Rugby

Les Wallabies et la quête épineuse du rebond

Pour la première fois de son histoire, l’Australie est éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde de rugby, la faute à deux revers concédés face aux Fidji et au pays de Galles. Un camouflet pour des Wallabies qui traversent une crise sans précédent, et doivent accueillir la tournée des Lions britanniques et irlandais à l’été 2025… puis le Mondial 2027. Deux échéances majeures pour lesquelles il va falloir relever la tête. Analyse de cet échec et réflexion autour du rugby local avec Jérôme Villegas, entraîneur en Australie.

Jérôme, vous êtes en France durant cette Coupe du monde et vous assistez notamment aux matchs des Wallabies. Vous allez devoir vous choisir une autre équipe…

Il y a de fortes chances, en effet ! J’ai profité d’être en France pour faire un détour en Allemagne à l’occasion de l’Oktoberfest. J’en reviens tout juste. C’était très sympa car on retrouve une mentalité rugby, très conviviale. On croise beaucoup de locaux bien sûr, avec les tenues traditionnelles bavaroises. Mais j’ai vu des touristes étrangers qui sont venus pour le Mondial et ont sauté sur l’occasion. C’est à faire une fois dans sa vie ! Mais je n’oublie pas la Coupe du monde pour autant, je serai aux quarts de finale à Marseille. Je pensais voir l’Australie, je verrai le pays de Galles et les Fidji…

Sans aller jusqu’à dire que c’était prévisible, parce que le groupe semblait très ouvert, cette élimination précoce n’est pas une énorme surprise, si ?

Pas vraiment, non. Parce que Rugby Australia (la fédération, ndlr) se repose sur ses lauriers depuis 20 ans donc finit par payer l’addition. Le rugby australien était hyper professionnel, ce n’est pas un hasard s’ils ont été deux fois champions du monde dans les années 1990, mais ils ont été dépassé depuis. Les meilleurs joueurs du pays ont exporté leurs talents à l’étranger, mais combien sont revenus ? Ils ne rendent pas ce qu’ils ont reçu. Les plus fidèles, les plus loyaux, ce sont les fans.

Dans une interview pour Eurosport, Pierre-Henry Broncan a livré un diagnostic similaire. Il met en avant une culture sportive très développée en Australie, qui lui conférait un avantage lorsque le rugby mondial n’avait pas pris le virage du professionnalisme. Les nations de l’hémisphère Nord ont fait plus que rattraper le retard, non ?

C’est certain. Le rugby australien a perdu son train d’avance parce qu’il n’a pas voulu évoluer. Il n’y a pas de dynamique globale, aucune politique de développement n’a été mise en place. Par contre le copinage, oui ça marche. Ce n’est pas exclusif à l’Australie, il y a eu le même problème en France et ailleurs. Mais aujourd’hui, il n’y a pas les bonnes personnes aux bonnes places dans le rugby australien.

Broncan dit que le rugby à XV devient un sport mineur en Australie. Vous partagez ce constat ?

Non, je n’irai pas jusque-là. Il n’y a qu’à voir le nombre d’Australiens qui sont en ce moment en France. Ils mettent de l’argent de côté pour aller supporter les Wallabies au Japon, en France… et ils sont nombreux à le faire. On ne fait pas ça pour un sport mineur. Bien sûr qu’il y a le XIII, le footy, le cricket, et même le soccer, mais l’équipe nationale n°1 en Australie, ce sont les Wallabies. Ce qui est vecteur d’unité nationale, ce sont les Wallabies. Parce que le rugby est un sport plus mondialisé que ses concurrents et qu’il y a une vraie compétition.

Pierre-Henry Broncan
Le Gersois PIerre-Henry Broncan est responsable des rucks offensifs au sein du staff des Wallabies. (© Icon Sport)

Le problème du XV, en Australie, c’est son accessibilité. Le Super Rugby est diffusé sur une chaîne payante, au contraire de la NRL qui est sur la télévision publique. Il n’y a pas d’engouement autour des Kangaroos (l’équipe d’Australie de rugby à XIII, ndlr) mais tout le pays se passionne pour le State of Origin, la compétition opposant les sélections du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud. C’est ce qui manque au Super Rugby et par extension au rugby à XV.

