Bates, ancien joueur professionnel en Allemagne et en Suisse. Un bénéfice paternel qui semble s’inverser au fur et à mesure qu’Emoni montre ses talents avec la balle orange.

Son ascension est vertigineuse, débarquant sur les radars des scouts dès 2016 et enchaînant les cartons offensifs face à des joueurs plus âgés sur le circuit AAU. Dès 2018, l’étiquette de “prodige” se colle sur les épaules d’Emoni Bates dès sa première saison de high school où il affiche des moyennes de 28,5 points et 10,2 rebonds par match. Un statut confirmé en force par son apparition en couverture du célèbre magazine Sports Illustrated le 4 novembre 2019, au début de sa seconde saison lycéenne :

Un honneur vertigineux pour ce jeune garçon âgé de seulement 15 ans. Malgré cette pression, Emoni Bates continu d’éblouir avec une moyenne de 32,3 points par rencontre et des performances offensives hallucinantes match après match. Il remporte également de nombreuses distinctions individuelles comme le Gotorade National Player of the Year, devenant le premier sophomore à remporter ce prix. C’est à la fin de cette seconde année de high school que la réputation se dégrade.

Pour son année junior, Emoni Bates décide d’être transféré à la Ypsi Prep Academy, une école préparatoire créée de toutes pièces par… son père. L’idée du projet est double : profiter de la hype autour de son fils pour construire une institution sportive et médiatique, et offrir à son fils une équipe entièrement dédiée à le mettre en lumière. Même si Emoni Bates maintient un niveau au-dessus de la moyenne, ce dispositif personnifié fait un peu retomber l’engouement autour du joueur.

Alors qu’il était reconnu comme l’espoir n°1 du pays toutes classes confondues, cette saison junior l’a fait reculé dans les classements des sites spécialisés comme ESPN, Rivals ou 247Sports. Durant l’été 2020, Emoni Bates annonce qu’il s’engage à entrer dans le basket universitaire. Le choix de son programme sera un mélodrame : Bates signale qu’il rejoint l’Université de Michigan avant de quitter le programme et de s’engager en 2021 avec celle de Memphis qui vient de recruter son ami Jalen Duren et nommer Penny Hardaway comme entraîneur en chef.

Âgé de seulement 17 ans, Emoni Bates débute la saison 2021-2022 en étant le plus jeune joueur universitaire du pays. Une saison décevante où la personnalité du jeune garçon se révèle ainsi que les lacunes de son jeu. C’est le cas notamment lorsque Penny Hardaway le place au poste de meneur en cours de saison. En raison d’une blessure au bras et aux doigts, Emoni Bates rate 15 rencontres et termine avec de très décevantes moyennes : 9,7 points, 3,3 rebonds et un terrible 38,6% au tir. Il décide alors de se mettre sur le marché des transferts universitaires. Retour aux sources pour Bates qui choisit le petit programme d’Eastern Michigan. Honnêtement, personne ne l’avait vu venir. Tout ressemble à un projet de la Ypsi Prep Academy 2.0 où tout est organisé pour le mettre en avant. Encore une fois, le pari est osé et se révèle difficile pour le jeune joueur. Pour aggraver encore un peu le tableau, Emoni Bates est suspendu par l’équipe avant le début de la saison pour avoir été arrêté avec une arme à feu.

Malgré quelques performances remarquables, Emoni Bates n’a pas réussi à retrouver de sa superbe. De n°1 incontestable, il est passé à un joueur à l’environnement instable pouvant espérer être choisi en fin de premier tour. Et encore, si une franchise NBA veut bien miser sur une rédemption de ce prodige déchu.

DESCRIPTION DU JOUEUR

Si la partie biographie d’Emoni Bates est déjà bien remplie, pour le meilleur et pour le pire, recentrons-nous sur le parquet en commençons par le physique du natif d’Ann Arbor. L’impression visuelle laissée par Bates depuis ses plus jeunes années est celle d’un bon athlète filiforme. En revanche, dès son arrivée à l’Université de Memphis, les premières mesures effectuées ont révélé une lacune fâcheuse voire inquiétante pour de nombreux scouts : Emoni Bates possède une envergure dite “négative” c’est-à-dire inférieure à sa taille. Cette particularité physique peut faire office de red flag pour certains recruteurs, notamment dans un basket moderne où la longueur rime avec défense et polyvalence. Son manque de densité physique, seulement 86 kilos pour 2 mètres 06, fragilise la diversité de son jeu et handicape sévèrement ses capacités au rebond. Pour le reste, Emoni Bates reste un joueur athlétique et mobile avec surtout une grande fluidité des hanches.

