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Conseil lecture #11 : “À poings nommés” de Jean-Marc Mormeck (2009)

Il aurait pu mal tourner, comme beaucoup autour de lui coincés entre les tours de Seine-Saint-Denis. Mais Jean-Marc Mormeck, Guadeloupéen débarqué à Bobigny à l’âge de six ans, imaginait pour lui d’autres horizons. Sa rage, il l’exprimerait bel et bien avec ses poings mais pour devenir un champion, pas un caïd de cité. (résumé éditeur)

Il reste l’une des dernières icônes pugilistiques tricolores. L’un de ceux à avoir atteint le Graal d’une ceinture mondiale en même temps que le respect unanime de ses pairs et du public – tant ses guerres contre, au choix, O’Neil Bell, Virgil Hill, Alexander Gurov, David Haye ou encore Wladimir Klitschko sont entrés dans l’inconscient collectif national de la discipline. Le genre de sportif dont on se dit qu’on aimerait en savoir plus sur sa vie intérieure, tant on soupçonne la richesse qui en émane. Ça tombe bien, le fort justement intitulé À poings nommés existe.

Écrit en collaboration avec Damien Burnier (alors reporter au Journal du Dimanche), le livre s’écarte de la classique autobiographie de sportif pour, principalement, se concentrer sur les deux grands axes de l’existence du boxeur : – la banlieue, d’où il est issu, qu’il habite toujours et qu’il continue de représenter, parfois à son corps défendant. – le milieu du Noble Art, au sein duquel il a évolué durant deux décennies. Marécage qui n’a rien à envier aux ambiances de sa jeunesse et dans lequel il semble confirmer le cliché selon lequel les affrontements les plus durs ont bien plus souvent lieu en coulisses qu’en pleine lumière, entre les cordes du ring.

La prose du boxeur se révèle à l’image de sa conduite entre les cordes : directe et sans faux-semblants. Le sportif ignorant la langue de bois (il n’hésite pas à nommément citer ceux contre qui il conserve griefs) et en profitant pour dresser de son sport un panorama sans complaisance aucune. Un milieu qui fourmille de chausse-trappes et où sa discipline, sa rigueur en toute chose (sur comme en dehors des rings) et son indéfectible droiture lui ont, mieux que tout autre factice protection, permis d’éviter les pièges qu’il n’a cessé de rencontrer au fur et à mesure de son ascension.

Un exemple de carrière qui pourrait fort bien illustrer la maxime que Cus D’Amato faisait, chaque jour, répéter à son poulain Mike Tyson,  et selon laquelle « la volonté de vaincre est plus forte que la capacité de vaincre ». Ligne de vie que le boxeur a, jusqu’au terme de son existence sportive professionnelle, suivi sans déroger. Lui permettant de se retirer de la manière dont il a combattu : comme un prince…

(Calmann-Lévy)

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