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Conseil lecture #7 : “Born to Run” de Christopher McDougall (2009)

Allergique au moindre effort ou adepte des ultra-marathons, le septième conseil lecture de notre série “Sport & littérature” saura inévitablement titiller la soif de dépassement de soi qui sommeille en chacun.

Formidable récit d’aventure, où tout est vrai, Born to Run nous embarque dans un tourbillon de rencontres avec des personnages capables de parcourir 200 kilomètres sous 50 °C dans la Vallée de la Mort ou à plus de 4 000 mètres dans les montagnes du Colorado. En racontant quelques-unes des plus incroyables courses d’ultra de la planète, l’auteur nous plonge aux limites de l’endurance humaine, dans un plaidoyer convaincant pour une philosophie du dépouillement : la course minimaliste. (résumé éditeur)

Une fois n’est pas coutume et alors qu’on préfère, depuis le début de cette série, mettre en avant des ouvrages peu connus ou injustement passés sous le radar, nous voici aujourd’hui sur le point de déroger à cette règle tacite et informelle en évoquant ce qui est peut-être l’un des titres les plus réputés sur la course à pied. En l’occurrence, l’ouvrage culte (terme pour une fois non galvaudé) Born to Run de Christopher McDougall : LE livre qui a (pour un temps du moins) révolutionné l’art du running et rendu l’activité glamour et attractive, y compris aux yeux des plus rétifs.

C’est qu’en bon raconteur d’histoire qui sait que rien ne vaut un narratif haletant, McDougall (journaliste spécialisé en sports extrêmes de son état), plutôt que de dérouler classique encyclopédie de la discipline, a préféré emprunter de bienvenus chemins de traverse. Choisissant de relater l’essor du running minimaliste et l’impitoyable univers si particulier de l’ultra-trail, il embarque ainsi le lecteur dans une formidable épopée qui touche au mythe.

Se mettant en scène à la rencontre de formidables outsiders qui, chacun à sa manière et loin du monde codifié régi par les grandes marques commerciales, lui font approcher l’essence de la discipline : la course pure et exaltante, dépouillée de tout artifice – allant parfois même jusqu’à l’abandon des chaussures. L’ensemble se muant alors en vibrant plaidoyer pour un retour aux sources de l’humain originel. Celui qui, à la poursuite de son gibier ou cherchant à échapper aux prédateurs, courait juste pour vivre – au sens littéral du terme.

Nulle inquiétude, cependant : la thèse pontifiante n’est pas le style de la maison. Et la vista de l’auteur se montre, en fait, si vivante, si lyrique (ses rocambolesques aventures se dévorant comme un polar) et les figures croisées si pittoresques (du marathonien vegan surdoué au fou mystique vivant seul dans le désert, en passant par une tribu ancestrale pour qui courir sans fin tient de la seconde nature) qu’on en vient presque, à dire vrai, à douter de la véracité de certains faits qui alimentent le récit.

Avant de réaliser que ce n’est, finalement, pas le plus important. Ce qui compte, c’est en effet bien cette extraordinaire vitalité qui émane de la moindre ligne, ce feu qui anime chaque protagoniste, cette pulsion de vie originelle que McDougall parvient à transmettre à travers un grandissant enthousiasme étrangement communicatif. Donnant envie (sinon besoin), sitôt la dernière page refermée, d’enfiler (ou pas) ses baskets et s’en aller galoper, sans autre but que la joie absolue du mouvement. On met quiconque au défi de résister à son appel !

(Éditions Paulsen)

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