Bundesliga

Qatar Airways, le sponsoring ensanglanté du Bayern Munich

« C’est le Bayern Munich, pas l’assemblée générale d’Amnesty International ! » Cette phrase prononcée par Uli Hoeness, président d’honneur du Bayern Munich à un supporter « anti-Qatar » lors de l’assemblée générale du 15 octobre 2022, révélait certainement la pensée profonde des dirigeants du géant bavarois. Un an et demi après le chaos de l’AG du 26 novembre 2021, le Bayern Munich et Qatar Airways viennent d’annoncer le non-renouvellement du partenariat. C’est une victoire pour les supporters alors que le sponsoring Qatar Airways a cristallisé plus que jamais les tensions entre dirigeants et membres de l’association. Une situation bien différente de celle que l’on peut retrouver au sein du Paris Saint Germain, ou du nouveau champion d’Europe Manchester City. Retour sur des années de conflit avant la rupture :

Qatar Airways, partenaire platine

Depuis plusieurs années, les États du Golfe cherchent à agrandir leur influence mondiale grâce au sportwashing. Mais en Bundesliga, pas question d’acheter une équipe. En effet, la quasi-totalité des clubs sont soumis à la règle du 50+1. Celle-ci empêche la prise de contrôle totale des clubs par des entités extérieures et ceux-ci restent ainsi la propriété de leurs membres. Ce n’est donc pas un projet comme le PSG, Manchester City ou Newcastle qui a opposé direction et supporters mais un partenariat conclu entre le club et Qatar Airways.

« Je suis ravi d’accueillir l’aéroport de Doha comme sponsor. Ce partenariat est une étape de plus dans notre stratégie internationale. »

Karl-Heinz Rummenigge lors de la signature du partenariat avec l’aéroport de Doha en 2016

En 2018, Qatar Airways remplace la Lufthansa, la compagnie aérienne allemande et alors partenaire du club depuis 14 ans, pour une durée de 5 ans. Au sein du club bavarois, Qatar Airways devient partenaire « platine » et sponsor de manche sur les maillots. Il s’agit d’un sponsor de second rang. En effet, on retrouve devant Allianz (stade), Audi (manche), Adidas (maillot) et Telekom (maillot). Les trois premiers de la liste sont même plus que des partenaires. Ils se partagent en effet 25 % des parts du club comme actionnaires, les autres appartenant aux supporters. Herbert Hainer, le président du conseil d’administration d’Adidas, est également le président du conseil de surveillance du Bayern Munich le départ en retraite d’Uli Hoeness en 2019.

Ce partenariat entre la compagnie aérienne et le Bayern Munich est signé dans une logique d’augmentation des revenus du club. C’est alors une évolution d’un partenariat signé en 2016 avec l’aéroport qatarien de Doha : Hamad International Airport. Il serait au moins supérieur de 5 millions d’euros au sponsoring de la Lufthansa précédemment. En octobre 2022, celui-ci était évalué par un journaliste de la chaine allemande ZDF en marge d’un documentaire à environ 25 millions d’euros par an.

« Tout le monde savait, bien sûr, que la réunion de Doha était du lobbying. »

Un participant anonyme à la rencontre entre des responsables de l’ECA, dont Karl-Heinz Rummenigge, et des dirigeants qatariens en 2013 à Doha, dans le documentaire Geheimsache Qatar

Un objectif qui aurait d’ailleurs été accompli dès 2013 d’après le même documentaire Geheimsache Qatar. À l’époque, Karl-Heinz Rummenigge, alors directeur général du Bayern Munich, rencontre des dirigeants qatariens à Doha. Ça se déroule lors d’une rencontre à laquelle ont été invités des responsables de l’ECA. Il y participe en tant que président de l’institution. C’est suite à ça qu’il se positionne en faveur d’une Coupe du monde en hiver. C’est aussi au retour de ce séjour qu’il est arrêté par la douane avec deux Rolex non déclarées, ce qui lui vaudra une amende et le surnom de Rolex Kalle par certains supporters d’autres clubs de Bundesliga. D’après certains participants, ce serait des cadeaux des dirigeants qatariens, ce qui a été démenti par son avocat.