Dans une récente émission de radio australienne, le treiziste Cameron Smith évoquait le manque d’opportunités offertes par le rugby à XV au niveau universitaire, là où la NRL semble offrir une vraie passerelle. Il y a donc aussi un problème de détection/recrutement des talents ?

C’est une évidence. On fait du rafistolage. Il faudrait investir pour relancer une compétition nationale, pour élever le niveau moyen (en dessous du Super Rugby, chaque territoire organise son championnat, ndlr). J’ai fait partie d’un panel de sélection pour les académies, pour un programme d’identification des talents. Je me suis rendu compte que la liste des joueurs retenus était plus ou moins bouclée avant même les détections. En fonction de leur réputation, de leur famille, de leur provenance, les “talents” étaient déjà identifiés.

J’ai tout de même observé une évolution positive en voyant jouer l’Australie U20 cette année, c’est une sélection qui comporte quelques beaux gabarits mais où les qualités techniques et mentales sautent aux yeux. Ce que dit Cameron Smith reste vrai : les franchises de Super Rugby offrent des mises à l’essai, des contrats courts. En NRL, on met les moyens tout de suite si on veut un joueur.

« Le problème du XV, en Australie, c’est son accessibilité. Le Super Rugby est diffusé sur une chaîne payante, au contraire de la NRL qui est sur la télévision publique. »

Pour les jeunes talents du rugby à XV, l’ascenseur est en panne ?

Eh bien, c’est compliqué… tout n’est pas à jeter. Le Super Rugby est un championnat de très haut niveau, même depuis le départ des Sud-Africains. Mais c’est vrai qu’en dessous, c’est très hétérogène d’un territoire à l’autre. Il faudrait uniformiser. Il y a un gros décalage entre le Super Rugby et le niveau inférieur, et c’est dans cet intervalle qu’on perd des joueurs, qui vont jouer à XIII ou qui arrêtent le rugby faute de perspectives claires. On gagnerait à niveler par le haut, en créant un championnat où évolueraient les meilleurs joueurs de chaque territoire. À être plus élitistes, en somme… ce qui n’est pas dans la culture australienne. Il y a ce qu’on appelle là-bas le tall poppy syndrome, autrement dit, il faut couper la tête qui dépasse. C’est un pays qui se veut égalitariste.

Vous pouvez donner un exemple ?

Oui. Le head coach des Tuggeranong Vikings, l’équipe pour laquelle je travaille, est Nick Scrivener. Il a une bonne réputation, a été entraîneur adjoint des Wallabies sous Robbie Deans puis Even McKenzie, et on nous le jalouse en quelque sorte. On entend dire, ailleurs, « Que vient faire Scrivener à ce niveau ? », au lieu de se réjouir de son implication et de souhaiter l’arrivée d’autres techniciens de renom dans les autres clubs. C’est dommage. Parce que c’est avec des structures et un encadrement de qualité qu’on a formé Tom Hooper, qui s’est imposé chez les Wallabies, ou son petit frère Lachie qui est chez les U20 et qui va bientôt exploser.

Lachie Tom Hooper
Les frères Lachie (à gauche) et Tom Hooper, deux jeunes flankers plein d’avenir. (© Sitthixay Ditthavong)

Tom Hooper est une révélation de cette équipe d’Australie 2023. Ce qu’on ne peut pas enlever à Eddie Jones, c’est qu’il a fait des choix forts et responsabilisé les jeunes. Ce pari était-il trop risqué ?

Une Coupe du monde se prépare en quatre ans, Eddie Jones est arrivé il y a neuf mois. Je pense qu’il a voulu s’inspirer de ce qu’a fait la France en 2019, en intégrant la nouvelle génération aux côtés de joueurs plus expérimentés.

Donc quand Jones déclare, en août, que l’Australie sera championne du monde, c’est de la com ?

Ça y ressemble oui. Eddie Jones est quelqu’un d’intelligent, il savait que sa marge de manœuvre était réduite. Mais même sans être champions du monde, son pari aurait pu (mieux) marcher. Il a joué de malchance avec les blessures.