Commençons par LA qualité qui a valu à Emoni Bates d’être surnommé le “Next KD” : sa capacité à marquer. En 1v1, l’ailier des Eagles a montré durant toute sa jeune carrière des qualités absolument incroyables. Bates est un marqueur exceptionnel sur pull up avec plus de 6,5 points par match sur ses tirs en sortie de dribble. Remarquable pour trouver une solution dans les petits espaces, Emoni Bates est capable de créer son propre tir facilement. Cette création pour lui-même, Bates est capable de l’utiliser dans de nombreuses zones du terrain, en particulier à mi-distance dans les corners, mais aussi à 3pts en sortie d’écran. Vers la gauche ou vers la droite, Bates a montré qu’il était capable de peu d’espace pour lancer une flèche longue distance grâce à une mécanique rapide et un follow trough stable.

Adorateur de l’isolation et du style “playground”, Emoni Bates est clairement capable d’enflammer une salle et une défense en quelques instants : son moment de la saison est directement lié à cela avec ses 29 points consécutifs en première mi-temps contre Toledo le 24 janvier. Bates est doté d’une palette au scoring très rare et très développée avec peu de lacunes techniques. De toutes les zones, à n’importe quel moment, il peut trouver une solution, seul. Bates maîtrise le step-back, notamment sur sa gauche, et a montré de belles qualités sur ses drives main droite avec un joli touché plutôt efficace. Ajoutons à cela une confiance absolue, peut-être trop, dans sa réussite et vous obtenez la définition même du pur scoreur incandescent. Mais en dehors du scoring, que vaut Emoni Bates ?

Telle est la question. Si les différents contextes collectifs des trois dernières années n’ont clairement pas été optimaux pour lui, Emoni Bates nous a quand même montré trop d’incertitudes sur certains secteurs sur lesquels il était attendu. Commençons par le physique où son manque de force évident l’empêche de créer une séparation physique claire lorsqu’il approche du cercle. Son premier pas est douteux et sa capacité à finir près du cercle est très limitée pour le moment avec un petit 56,3% de réussite au panier cette saison. Son footwork est loin d’être optimal et lorsqu’il arrive (rarement) à créer une séparation, son aventure vers le cercle tourne souvent au fiasco. Ajoutons un manque de détente verticale délicat et un physique peu dense, et vous obtenez un joueur qui ne peut quasiment pas finir à travers le contact.

Parlons d’un autre point crucial qui conditionnera l’évolution de la carrière d’Emoni Bates : son playmaking. L’expérience à Memphis sous les ordres de Penny Hardaway et son positionnement en meneur a exposé les lacunes d’Emoni Bates dans ce domaine. Pour sa décharge, occuper un poste qu’il n’a jamais occupé à seulement 17 ans, ce n’était probablement pas l’idée du siècle. Il n’en demeure pas moins que pour sa seconde année, Emoni Bates n’a pas montré de réels progrès. Comme de nombreux scoreurs exclusifs, Bates possède une vision tunnel préjudiciable, notamment sur ses drives avec une nécessité hallucinante et souvent frustrante de vouloir tirer à chaque instant. Emoni Bates a obtenu le plus haut pourcentage d’usage de sa conférence cette saison avec 31,1%. Avec autant de ballons entre ses mains, Bates affiche un AST% famélique de 9,2% qui se traduit en statistiques brutes par seulement 1,4 passes décisives par rencontre. Ajoutez à cela un TOV% de 12,2% soit 2,5 pertes de balles par match et vous obtenez un joueur avec une capacité de décision plus que discutable. Habitué à trop vouloir marquer, et marquer facilement comme au lycée, Emoni Bates a tendance à trop tirer et à trop dribbler. Une exagération qui devra être gommée pour son futur en NBA.

