Récemment libre de tout contrat après sa séparation ultra-médiatique avec l’UFC, Francis Ngannou (36 ans) est ciblé par différentes organisations. Le Predator, qui rêve de boxe, de Tyson Fury ou encore de Deontay Wilder, n’oublie pas pour autant ce qui l’a rendu si célèbre et redouté : le MMA. La Professional Fighters League, le PFL, lui fait par exemple les yeux doux. Quels adversaires le camerounais peut affronter ? Voici le détail du top 4.
Invité récemment dans le podcast du journaliste Ariel Helwani, Francis Ngannou a été une nouvelle fois lui-même. Franc, sans retenue sur les sujets proposés. Parmi eux, cette question qui commence à traîner en longueur : de quoi sera fait son avenir ? Depuis le 15 janvier, et l’officialisation de la séparation avec l’UFC, c’est le calme plat – ou presque. Des rumeurs, mais rien de concret. Il a fallu attendre deux mois pour avoir un indice important quant à l’avenir de l’un des poids lourds les plus impressionnants de l’histoire récente des arts martiaux mixtes.
« J’ai eu de sérieuses conversations avec la PFL. Et aussi avec le ONE Championship. Je n’en ai pas vraiment eu avec le Bellator, mais il n’y a pas d’urgence puisque mon premier combat doit être un combat de boxe, c’est donc là que je me concentre pour l’instant. »
Francis Ngannou à The MMA Hour
Si la boxe reste la priorité à court terme, impossible pour Francis Ngannou de considérer un avenir loin du MMA. Quel est donc le niveau des poids lourds qu’il pourrait rencontrer si les discussions vont à leur terme avec le PFL, qui s’est récemment signalé en signant le sulfureux youtuber-boxeur Jake Paul ?
#4 – Bruno CAPPELOZZA – 15 victoires, 6 défaites
Le striker d’élite. Ancien light heavyweight, devenu poids lourd référencé après un ring rust de trois ans, Bruno Cappelozza semble avoir trouvé sa catégorie. Absent de l’octogone entre 2018 et 2021, le Brésilien a enchaîné depuis son retour et sa transition une série de cinq victoires consécutives face à des adversaires de renom, qui seront évoqués plus tard. Le membre du Corinthians MMA est une terreur en striking et en boxe. 14 de ses 15 succès se sont terminés avant la limite, et tous par K.O. Habitué des exécutions rapides, Cappelozza a remporté 9 de ses 15 victoires avant même la fin du premier round…
À 33 ans, Bruno Cappelozza est un combattant qui a encore de l’avenir. Vainqueur du titre des poids lourds en 2021 face à Ante Delija (voir vidéo ci-dessous), le Brésilien a montré qu’il avait le cardio pour maintenir du danger face à un combattant que l’on pourrait penser plus durable de prime abord.
Au-delà de son striking destructeur, le Brésilien dispose de vraies compétences martiales. Vif, il peut sprawler, marquer des transitions au sol pour récupérer la position haute et ainsi asséner un violent ground and pound. En effet, sa carte et son bilan peuvent fausser l’image que l’on peut se faire du combattant. Non, Cappelozza n’est pas un striker unique.
En revanche, difficile d’imaginer un profil comme le sien déranger Francis Ngannou en striking, en lutte ou en clinch, tant que le Camerounais impose une puissance supérieure à la sienne. Difficile aussi de l’imaginer avancer vers l’avant comme il a l’habitude de le faire, avec les qualités de contre de Francis Ngannou. Alistair Overeem s’en souvient encore.
#3 – Renan FERREIRA – 9 victoires, 3 défaites
“Problema”. Le surnom qu’il s’est donné est représentatif de ce qu’il inspire. Les problèmes. Renan Ferreira est aussi brésilien mais à l’inverse de son prédécesseur, c’est un poids lourd naturel. Pire encore, c’est un colosse. 2,03 m, 117 kg sur la balance, il n’y a que le russe Alexander Volkov qui peut se rapprocher d’un tel morphotype chez les poids lourds. Sa silhouette ressemble à celle d’un Jailton Almeida qui s’exprime à l’UFC, avec une taille et un gabarit encore plus imposant. Ferreira a derrière lui une hype certaine, quelque peu entachée après un violent revers lors de son dernier combat face à Ante Delija lors du lancement des playoffs du PFL. Mis K.O debout par le croate à la fin du premier round, Ferreira a connu un premier frein dans son ascension fulgurante.
Son physique extraordinaire fait partie de ses grands points forts. Son poids, sa taille, mais aussi son allonge de 218 cm, supérieure à celle d’un… Francis Ngannou. Dans ses grandes qualités MMA, son striking global est à vanter. Létal en boxe, il a aussi de vraies qualités en kickboxing qui lui permettent de travailler au corps ou en front kick, qualité assez rare chez les poids lourds conventionnels. Pour ce qui est du sol, “Problema” possède une ceinture noire de JJB qui fait qu’il n’a aucun souci à transiter vers l’horizontal. Son physique aidant, en position haute, à conserver son avantage et en assénant un ground and pound très puissant et précis.