Quand on se prive de Michael Hooper, de Quade Cooper, de Len Ikitau et d’autres, on compte sur ceux qui restent pour apporter leur expérience, comme Taniela Tupou et Will Skelton, et ils se blessent en cours de route

Il y a un déficit de maturité dans l’équipe. Les jeunes ont été soumis à une pression dont ils n’ont pas l’habitude. Un joueur comme Skelton est là pour canaliser, rassurer. Je connais bien Tom Hooper, qui vient d’un milieu rural, pour qui représenter l’Australie est une fierté énorme. Il est dépité. D’autant qu’en Australie il n’y a pas de promotion ni de relégation, les joueurs et notamment les plus jeunes ne sont pas habitués aux matchs à très fort enjeu, à forte pression.

Hooper Cooper
Michael Hooper (à gauche) et Quade Cooper, deux des grands absents de la sélection australienne. (© Getty Images)

L’idée d’aligner une équipe jeune n’était pas mauvaise. Mais ils se sont retrouvés dans une situation de stress intense. Le stress crée des problèmes des communications, on le voit très bien en touche. Mais les problèmes en touche sont plus profonds, c’est Dan Palmer qui a la charge de ce secteur. C’est un ancien pilier, qui est un excellent entraîneur de la mêlée, et on lui a confié la touche… Alors oui, quand tu perds Tupou et Skelton, tu perds de l’expérience, un axe droit puissant en mêlée et dans les mauls, certes. Mais tu ne construis pas un maul sans une touche propre ! Leur absence n’excuse pas tout.

Il y a des postes sinistrés, des problèmes de coaching, mais on peut noter quelques satisfactions. On parlait de Hooper, on peut citer son partenaire en troisième ligne, Fraser McReight.

Exact, mais ce n’est pas une révélation. Si vous regardez le Super Rugby, vous savez que McReight est performant et régulier depuis déjà plusieurs années. Il confirme au niveau supérieur, mais ce n’est pas une surprise. Avec Hooper et Rob Valetini – qui joue n°6 chez les Brumbies -, il forme une belle troisième ligne. Il y a plein de talent en Australie, le réservoir existe. Ce talent est dispersé, il faut aller le chercher dans les campagnes sinon il va se perdre ou finir au rugby league (à XIII, ndlr). Les joueurs des campagnes sont très fiers de leur pays, il faut leur donner une chance. Faute d’aller chercher ces joueurs, on fait jouer des Néo-Zélandais qui n’ont pas percé chez eux et tentent leur chance en Australie. Ce sont souvent des bons joueurs, mais ils voient l’Australie comme une opportunité professionnelle.

McReight Rob Valetini
Fraser McReight (à gauche) enlace Rob Valetini après la défaite contre le pays de Galles. (© AP)

Le talent est capté par le rugby à XIII mais Rugby Australia a lancé une contre-attaque. Le jeune Joseph Sua’ali’i va s’engager en Super Rugby, et il pourrait être suivi par Angus Crichton, autre joueur de NRL. Racheter les contrats des treizistes, c’est la seule solution ?

Ce n’est pas la meilleure idée à long terme. Pour moi, tout ça, c’est de la com, un coup d’éclat marketing. C’est une façon de dire aux plus jeunes « Regardez, les stars du XIII sont attirés par le XV ! On est attractifs, on existe. » Et pourquoi pas ? Il est évident que le rugby australien a un train de retard sur le marketing. Il y a une série documentaire sur la création d’une équipe NRL, Dawn Of The Dolphins, qui cartonne en Australie. Il faut prendre exemple. Il y a des joueurs australiens qui mériteraient d’être médiatisés, je vais encore citer Tom Hooper. Ce qui sauve le rugby à XV chez les jeunes, c’est que les parents savent que des valeurs sont transmises. Ils ne peuvent pas savoir comment leur enfant va se développer sportivement, mais ils savent qu’il se développera humainement.

Les mêmes valeurs n’existent pas dans le rugby à XIII ?

