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Top 14 : le mercato du Stade français à la loupe

Mercato Stade Français

Ça y est, le Top 14 2022-2023 a rendu son verdict. Cette saison qui aura vu le Stade toulousain décrocher son 22e bouclier de Brennus et le CA Brive quitter l’élite est terminée, et tous les regards sont tournés vers la Coupe du monde. À l’orée d’un exercice qui sera perturbé par la grand-messe du rugby mondial, les clubs n’ont pas oublié de s’armer pour rivaliser dans un championnat toujours plus concurrentiel. Au Stade français, on pose les bases d’un nouveau projet.

À Paris plus qu’ailleurs, on sait qu’une révolution en précède souvent une autre. Comme le patron Hans-Peter Wild est ce qu’on appelle dans les médias « un bon client », ses effets d’annonce ont une portée certaine. C’est le cas quand il déclare, dans L’Équipe, en avril 2022, vouloir « changer la culture du club », qui n’a « jamais été professionnelle ». Un entretien dans lequel il renouvelle sa confiance à l’endroit de Gonzalo Quesada, invoquant un « besoin de stabilité ». La Seine a coulé sous les ponts et c’est sans Quesada que se prépare la nouvelle saison.

Le staff

Le trio Quesada – Sempéré – Arias n’est plus. L’Argentin sera le sélectionneur de l’Italie en janvier 2024, Laurent Sempéré rejoindra l’encadrement du XV de France et Julien Arias – qui s’était vu proposer un poste à la formation – a finalement quitté le club. Quesada parti, ce sont Laurent Labit et Karim Ghezal qui sont les garants du projet sportif parisien. Le hic, c’est que les deux hommes, membres du staff des Bleus, préparent activement la Coupe du monde et ne peuvent courir deux lièvres à la fois.

En attendant leur arrivée, au terme de la compétition, c’est l’Anglais Paul Gustard (prolongé jusqu’en 2026) qui sera l’entraîneur en chef. Il sera assisté dans sa mission par le jeune retraité Morgan Parra. Davit Zirakashvili, coéquipier de Parra à Clermont, a lui accepté un rôle de consultant pour la mêlée parisienne, à raison d’une ou deux interventions par semaine. Enfin, le préparateur physique Ange-François Costella débarque en provenance de Perpignan.

Laurent Labit et Karim Ghezal rejoindront Paris dans quelques mois. (© Pierre Costabadie/Icon Sport)

Directeur du rugby : Laurent Labit
Entraîneur en chef : Karim Ghezal
Entraîneur des arrières : Morgan Parra
Entraîneur de la défense : Paul Gustard
Entraîneur des skills : James Kent
Manager de la performance : Kobus Potgieter
Consultant mêlée : Davit Zirakashvili

L’effectif

Engagés depuis plusieurs mois avec le Stade français, Labit et Ghezal ont avancé, avec Christophe Moni, responsable de la cellule recrutement, sur la composition de l’effectif pour la saison à venir. S’il fut agité en coulisse, l’exercice écoulé est l’un des plus satisfaisants, sur le plan sportif, de l’ère Wild. La durée de leur nouveau contrat n’a pas été précisé mais les piliers Moses Alo-Emile et Giorgi Melikidze, tout comme le capitaine Paul Gabrillagues, ont rempilé. Laurent Panis (2024), Peniasi Dakuwaqa (2025), Sergo Abramishvili, Pierre-Henri Azagoh, Julien Delbouis (2026) et JJ van der Mescht (2027) poursuivent eux aussi l’aventure en rose.

Les départs :

Contrairement à Dakuwaqa, Vincent Koch (pilier droit, 33 ans, non JIFF), Sitaleki Timani (2e ligne, 36 ans, non JIFF) et Paolo Odogwu (centre, 26 ans, non JIFF), arrivés comme lui en cours de saison, repartent déjà. Même destin pour Sione Tui (ailier, 23 ans, JIFF) qui retourne en Pro D2 du côté de Provence Rugby, en compagnie du demi de mêlée Arthur Coville (25 ans, JIFF).

La colonie des anciens Biarrots s’amenuise. Dachary, Arrate et Quesada ont quitté Paris. (© stade.fr)

Les centres Alex Arrate (26 ans, JIFF) et Théo Dachary (26 ans, JIFF) rejoignent aussi l’antichambre de l’élite, où va rester l’ailier Raffaele Costa Storti (22 ans, non JIFF), dont le prêt à Béziers est prolongé un an de plus. Le pilier droit Nemo Roelofse (28 ans, non JIFF), le 3e ligne Marcos Kremer (25 ans, non JIFF) et le demi de mêlée James Hall restent en Top 14. L’ailier Harry Glover (27 ans, non JIFF) et l’arrière Telusa Veainu (32 ans, non JIFF) mettent les voiles. Morgan Parra ne part pas bien loin puisqu’il va endosser le costume d’entraîneur des arrières.