Dans ses victoires comme dans ses défaites, Renan Ferreira ne s’éternise pas dans la cage. Un seul de ses douze combats en carrière a été à la distance, contre Carl Seumanutafa en 2021. Voici le fight complet :
#2 – Ante DELIJA – 23 victoires, 5 défaites
Il est, à n’en pas douter, celui qui a la plus belle carrière de tout le roster poids lourds du PFL. Digne descendant de la légende Mirco Cro Cop – Delija s’entraîne au Cro Cop Top Team -, Ante Delija n’a pas été loin d’être bien connu par les suiveurs français du MMA. En effet, le Croate aurait pu, dû, affronter Ciryl Gane en 2020 en récupérant une short notice. Il n’en a rien été, parce que les discussions entre le PFL et l’UFC n’ont pas abouti.
Ante Delija, c’est l’archétype du poids lourd moderne dans une discipline qui demande toujours plus de connaissances, de maîtrise et d’intelligence. Il va beaucoup chercher la lutte, la réduction de distance, pour enchaîner une fois au sol. Evoquer un profil de lutteur, c’est ouvrir un éventail plus large qu’il n’y paraît. Ante Delija ne lutte pas comme Kamaru Usman a pu le faire pendant ses années de domination chez les Welter. Delija peut se servir de sa lutte pour plusieurs effets. L’exemple du deuxième combat contre Bruno Cappelozza en est la preuve. Anesthésié lors de leur premier combat, Delija a varié en essayant à tous prix de lutter pour éviter les séquences debout, connaissant plus que d’autres la puissance en striking du Brésilien. Ça n’a pas permis au Croate de l’emporter (grâce à la qualité en sprawl du Brésilien) mais il peut lutter pour nullifier, contrôler et fatiguer, ou soumettre. Il l’a fait à 6 reprises dans sa carrière pro, mais pas depuis 2014.
Debout, ses aptitudes sont bonnes. Il a le K.O power (11 victoires par K.O/TKO), sait travailler en ligne là où beaucoup de poids lourds assez frustres peuvent ne frapper qu’avec des crochets larges épuisants. Mais au-delà des skills en stand-up, le plus important reste de savoir que Delija est agressif. C’est lui qui impose le tempo, la pression avec un cardio qui le lui permet. Nombre de poids lourds ne peuvent gérer le tempo qu’il impose. Renan Ferreira, cité plus haut, a par exemple été submergé.
Pour un combattant comme Francis Ngannou, il y a deux points de vue. D’un côté, la pression infligée par Delija peut être un problème à gérer parce qu’il n’a pas l’habitude d’avoir un glue guy capable de travailler en transition, réaliser des takedown de qualité même en partant de loin. L’antithèse, c’est la puissance pure du camerounais que le croate ne pourra pas encaisser. On l’a vu contre Cappelozza se jeter à corps perdu, attaquer, tout en découvrant sa tête. Avec l’envergure, le sens du timing et du réflexe du “Pretador”, c’est une erreur bien répréhensible. Le duel semble séduisant, sur le papier. Mais Delija est pour l’instant blessé.
#1 – Denis GOLTSOV – 29 victoires, 7 défaites
Profil atypique pour un poids lourd, Denis Goltsov jouit d’une attraction assez faible alors qu’il a une carrière enviable. Pour un combattant du type Francis Ngannou, Golstov a tout d’une matchup terrible. C’est un combattant complet mais son art martial de prédilection, c’est le sambo. Ce savant mélange de judo, de karaté, de boxe et de lutte (entre autres), d’origine russe, lui donne une technique quasi unique pour sa catégorie de poids. Ancien champion du monde de la discipline, Goltsov n’hésite pas à lutter avec cette spécificité du sambo pour dérouter et nullifier tous ses adversaires. L’étape suivante, le sol, n’effraie en rien le russe, qui a d’excellentes bases sur le travail en side et top control, et sur le dos il sait aussi se sortir d’une étreinte. C’est notamment sur cet aspect du sol qu’un combattant comme Ngannou peut être en difficulté. La lutte nullifiante du Predator, aperçue contre Ciryl Gane, risque de ne pas suffire contre Goltsov.
Le sambo est une particularité du MMA, mais debout, qu’est-ce que ça donne ? Son game est en constante évolution. Frustre à son arrivée au PFL, peu délié, rudimentaire, Goltsov a réussi avec les années à gagner en aisance avec son pied-poings. Il a réussi à gommer progressivement son problème majeur debout, à savoir la gestion de la distance en travaillant mieux en jab. Randy Couture, légende du MMA des années 2000, a récemment déclaré dans un interview à Sportskeeda Combat qu’il était même aujourd’hui un “striker d’élite“. Bel hommage. Une chose est sûre, de tous les combattants cités, Goltsov est celui qui a la plus grosse marge de progression.
Depuis son arrivée au PFL en 2019, Denis Goltsov a toujours brillé avant de s’arrêter en demi-finales des playoffs. En 2019, il prend dans les ultimes secondes un violent K.O par Ali Isaev. En 2021, il perd à la décision partagée contre un certain… Ante Delija (combat disponible ci-dessous), combat très serré et passionnant à tous points de vue. L’an passé, il a dû déclarer forfait des suites d’une blessure. 2023 verra t-il le sacre du Russian Bogatyr ? Il serait à nouveau blessé…
Plusieurs combattants se produisent en Avril, comme Bruno Cappelozza ou Renan Ferreira pas plus tard que ce week-end. Francis Ngannou sera, à n’en pas douter, très attentif à ces prochains combats à venir.