Moins. C’est observable. Il y a des écarts chez les quinzistes bien sûr, mais ces derniers temps en NRL, il y a eu pas mal de scandales, dont certains liés à la consommation de drogue. La mentalité n’est pas la même. Quand des treizistes migrent vers le jeu à XV, leur intégration est suivie de près par les staffs. Il subsiste une culture de l’alcool, de la bringue, qu’il faut surveiller.

« Jones n’a peut-être pas fait que des bons choix mais il a enlevé le bois mort. Écarter Quade Cooper a du sens, il a dû estimer qu’il n’était pas un bon exemple pour les jeunes. » 

Il y a en tout cas beaucoup de travail pour 2027 et la Coupe du monde en Australie. Est-ce que cet échec aura malgré tout servi à la jeune génération ?

Ça les aura fait grandir, sans aucun doute. Un garçon comme Tom Hooper était programmé pour 2027, mais il sera d’autant plus fort après avoir vécu ça. Jones n’a peut-être pas fait que des bons choix mais il a enlevé le bois mort. Écarter Quade Cooper a du sens, il a dû estimer qu’il n’était pas un bon exemple pour les jeunes. On pensait que Darcy Swain était installé aussi, et il l’a sorti. Ce qui estt plus surprenant car Swain, à mes yeux, a encore sa place.

Quade Cooper a été écarté, après un retour en grâce sous Dave Rennie. On pouvait alors s’attendre à un retour de Noah Lolesio, que vous avez connu chez les Vikings. Que pensez-vous de son absence ?

C’est vrai, c’est dommage pour Noah. Ça lui aurait fait du bien de participer à cette Coupe du monde. J’aurais bien aimé voir Lachie Lonergan des Brumbies aussi, au talon. Noah est parti faire une pige à Toulon, j’espère qu’il s’y plaît. Je ne suis pas le plus grand spécialiste du jeu d’arrières, je ne sais pas si finir avec Ben Donaldson en 10 était le plan. Mais j’ai lu des commentaires moqueurs sur Carter Gordon, les gens se demandent ce qu’il fait là. Sa présence n’est pas usurpée, il conduit le jeu des Rebels qui sont une équipe excitante du Super Rugby. Ils n’ont pas été loin car ils n’ont pas la profondeur de banc mais c’est une formation séduisante et Gordon n’y est pas pour rien.

Ben Donaldson Gordon
Carter Gordon (à gauche) et Ben Donaldson, symboles de la nouvelle génération des Aussies.

On a entendu Eddie Jones hué dans tous les stades de France par le public australien. Comment s’explique son impopularité ?

En Australie, tout le monde a un avis sur le sélectionneur ! À table, les Français écoutent le journal télévisé et discutent de la politique intérieure. En Australie, ça n’existe pas, on ne parle que de sport. Les riches, les pauvres, les populations immigrées, tout le monde suit l’actualité sportive. Jones est globalement impopulaire, c’est vrai. Vous remarquerez qu’il est provocateur en conférence de presse, c’est un moyen de prendre la pression sur soi et d’en décharger les joueurs.

Ça fait 20 ans que José Mourinho fait la même chose dans le football. Cette rhétorique n’est-elle pas usée ?

Eddie Jones regarde beaucoup ce qui se fait dans les autres sports*. En tout cas, ces provocations passent assez mal. Il était le sélectionneur des Wallabies en 2003 et a été battu en finale. Le Mondial avait lieu en Australie et soulever le trophée était la seule option. On ne lui a pas pardonné cet échec. On dit aussi de lui qu’il a tué la mêlée australienne, qui était une référence. Jones s’est toujours inspiré du XIII, où les phases statiques sont moins importantes. Les Australiens ont la rancune tenace. On lui reproche maintenant certains choix de joueurs…

*Le sélectionneur australien et le technicien portugais ont de nombreux points communs, en termes de communication, de management et de méthode d’entraînement. Eddie Jones se déclare adepte de la périodisation tactique, doctrine à la base des succès de José Mourinho, comme nous l’expliquions dans cet article.

Lesquels ?