Les arrivées :

Le pilier droit Hugo N’Diaye (22 ans, JIFF) revient d’un prêt à Rouen. De Pro D2 arrivent aussi le 2e ligne Tanginoa Halaifonua (26 ans, JIFF) et le 3e ligne Andy Timo (19 ans, JIFF). Un trio de demis de mêlée tout neuf va voir le jour avec le All Black Brad Weber (32 ans, non JIFF) et les Bordelais Jules Gimbert (25 ans, JIFF) et Hugo Zabalza (23 ans, JIFF). Derrière, le renfort de deux Anglais interviendra : Zack Henry, l’ouvreur de Pau (28 ans, non JIFF), et le centre des Harlequins Joe Marchant (26 ans, non JIFF). L’ailier rochelais Pierre Boudehent (25 ans, JIFF) complètera la ligne de trois-quarts.

Les mondialistes potentiels

Paul Alo-Emile, pilier droit, Samoa
Tanginoa Halaifonua, 2e ligne, Tonga
Giorgi Tsutskiridze, 3e ligne, Géorgie

Brad Webber (ballon en main) face à Cam Roigard : qui sera le troisième n°9 des All Blacks à la Coupe du monde ? (© Jeremy Ward / Photosport Ltd 2023 http://www.photosport.nz)

Sekou Macalou, 3e ligne, France
Brad Weber, 1/2 mêlée, Nouvelle-Zélande
Joe Marchant, centre, Angleterre

Notre avis

Après deux années où le club avait quelque peu « subi » les événements (départ anticipé de Fickou chez le rival, pertes de Danty et Waisea, etc.), c’est un Stade français plus conquérant qui mène sa barque en 2023. Dès l’annonce de l’arrivée de Labit et Ghezal, on parle d’une offensive pour Baptiste Couilloud, Tristan Tedder ou Olivier Klemenczak. Si ces joueurs ne rallieront pas la capitale, du beau monde va tout de même se présenter. Ce mercato parisien n’est pas si riche en quantité, mais il est riche par la diversité des profils qu’il offre.

Des paris sur l’avenir avec Hugo N’Diaye, auteur d’une saison pleine en Pro D2 mais peut-être encore tendre pour le Top 14, et le très jeune Andy Timo, un phénomène athlétique dont le développement sera à suivre de très près. Du recrutement « malin » axé sur la polyvalence, avec Halaifonua, un puissant porteur de balle, autoritaire dans les zones de contact, à l’aise en deuxième et troisième ligne, Zack Henry, ouvreur ou arrière gaucher au talent offensif indéniable, et le centre-ailier Pierre Boudehent et son gabarit atypique (1,96 m, 107 kg). Du « lourd » avec Brad Weber et Joe Marchant, deux internationaux en activité.

Pierre Boudehent défendra les couleurs du Stade français pour les trois prochaines saisons. (© Baptiste Autissier / Panoramic)

Des questions subsistent. N’Diaye et Timo auront-ils du temps de jeu en Top 14 dès la saison prochaine ? Brad Weber, dont l’arrivée était prévue après la Coupe du monde, va-t-il poser ses valises plus tôt que prévu ? Le demi de mêlée, qui excelle dans la conduite du jeu des Chiefs, ne figure pas dans la liste pour le Rugby Championship. Quoi qu’il en soit, le Stade français a assuré ses arrières. On évoquait un contrat de joker Coupe du monde pour Morgan Parra et un retour de Will Percillier, mais le premier va intégrer le staff et le second a mis un terme à sa carrière à 24 ans. Alors que Coville et Hall avaient déjà négocié leur départ, le club s’est rabattu sur Jules Gimbert puis Hugo Zabalza pour couvrir le poste. Dans le marché sinistré des n°9, Paris s’en sort bien avec ces deux-là, qui ont encore une marge de progression.

Le recrutement de Zack Henry – qui est loin d’être un mauvais joueur – jette une pierre dans le jardin de Léo Barré. Le jeune ouvreur va-t-il basculer pour de bon à l’arrière ? Est-ce Joris Segonds qui va être le perdant de ce ménage à trois ? Il sera intéressant d’observer les choix faits par le staff. Alors que la paire de centres Ward – Delbouis est une réelle satisfaction, le remuant Joe Marchant va-t-il redistribuer les cartes ? Une ultime recrue est-elle recherchée dans la ligne de trois-quarts ? Le Midi Olympique faisait état d’un intérêt pour Joe Jonas, qui va rester à Biarritz, alors que les discussions avec Samuel Ezeala, qui s’est engagé à Pau, n’ont pas abouti. Affaire à suivre.

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