Top 14 : le mercato d’Oyonnax à la loupe

Ça y est, le Top 14 2022-2023 a rendu son verdict. Cette saison qui aura vu le Stade toulousain décrocher son 22e bouclier de Brennus et le CA Brive quitter l’élite est terminée, et tous les regards sont tournés vers la Coupe du monde. À l’orée d’un exercice qui sera perturbé par la grand-messe du rugby mondial, les clubs n’ont pas oublié de s’armer pour rivaliser dans un championnat toujours plus concurrentiel. Dans la peau du promu, Oyonnax n’entend pas faire de complexe.

C’est une hérésie parmi tant d’autres dans notre rugby. Toujours est-il qu’avec 111 points – 24 de plus que son dauphin – 13 bonus offensifs, les Oyomen ont dû attendre le 27 mai pour fêter leur sacre. Et ils n’étaient pas à l’abri d’un accident en phase finale. Ils ont tremblé, d’ailleurs. Et leur domination fragile au printemps a bien failli faire oublier qu’ils ont écrasé la division tout au long de la saison. Ça ne change rien, pourrait-on dire, puisqu’Oyo est bel et bien en Top 14 aujourd’hui. Mais à l’heure où la marche est de plus en plus haute pour les promus, l’on devrait s’interroger sur le bien fondé de ces phases finales à rallonge et en exempter le leader – incontesté ou non -, qui devrait passer le mois de mai à préparer son entrée dans l’élite.

Le staff

Peu de changements, bien sûr, au sortir d’une saison si réussie. L’Anglais Alex Codling, entraîneur de la touche, a été nommé entraîneur des Newcastle Falcons. Un départ compensé par l’arrivée de Dewald Senekal, bien connu du championnat de France, qui officiait au Connacht.

Dewald Senekal Oyonnax — Dewald Senekal connaît déjà Adrien Bordenave, Manu Leiataua, Christopher Vaotoa, Ali Oz et Loïc Godener, qu’il a entraînés.

Manager sportif : Joe El Abd
Entraîneur des avants : Dewald Senekal
Entraîneur de la mêlée : Vincent Debaty
Entraîneur de l’attaque : Fabien Cibray

L’effectif

De nombreux joueurs majeurs ont signé une prolongation. Le jeune et épatant Justin Bouraux (2024), Hugo Fabrègue, Kévin Lebreton, Hugo Hermet, Théo Millet, Chris Farrell, Léo Treilles, Darren Sweetnam (2025) et le capitaine, l’inusable Tommy Raynaud (2026), se sont engagés sur la durée.

Les départs :

À la retraite forcée du malheureux Taylor Paris (ailier, 30 ans, JIFF), se sont ajoutés plusieurs départs. À peine plus jeune, le centre Florian Vialelle (29 ans, JIFF) raccroche les crampons. Peu utilisés, Jérémy Gondrand (demi de mêlée, 33 ans, JIFF) et Gabiriele Lovobalavu (centre, 38 ans, non JIFF) iront se relancer à Bourgoin. Un contrat en Nationale attend aussi le pilier droit Victor Delmas (32 ans, JIFF), le 2e ligne Tom Murday (34 ans, non JIFF) et l’ailier Paul Gadea (21 ans, JIFF). Gabriel Favier (3e ligne, 21 ans, JIFF) tente sa chance à Mâcon, en Nationale 2. C’est en Top 14 que l’on retrouvera le pilier droit Thomas Laclayat et l’ailier Aurélien Callandret (25 ans, JIFF).

Justin Bouraux Oyonnax — Confronté à la concurrence de Soulan et Miotti, Justin Bouraux, qui a prolongé son contrat, mérite d’être vu en Top 14.

Les arrivées :

C’est dans le club que Thomas Laclayat a rejoint qu’Oyonnax a déniché son remplaçant, en la personne d’Ali Oz (28 ans, JIFF). Parti en 2018, l’ailier Daniel Ikpefan (29 ans, JIFF) revient à la maison. Une doublette argentine arrive, constituée de l’ouvreur Domingo Miotti et du centre Lucas Mensa (27 ans, non JIFF). Ewan Johnson (2e ligne, 24 ans, JIFF), Jonathan Ruru (demi de mêlée, 30 ans, non JIFF) et Maxime Salles (arrière, 26 ans, JIFF) débarquent de Pro D2. Les 3e lignes Kévin Kornath (26 ans, JIFF) et Loic Godener (27 ans, JIFF) voudront se relancer. L’arrière Ethan Clusel (19 ans, JIFF), se lancer.

Les mondialistes potentiels

Steve Mafi, 2e ligne, Tonga

Pedro Bettencourt Oyo — Pedro Bettencourt est un membre régulier de la sélection portugaise, héroïquement qualifié pour la Coupe du monde 2023.

Pedro Bettencourt, centre, Portugal

Notre avis

Le pack surpuissant d’Oyonnax, élément moteur de sa montée en Top 14, a perdu un rouage important en Thomas Laclayat. L’explosivité et la tenue en mêlée du droitier vont manquer au club haut-bugiste. D’autant que son successeur, Ali Oz, n’a jamais confirmé le potentiel que ses mensurations (1,93 m, 140 kg) suggèrent. En deuxième ligne, le choix d’Ewan Johnson pour remplacer Tom Murday est plus que pertinent. Hélas, le Franco-Écossais vient d’être opéré du ménisque et n’est pas attendu avant décembre. Le recrutement de Kornath et Godener correspondant à la volonté d’attirer des joueurs revanchards. Le premier est un joueur besogneux mais indiscipliné. Le second a du talent mais, à 27 ans, il n’est plus un espoir.

🎯🇦🇷Los 18 puntos que le anotó a Munster el último fin de semana, son la máxima cantidad de Domingo Miotti en un partido en el primer nivel.

Sumó los mismos que en la primera fecha del Super Rugby 2020 vs Lions.pic.twitter.com/JXAXNQoupR
— Periodismo Rugby (@Perrugby) March 31, 2023

Compter sur Charlie Cassang et Jonathan Ruru à la mêlée, voilà qui ferait saliver les 16 clubs de Pro D2, tant les deux n°9 s’y sont illustrés. Reste que Ruru a été licencié par Provence Rugby pour un violent dérapage et qu’il n’a pas joué depuis décembre. Les Argentins Miotti et Mensa apporteront beaucoup à cette équipe d’Oyonnax. Avec le Puma, Jules Soulan et Bouraux, le staff aura l’embarras du choix pour la conduite du jeu. Lucas Mensa, au Stade montois, s’est imposé comme l’un des meilleurs centres de Pro D2. Finisseur efficace, Daniel Ikpefan retrouvera Charles-Mathon et sera utile sur les ailes, quand on sait à quel point les blessures aiment embêter Gavin Stark. Maxime Salles, en provenance de Montauban, aura un rôle à jouer dans un rôle d’arrière-ailier similaire à celui d’Aurélien Callandret.