Enfin, la défense. Un autre secteur défaillant pour Emoni Bates jusqu’à présent. Il semble avoir les outils, mais son investissement est clairement discutable voire désinvolte. Sur les séquences off-ball, Bates est trop souvent en retard, en décalage, laissant tout un schéma collectif devenir inefficace. Ses lacunes physiques l’empêchent d’être un rempart efficace sur les drives. On retrouve ici encore un manque d’explosivité dans ses premiers pas qui lui font encaisser de sérieux écarts dans les situations de défense on-ball. L’activité des mains est discutable et ne compense pas, de fait, son manque d’envergure. Le tableau défensif affiché par Emoni Bates est loin d’être reluisant mais il ne peut que s’améliorer.

✔️ FORCES

FAIBLESSES

📈 SWING SKILL

PRÉDICTION DRAFT 2023

Fin de second tour : Places 25-35

Equipes potentiellement intéressées : Sacramento Kings, Indiana Pacers, Utah Jazz

Le talent offensif et le potentiel d’Emoni Bates pourraient pleinement séduire des équipes à la recherche de talent pur ou de complément factuel à leurs effectifs. Si les Kings réalisent une saison 2022-2023 de très grande qualité, réussir à mettre la main sur un joueur comme Emoni Bates pourrait aider l’équipe à gagner en profondeur et en talent sur le poste 3. Harrison Barnes fait toujours un très bon travail mais Bates peut apporter d’autres options sur l’aile, peut-être en sortie de banc. Les Pacers et le Jazz ne devraient pas hésiter à tenter le pari Bates aux alentours de la 25ème place. Ce scoreur naturel trouverait des contextes idéaux dans ces franchises qui semblent avoir le temps d’être patientes avec lui. Deux équipes qui ne possèdent pas d’ailier titulaire affirmé et pourraient ainsi proposer un bon temps de jeu à Bates.

TIER DU CCS :  Tier « Starter/6ème homme »

Emoni Bates ressemble à un choix risqué mais qui peut rapporter très gros si jamais son attitude parvient à être canalisée par un contexte NBA. Une donnée non négligeable doublée par des lacunes évidentes dans des domaines hautement importants au sein du jeu moderne : manque de playmaking, d’implication défensive, de force physique… Autant de secteurs qui se développeront en débloquant une seule chose : la maturité. Au-delà de ces doutes justifiés, le talent offensif d’Emoni Bates est trop important pour qu’il soit placé au ban des jeunes prospects à haut potentiel. Sa domination en high school ne doit pas être oubliée mais ne doit pas non plus être le seul angle d’analyse. Bates peut encore et toujours devenir le joueur qu’on attendait, mais aujourd’hui, tout dépend uniquement de lui.

*Tiers du CCS, explications. Il est très difficile d’estimer le devenir d’un prospect. Pour embrasser au mieux le potentiel de ces jeunes joueurs, le CCS vous propose une hiérarchisation par « tiers », ou « groupes à potentiel ».
Groupe 1 : Tier « Franchise Player », joueur qui peut devenir le leader d’une équipe compétitive.
Groupe 2 : Tier « Calibre All-Star », facile à deviner, le prospect à le potentiel pour devenir un All Star.
Groupe 3 : Tier « Starter/6ème homme », rôle player important ou leader de la second unit.
Groupe 4 : Tier « Rotation importante », 8ème ou 9ème, toujours précieux avec un rôle défini.
Groupe 5 : Tier « Fin de rotation », 10ème ou 12ème homme avec peu de minutes, un plafond limité mais pouvant rendre de précieux services.
Groupe 6 : Tier « G-League/2Way », pour eux, il faudra se battre pour espérer avoir un avenir en NBAmais tout reste possible pour les éclosions tardives. 

Retrouvez tous nos profils de la Draft NBA 2023 ici !

Tier « Franchise Player »

Tier « Calibre All-Star »

Amen Thompson

Tier « Starter/6ème homme »

Jett Howard

Tier « Rotation importante »

Tier « Fin de rotation »

Tier « G-League/2Way »

Quitter la version mobile