Lors de leurs questions au club au cours d’une table ronde en 2022, les membres présents les interrogent d’ailleurs sur l’implication potentielle du club dans l’attribution de cette Coupe du monde. Franz Beckenbauer, président d’honneur du club sur la période, était alors un membre du comité exécutif de la FIFA impliqué dans le choix du pays hôte. Il est nommé dans le rapport Garcia traitant de la corruption entourant le mondial qatarien. Le comité de candidature voyait le centre d’entraînement de l’Aspire Academy, où se rendent tous les ans l’équipe lors de la mi-saison, comme un moyen de soutien de leur candidature. Les membres font le lien entre ce premier camp d’entraînement et la voix obtenue par le Qatar de la part de de l’ancien sélectionneur et joueur national. Les dirigeants y répondent qu’il s’agissait d’une demande de Louis van Gaal, alors entraineur en charge.

Néanmoins, le partenariat Qatar Airways sert les objectifs du pays de plusieurs manières. Le prix serait considéré comme surévalué pour ce type de sponsoring s’il était uniquement sportif. Mais il serait accepté car il permettrait de poursuivre les objectifs politiques du pays et serait donc un prix “politique”. Les dirigeants bavarois sont de fervents soutiens au Mondial 2022 et ferment les yeux sur les critiques, mettant toujours l’accent sur les légères améliorations et passant sous silence les rapports à charge. Les raisons de ce don particulièrement important et ce que le Qatar attend en retour sont “confidentiels“. Sont cités : marketing dans le stade, présence sur la manche, et présence sur site chaque hiver. En effet, depuis sa première visite, l’équipe s’y rend chaque année dans le cadre des obligations liées au partenariat comme le disait Jupp Heynckes en 2018 : « Le FC Bayern a une obligation de s’envoler au Qatar ».

« Et une fois de plus, les droits de l’homme s’envolent avec Kafala Airways ! » – une banderole de la Red Prime Munich en 2020 critiquant le futur camp d’entraînement à Doha. (Imago)

Mais contrairement à l’Arabie saoudite, plutôt accueillie avec joie par les supporters de Newcastle lors de son rachat du club, les supporters bavarois n’acceptent pas de voir leur club entaché d’un lien partenarial avec l’État du Qatar et sont vent debout contre celui-ci. Dans un pays où les supporters sont propriétaires de leur club, se voir être associé au Qatar, même sur une très faible part de ses revenus hors transferts (3 %), ne passe pas. Au moment de la signature du partenariat, de nombreux rapports d’Amnesty International rapportent déjà ce qu’il se passe sur place pour la construction des stades mais aussi concernant d’autres droits humains.

La politique de l’autruche

Une fronde s’organise en tribunes avec pour objectif de rompre le partenariat. Les actions oscillent entre banderoles et images attaquant les liens. Sur ceux-ci, on trouve le plus souvent des références au système « kafala ». Celui-ci, précédemment utilisé au Qatar pour faire venir des travailleurs migrants sur les sites de la Coupe du monde, a été décrit par des groupes de défense des droits humains comme un esclavage des temps modernes. C’est un système de “parrainage” abusif, en vertu duquel les travailleurs doivent remettre leur passeport à leur parrain – généralement leur employeur – ce qui les empêche de changer d’emploi ou de quitter le pays sans autorisation de celui-ci. La pratique a été abolie par le gouvernement qatarien lorsqu’il a annoncé des modifications à sa législation du travail en août 2020. Mais des rapports récents suggèrent que peu de choses ont changé au Qatar et que les travailleurs sont toujours exploités.

La dernière banderole critiquant le partenariat, lors du match retour face au PSG le 8 mars 2023. (Harry Langer/DeFodi Images/IconSport)

Mais les groupes de supporters ne se contentent pas d’actions en tribunes. Ils organisent régulièrement des tables rondes et débats sur le sujet. Lors de celles-ci, organisations de protection des droits de l’homme ou travailleurs migrants au Qatar sont invités à participer. Les dirigeants refusent systématiquement les invitations. Cette absence d’implication des dirigeants dans les actions de sensibilisation menées par les membres du club est fortement critiquée.

C’est d’autant plus le cas qu’en parallèle, ils rejettent les diverses critiques faites pourtant basées sur les différents rapports d’Amnesty International par exemple. Ils font des interprétations différentes du texte. Pour Karl-Heinz Rummenigge en 2019, « depuis que le Bayern Munich est devenu partenaire du Qatar, il y a eu une évolution positive manifeste en termes de droits de l’homme et des travailleurs ». Une citation que n’approuve pas les organisations de protections des droits de l’homme.

L’organisation FairSquare, spécialiste en recherches sur les droits humains, rappelle dans une lettre à destination du club en 2020 que « les progrès ont été limités dans leur portée et ne sont pas encore efficaces dans la mise en œuvre ». Dans celle-ci, restée sans réponse, elle demande aux dirigeants de soutenir un appel à faire des enquêtes sur les décès de travailleurs migrants. Pour Regina Spött, experte des pays du Golfe pour l’ONG Amnesty International, la situation a certes évolué, mais le lien avec d’éventuelles actions menées par le Bayern Munich ne sont que pures spéculations.