Confier le capitanat à Will Skelton a été mal perçu, les gens regrettaient déjà Michael Hooper. Ils adoraient Rory Arnold et c’est Richie qui a été sélectionné. Et finalement, beaucoup commencent à comprendre. Les Australiens aiment les deuxièmes lignes aériens, comme Nick Frost. Skelton était moqué pour sa lourdeur quand il jouait aux Waratahs, il est devenu plus mobile en Europe. Richie Arnold est un peu plus lourd que son frère et ça ne leur plaisait pas non plus. C’est pourtant un bon joueur. Les gens contestent l’héritage de Jones, ses choix, puis pour eux, il reste un gars de Sydney, la capitale économique. Il est automatiquement perçu comme arrogant et le fait qu’il se soit expatrié au lieu de rester développer le rugby australien n’arrange rien.

Arnold Laurie Fisher
Coéquipiers aux Brumbies puis à Toulouse, les jumeaux Arnold – ici avec Laurie Fisher – se sont à peine croisés en sélection. (© Sitthixay Ditthavong)

Quand Dave Rennie est licencié au profit d’Eddie Jones en janvier 2023, comment cette décision est perçue ?

Le laps de temps jusqu’à la Coupe du monde était très réduit, donc les Australiens ont eu du mal à comprendre. Le bilan de Dave Rennie n’était pas fameux, même s’il avait sans doute des circonstances atténuantes. La première qualité de Rennie a été de bien s’entourer. Il avait bâti un staff de grande qualité, notamment avec Laurie Fisher, qui est très respecté au pays, et Dan McKellar. McKellar était à la tête des Brumbies, qui avaient le meilleur maul du Super Rugby avec celui des Crusaders de Jason Ryan, qui est désormais dans le staff des All Blacks. Mais le plus grand tort de Rennie, c’est d’être Néo-Zélandais.

Rennie Dan McKellar
Dan McKellar (à droite) a été l’adjoint de Dave Rennie chez les Wallabies entre 2021 et 2023. (© Getty Images)

Ce n’est pourtant pas le premier, il y a eu Robbie Deans par le passé.

Exact, mais les Australiens voient ça comme un désaveu pour les entraîneurs locaux, surtout si c’est au profit d’un Néo-Zélandais. C’est comme si on nommait un sélectionneur anglais en France.

En mettant en place Eddie Jones, Rugby Australia a pris une décision forte qu’elle va devoir assumer. On a l’impression que pour 2027, il n’y a pas d’alternative. Maintenant qu’on a donné les clés à Jones, il faut lui faire confiance. Non ?

Eh bien, je ne serai pas aussi catégorique… les Australiens voient toujours le verre à moitié plein, ils ont une mentalité de chercheurs d’or. Autrement dit, s’ils estiment qu’un autre peut les conduire au titre mondial, Jones sera menacé. Chaque crise apporte son lot d’opportunités, certains voudront profiter de la situation pour prendre le pouvoir. Si un lobby se construit autour d’une ou plusieurs personnalités, attention ! Je ne sais pas si Phil Waugh (directeur de Rugby Australia depuis juin 2023, ndlr) conservera sa confiance en Jones ou non, mais j’attends de lui qu’il fasse le bilan des 20 dernières années, car il n’y aura pas de progression sans remise en question.

Phil Waugh Eddie Jones
Avant d’être son directeur, Phil Waugh (au centre) a joué sous les ordres d’Eddie Jones. (© Getty Images)

Vous nous disiez que ce qui sauvait le rugby à XV en Australie, c’étaient les Wallabies. Est-ce que les Australiens sont encore amoureux de cette équipe, est-ce qu’ils parviennent à s’y identifier ?

Les Wallabies resteront toujours les Wallabies. Mais cette Coupe du monde a été vécue comme une humiliation. J’étais au stade lors de la défaite contre le pays de Galles, et j’ai vu des Australiens quitter les tribunes. Parce que les Wallabies avaient mis le genou au sol. Or, c’est ancré dans la culture, l’Australien meurt au combat. Il y a un film culte en Australie qui s’appelle Gallipoli. Il raconte la bataille des Dardanelles, en 1915, et le destin de jeunes soldats de l’Australian Army envoyés sur le front aux côtés des Alliés. C’est une référence pour eux. L’homme australien ne montre pas ses émotions, et on a vu des Wallabies pleurer après ce match. C’est dire si c’est traumatisant pour le pays.

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