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Conseil lecture #1 : “Mike Tyson” de Frédéric N. Roux (1999)

Premier conseil lecture de notre série “Sport et littérature” (qui va vous accompagner tout au long de l’été) : Mike Tyson, de Frédéric N. Roux, publié en 1999 – incroyable biographie, aussi unique qu’indispensable, de l’icône pugilistique des années 80.

Frédéric-N. Roux montre l’envers du décor américain dans cette biographie incroyablement fouillée : c’est l’épopée tragi-comique des années quatre-vingt où, de gymnases qui sentent la sueur jusqu’à l’arrière des limousines, se bousculent Donald Trump, Muhammad Ali, Jesse Jackson, bien d’autres… Des avocats véreux, des entraîneurs marrons, des filles d’un soir, des aventurières de toujours… Un monde de démesure où tout s’achète, les muscles comme les âmes : un monde où l’exploit peut engendrer le désir de tuer ou de mourir.” (résumé éditeur)

À la base simple commande de son éditeur, cette biographie atypique du phénomène Iron Mike permet à Frédéric N. Roux de dépasser son sujet afin d’y caser les éternelles obsessions qui parcourent son œuvre. L’auteur s’appropriant à tel point son sujet que l’impitoyable autopsie de l’icône à laquelle il nous convie s’impose comme un travail aussi personnel que ses récits de fiction. C’est qu’il connait, en bon fan et ex-pratiquant de boxe, l’importance de la discipline comme symbole de son époque. Tyson, comme tout mythe qui se respecte, ayant incarné la sienne jusqu’à la caricature…

Le racisme, la peur, la mort, le sexe, la violence, le danger, ce qu’il en coûte en somme d’être un homme : tous les ingrédients d’un parfait récit à scandale inscrits dans un siècle d’Histoire américaine que Roux détaille en usant des longues digressions qu’il affectionne et du style caustique qu’on lui connaît. En plus de la poignante humanité de ceux dont la lucidité les oblige à voir (et parfois subir) le monde tel qu’il est.

Le tout sans pour autant jamais perdre de vue l’essentiel : ce fascinant anti-héros dont la trajectoire brisée recèle un mystère qui affleure peu à peu. Celui d’un individu appelé à briller, sans l’avoir vraiment voulu. Lequel semble ne jamais s’être vraiment appartenu, jusqu’à avoir accompli quelque chose d’immense, presque malgré lui. Quelqu’un à qui on n’a pas laissé le choix, peut-être pour son propre bien.

Un destin hors-normes, étrangement émouvant, qui laisse penser que Roux, en s’en faisant le scribe avec une rare pertinence, a rédigé sa propre version de Gatsby le Magnifique

(Grasset)

(1 commentaire)

  1. Je tiens à signaler que ce livre devait s’intituler “Un cauchemar américain”, que la photographie de couverture aurait dû être signée Albert Watson et que le quatrième de couverture fait naître Tyson dans le Bronx (phantasme d’éditeur) alors qu’il est né à Brooklyn… à part ça, bonne lecture !

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