« Extraordinaires conditions d’entrainement » – Les membres du Bayern Munich citent leurs dirigeants sur une banderole déployée en janvier 2019 pour critiquer les œillères portées sur la situation des travailleurs migrants au Qatar. (Bernd Feil/Imagobek)

Pendant plusieurs années, les dirigeants du club ferment les yeux sur les demandes et critiques. Ceux-ci ne voient que la partie économique du partenariat. Il est bien sûr évident qu’il est difficile de trouver un autre sponsor à hauteur de 20 millions d’euros. Néanmoins, les supporters mettent en avant qu’il pourrait être intéressant de travailler avec plusieurs petits partenariats qui, additionnés, pourraient arriver à la même somme.

La liberté de critique interdite ?

Le Bayern ne se contente en revanche pas d’éviter le débat. Il cherche également à faire taire ses opposants. Ainsi, en 2020, une exclusion de l’Allianz Arena est prononcée contre un des ultras du club. La sanction est particulièrement sévère. En effet, il est interdit de présence dans tous les sites appartenant au Bayern Munich.

La raison officielle : une banderole installée lors d’un match de l’équipe amateure. Cette équipe principalement composée des jeunes du club jouait alors en 3. Liga. Sur celle-ci, il critiquait le jour du match. En effet, il avait lieu un lundi soir, date en semaine et soirée qui ne plait pas aux supporters allemands, nombreux à se déplacer dans les stades à domicile comme à l’extérieur. Suite à de nombreuses années de contestations, ils ont d’ailleurs réussi à supprimer ce jour de match en première et deuxième division depuis deux ans. Mais ce n’était pas le cas en 3. Liga, où évoluait à l’époque l’équipe amateure du Bayern.

« Pas de match le lundi, même pour les amateurs ! »

Texte présent sur la banderole qui a valu une interdiction indéfinie de stade à un ultra.

Dans un premier rapport, la sécurité en lien avec la banderole est la raison évoquée de cette interdiction. Les pompiers locaux auraient porté plainte car la banderole n’était pas ignifugée. Cela aurait été une récidive de la part du supporter. Une situation étonnante tant le nombre de banderoles et drapeaux entrant dans le stade est important et qu’aucune autre interdiction n’a été prononcée.

Les soupçons de la raison réelle se portent rapidement sur le lien entre ce supporter et les critiques faites à l’encontre du partenariat avec Qatar Airways. En effet, l’interdit de stade était l’un des intervenants lors d’une table ronde intitulée « Qatar, Droits de l’Homme et FC Bayern – Ouvrez la main, fermez la bouche ? » organisée quelques semaines plus tôt.

La banderole qui a valu l’interdiction de stade à l’un des ultras. (imago images / foto2press)

La décision est aussitôt critiquée par la Red Pride München, l’un des principaux groupes d’ultra, mais également par Club Nr. 12 qui regroupe l’ensemble des fan-clubs du club bavarois. Tous deux font références à une mesure prise dans le but de censurer les autres éventuels supporters qui auraient l’idée de critiquer le lien avec le Qatar. Une position que soutient également son avocat spécialisé dans les questions de supportérisme. En juillet 2021, le procès engagé par le supporter est remporté. Les pompiers de Munich attestent n’avoir jamais porté plainte concernant la bannière. Ça va dans le sens des critiques émises sur la raison de l’interdiction. En avril 2022, la suspension est levée.

Cet épisode se produit dans un contexte déjà tendu entre club et supporters. Quelques semaines plus tôt, les deux parties se sont affrontées suite à des banderoles ciblant Dietmar Hopp, le mécène d’Hoffenheim, un des quatre clubs qui ne respectaient pas le 50+1. La Red Pride et la Schickeria sont alors menacées publiquement et sous le feu d’intenses critiques de la part de la direction. Leurs actions seraient « le visage hideux du Bayern Munich ». Une citation bien rapidement retournée contre les choix de sponsoring que les supporters jugent bien pire qu’une insulte sur une banderole.

« Le visage le plus hideux du Bayern Munich est montré par ceux qui prennent l’argent ensanglanté de Qatar & Cie ! » – Une banderole de la Red Pride quelques jours après les attaques contre les deux groupes ultras dans la presse par la direction du club.

