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C’était un 19 mai, la victoire d’Olivier Panis à Monaco

24 ans, 3 mois, et 18 jours. Longtemps, la victoire d’Olivier Panis dans les rues de la Principauté est restée le dernier succès tricolore en Formule 1. Avant que Pierre Gasly mette fin à cette interminable attente à Monza en 2020, imité quelques mois plus tard par Esteban Ocon en Hongrie.

En 1996, le Grand Prix de Monaco est la sixième manche d’une saison jusque-là dominée par Damon Hill. Le Britannique, qui a remporté quatre des cinq premières manches de la saison, souhaite inscrire son nom au palmarès de cette course mythique, que son père Graham a remporté à cinq reprises. Michael Schumacher, double champion du monde en titre avec Benetton, a rejoint Ferrari à l’inter-saison, et a déjà décroché trois podiums en rouge. De son côté, Olivier Panis reste sur deux abandons et avance dans l’incertitude qui entoure l’avenir de l’écurie Ligier.

Lors des essais du jeudi, les pilotes cherchent, et trouvent, parfois, la limite, à l’image de Schumacher qui heurte le mur à Sainte-Dévote. Samedi, le duel des qualifications tourne à l’avantage du pilote Ferrari, qui arrache la douzième pole de sa carrière, une demi-seconde devant Hill qui l’accompagne en première ligne. Schumacher offre à Ferrari sa première pole en principauté depuis Jody Scheckter en 1979. Les Benetton-Renault retrouvent des couleurs en bloquant la deuxième ligne, Alesi troisième et Berger quatrième. Rapide lors des essais, Panis est longtemps immobilisé pour une panne électronique, et doit se contenter d’une 14e place sur la grille, rédhibitoire à Monaco…

Le pilote français lors du Grand Prix de Monaco 1996.

La fin de la séance est marquée par un incident entre Schumacher et Berger. Alors que le pilote Ferrari est au ralenti pour saluer le public à la sortie du tunnel, l’Autrichien arrive lancé à 270km/h pour un dernier tour rapide. Il freine fort, bloque les roues et se retrouve en tête-à-queue. Plus de peur que de mal, mais Flavio Briatore, furieux, prend le chemin de la direction de course pour réclamer une sanction contre son ancien pilote. Schumacher s’excuse auprès de Berger, tandis que Jean Todt parvient à raisonner Briatore.

Le Grand Prix

Olivier Panis, avec une Ligier peu chargée en essence, signe le meilleur chrono du warm-up dimanche matin, sous un ciel menaçant. Peu de temps après, une forte averse inonde le circuit. Le Grand Prix démarrera à 14h30 sur une piste très humide. Afin que les pilotes s’acclimatent à ces nouvelles conditions, de courts essais d’un quart d’heure sont lancés à 13h15. À cette occasion, Montermini détruit sa nouvelle Forti contre les glissières de la chicane du Port, l’Italien ne prendra pas le départ. Häkkinen abîme quant à lui sa McLaren au Bureau de Tabac et s’élancera avec sa voiture de réserve.

Au moment du départ, il ne pleut plus mais la piste est toujours très humide. Tous les pilotes partent en pneus rainurés, excepté Verstappen qui fait le pari extrêmement risqué de s’élancer avec des slicks. Du fait de ces conditions, la consommation en essence sera bien moindre qu’à l’ordinaire et quelques pilotes, comme Panis, partent avec le plein.

A l’extinction des feux, Schumacher patine et Hill vire en tête à Sainte-Dévote. Verstappen, lui, tire tout droit au freinage et s’encastre dans le mur de pneus. Quelques mètres plus loin, Lamy harponne son équipier Fisichella. L’Italien abandonne sa machine dans la montée vers le Casino. Le Portugais s’immobilise un peu plus loin. Dès le premier tour, Schumacher glisse au Portier et tape le rail. Suspension gauche cassée, il doit abandonner. À la fin de cette première boucle, Hill mène avec quatre secondes d’avance sur Alesi, cinq pilotes ont déjà dû abandonner. Avec une bonne visibilité en tête, le Britannique s’envole.

Unique victoire du Français en carrière, au volant de Ligier.

Derrière, le carnage continue, Katayama part en aquaplaning au Bureau de Tabac, pendant que Rosset perd le contrôle à la Rascasse. Hill compte quatorze secondes d’avance après sept tours, et la trajectoire peine à s’assécher. Berger doit abandonner sur problème de boîte, il n’y a plus que la moitié du plateau en course après dix tours !

Au 25e tour, Panis, qui est parvenu à passer entre les gouttes et les accrochages depuis le départ, effectue son troisième dépassement du jour en avalant Herbert à l’épingle du Loews. Au 28e tour, Hill rentre au stand, ses mécaniciens lui remettent de l’essence et l’équipent de pneus slicks. Ses poursuivants font de même. Olivier Panis, parti avec le plein, doit seulement changer de pneus, ce qui lui permet de gagner plusieurs places. Quatrième, il affiche un gros rythme sur le sec et remonte sur les hommes de tête. Il reste tout de même à 55 secondes de Damon Hill.

Au 36e tour, le Français tente à nouveau le coup au Loews, cette fois sur la Ferrari d’Irvine. Ce dernier essaye de bloquer l’intérieur ce qui rend le contact inévitable. Panis est passé, l’irlandais est face au rail et à besoin de l’aide des commissaires pour repartir. Quelques tours plus tard, le moteur du leader explose dans le tunnel, la malédiction se poursuit à Monaco. Panis glisse sur l’huile répandue par Hill et part en tête-à-queue à la chicane du port. Il parvient à regagner la piste.

Olivier Panis victorieux en Principauté.

On se dirige vers un doublé français. Jean Alési a hérité de la tête, devant un Panis déchainé. Mais le leader s’arrête à cause d’un problème à l’arrière-droit, il doit finalement renoncer. Au jeu du trafic et des retardataires, Panis parvient à garder l’avantage sur Coulthard. Au 75e tour, les deux heures de courses sont écoulées, et le drapeau à damier est présenté aux quatre pilotes encore en course !

Olivier Panis décroche la seule et unique victoire de sa carrière, à Monaco, après s’être élancé de la 14e place. Un exploit retentissant, c’est aussi la première victoire de Ligier depuis Jacques Laffite au Canada en 1981.

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