Dernier conseil de notre série “Sport & littérature” qui vous aura, on l’espère, accompagné durant cet été : un brillant essai, aussi original qu’atypique, du romancier Jerome Charyn qui partage son amour envers une discipline qui l’accompagne depuis son plus jeune âge.

Une petite balle blanche en celluloïd, une table verte, un filet, deux raquettes, de la vitesse. Deux êtres humains, aux aguets, vifs comme la poudre. Moins chic que le golf, moins sexy que le tennis, populaire mais obscur, informel mais intense, le ping-pong a très tôt exercé ses attraits sur Jerome Charyn qui, de Manhattan à Paris, n’a cessé de hanter les sous-sols où l’on frappe plus vite que son ombre. (résumé éditeur)
Parvenir à rendre haletant un historique du ping-pong, ça ne semblait pas gagné d’avance. Et voici un défi pourtant haut la main relevé par un Jerome Charyn tellement impliqué qu’on a l’impression de connaître les méandres de la discipline depuis toujours.
Relatant les origines du jeu en convoquant d’aussi illustres personnalités que Georges Moustaki ou Henry Miller, détaillant le parcours d’incroyables figures du sport et évoquant surtout son odyssée personnelle (qui l’a vu commencer à jouer enfant et ne jamais vraiment arrêter – la pratique revêtant pour lui aspect quasi thérapeutique), Charyn relate l’aventure d’une vie. Se dévoilant comme jamais pour révéler combien la dévotion envers une passion peut donner un sens à une vie – sinon la sauver.
Puisqu’en s’épanchant sur son amour du tennis de table, il parvient à tout simplement parler de ce qui fait l’essence du sport et en quoi la pratique physique (quelle que soit la discipline) est aussi essentielle à l’homme que le fait de respirer.
Ce qui peut expliquer la profonde jubilation ressentie à la lecture des pages. Ces dernières en devenant presque, au fur et à mesure de la progression du récit, un guide expliquant comment appréhender l’existence. Alliant l’infiniment grand à l’infiniment petit, l’odyssée intime aux plus vastes considérations ethnologiques, les plaisirs immédiats du quotidien à son questionnement existentiel – ce qui fait, en somme, le sel de l’aventure humaine.
Le paradoxe d’avoir réussi à l’exprimer (et le rendre intelligible) à travers une pratique en apparence aussi peu reconnue (comparée à d’autres plus fameuses) n’étant pas le moindre des mérites de l’auteur.
(Folio)