En ciblant la Schickeria et la Red Pride, les dirigeants s’attaquent à un des groupes d’ultras les plus opposés au partenariat avec le Qatar, mais aussi les plus critiques du club. Les membres de la Schickeria sont d’ailleurs très loin d’être les supporters idiots et anarchistes dépeints par Uli Hoeness ce jour-là. Engagés à gauche, ils sont connus pour entretenir une amitié avec les ultras de Sankt Pauli, avec qui ils partagent de nombreuses valeurs. Ils se battent régulièrement contre le racisme, l’homophobie, mais également des décisions politiques. Ils critiquent par exemple à plusieurs reprises les expulsions de réfugiés et soutiennent les ONG sauvant les migrants en mer. Ils sont également à l’origine de la réhabilitation de Kurt Landauer, président juif du Bayern Munich persécuté pendant l’Allemagne nazie. C’est notamment pour leur travail de recherches sur ce devoir de mémoire de l’holocauste qu’ils sont récompensés en 2014 du prix Julius Hirsch qui est remis à des clubs, groupes de supporters ou joueurs prenant position contre le racisme.

Chaos à l’assemblée générale 2021

« C’est le pire événement que j’ai jamais vécu au FC Bayern ! »

Uli Hoeness, président d’honneur du Bayern Munich, le 26 novembre 2021

La citation ci-dessus est une des phrases résument la chaotique assemblée générale du club le 26 novembre 2021 alors que la tension autour du sponsoring a atteint un sommet. Tout commence quelques mois avant l’assemblée quand l’avocat Michael Ott, membre du club, projette de présenter une motion pour soumettre aux votes des membres une suppression du partenariat si critiqué. Pour ce faire, il faut que le comité accepte celle-ci, chose qu’il ne fera pas. Non présent à l’ordre du jour, il attaque le club en justice pour forcer l’association à l’y ajouter. La bataille judiciaire se conclut par un échec. En effet, le tribunal juge que le sponsoring ne devant être renouvelé qu’en 2023, le sujet n’est pas prioritaire pour 2021. Les opposants répondent alors que cela laisse tout 2022 au club pour renouveler le partenariat sans vote et avant l’échéance fixée s’ils souhaitent le prolonger.

L’assemblée commence donc dans une ambiance électrique alors que les opposants sont déjà à la recherche d’autres solutions pour rompre le partenariat. De leurs côtés, les dirigeants accusent Maître Ott de critiques non factuelles et sans bases saines. Alors qu’il propose de façon spontanée sa motion au vote, elle est immédiatement rejetée par le vice-président, car elle serait illégale. Il n’est même pas autorisé à prendre la parole.

Mécontents de la situation, ils votent contre la plupart des propositions soumises par le comité directeur, notamment un vote qui aurait pu permettre les votes à distance. En s’y opposant, les supporters locaux savent qu’ils gardent également un meilleur contrôle sur leur club.

Si la suppression du partenariat n’est pas soumise aux votes, plusieurs autres motions sont présentées de façon spontanée. Dans ce cas précis, il ne faut alors pas 50, mais 75 % des votes de l’assemblée. L’une d’entre elle, proposée également par Michael Ott, propose de remonter la part de l’association appartenant à ses membres de 70 à 75 %, permettant aux membres de reprendre du contrôle sur le club. Son adoption échoue de quelques voix.

Une seconde est adoptée à 77,8 %. Elle a pour but que le club s’identifie aux droits de l’homme internationalement reconnus. C’est un moyen de faire pression de façon indirecte sur le partenariat qui ne les respecterait pas. Parmi les votes contre son adoption : Oliver Kahn, Herbert Hainer ainsi que l’intégralité des dirigeants. Pour l’instant, les implications de ce vote restent flous, mais il est adopté. Ce faisant, et grâce à l’action de ses membres, le Bayern Munich rejoint le Borussia Dortmund qui est en train de les inscrire dans son code de valeurs ou encore le FC Cologne qui a également voté un texte en cette faveur lors d’une de ses assemblées générales pour les ajouter à ses statuts.

L’assemblée se termine de façon abrupte, certains participants prévus se voient empêchés d’accéder à la scène et de tenir leurs discours. Les « Nous sommes le Bayern et vous ne l’êtes pas » et « Nous sommes les fans dont vous ne voulez pas » retentissent alors. Parmi les participants qui n’ont pu s’exprimer : Michael Ott sur le Qatar, mais également un membre voulant s’exprimer sur les affaires de racisme présentes dans le campus étant sorties plus tôt dans l’année. C’est donc dans les huées et sous les « Hainer dehors ! » criés par les membres du club, très mécontents du déroulement de l’assemblée et des choix de leurs dirigeants que se termine l’assemblée.

Une pseudo-ouverture au dialogue

Pour traiter du sujet suite à l’assemblée de 2021 et faire retomber la tension, un groupe de travail est créé. Le club organise également une table ronde le 4 juillet 2022. C’est alors la première fois que le club participe à la discussion sur le sujet, mais il en est l’instigateur. L’ensemble des questions posées au cours de celles-ci sont travaillées. À quelques jours de l’assemblée générale, les réponses sont données sous forme d’une foire aux questions mise en ligne. Les retours des dirigeants y sont souvent flous et ne satisfont que peu les supporters opposés au partenariat. Sur un bon nombre de questions, les dirigeants répondent à côté du sujet ou restent très vagues.

Au cours de l’assemblée générale de 2022, Herbert Hainer s’excuse pour sa gestion de l’année précédente auprès des membres. Au cours de cette assemblée, il se présente à sa réélection. Élu à 98,1 % des voix en 2019, il perd environ 20 % de voix pour arriver à 78 % de membres favorables. S’il est réélu à une large majorité, on est très loin du plébiscite et des chants entonnés en l’honneur d’Uli Hoeness en 2016 lorsqu’il a été élu à plus de 99% des voix alors qu’il venait de terminer de purger sa peine de prison pour fraude fiscale.

« Nous allons tout peser, puis nous trouverons une solution »

Herbert Hainer, lors de l’assemblée générale 2022

Les dirigeants annoncent du départ que le renouvellement ne sera pas au cœur de l’assemblée mais qu’ils prendront leur décision après la Coupe du monde débutant quelques semaines plus tard. Au cours de cette assemblée, Michael Ott a repris la parole. Alors que la tension y est bien plus faible que l’année précédente, il a un droit à la tribune, dans laquelle il critique une nouvelle fois le sponsoring devant être renouvelé ou non courant 2023. Cependant, Uli Hoeness, loin de l’apaisement affiché par les dirigeants cherchant à renouer le dialogue avec les membres quitte la salle sur un « Votre prestation était embarrassante. C’est le Bayern Munich, pas l’assemblée générale d’Amnesty International ! » adressé à l’avocat venant de terminer son discours. Son retour aux affaires suite à l’éviction d’Oliver Kahn pouvait laisser présager une poursuite du partenariat.

Si les dirigeants ne bougent officiellement pas sur le sujet, certains joueurs se rangent du côté des supporters. C’est notamment le cas de Leon Goretzka. Le milieu de terrain est très critique de la vision des droits humains de l’état du Golfe qu’il qualifie « d’un autre millénaire » dans une interview. Intervenant sur le documentaire de la ZDF, il y déclare notamment concernant le renouvellement du sponsoring qu’il est « à peu près sûr que le club agira dans le meilleur intérêt du club et de ses membres », ajoutant par la suite que « personnellement, cela ne le dérangerait pas » si le sponsoring n’était pas prolongé. Il aurait été d’ailleurs l’un des artisans des actions menées par l’équipe d’Allemagne lors du Mondial. Un autre nommé était Manuel Neuer, capitaine du club ainsi que Joshua Kimmich qui porte régulièrement le brassard en son absence et lorsque Thomas Müller n’est pas titulaire. Tous ont exprimé des opinions critiques sur le choix du lieu lors de conférences de presse avec l’équipe nationale. Une situation qui pourrait rendre la prolongation délicate.

Après avoir repoussé la prise de décisions à après la Coupe du monde 2022, les positions des supporters et dirigeants ne semblaient pas avoir bougé. Tout laissait même à penser que le partenariat allait être renouveler, d’autant plus avec le retour aux affaires d’Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge. La décision de la non prolongation à l’amiable du partenariat est donc étonnante, même si elle satisfera grandement les opposants à celle-ci qui se sont battus de nombreuses années pour cela. C’est en cela un signe fort envoyé aux supporters. Mais si officiellement, les deux parties sont pour ne pas prolonger, le journal allemand Suddeutsche Zeitung a laissé entendre que le Bayern Munich souhaitait de son côté renouveler mais que de n’était pas le cas du Qatar. Si les raisons restent inconnues, la fronde des supporters et les critiques constantes pourraient être l’une des raisons. Reste désormais à savoir qui sera le prochain sponsor de manche et si lui aussi fera l’objet d’intenses critiques.

Crédits image titre : Markus Ulmer/Pressebildagentur ULMER/picture alliance

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