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Montez dans le HoopBus : Symbole du Basket à Los Angeles

Le Café Crème Sport vous invite aujourd’hui à embarquer dans le HoopBus, un projet innovant qui s’est fait une place dans la communauté du Basket à Los Angeles comme dans le reste des États-Unis. L’histoire d’un jeune français qui s’est toujours accroché à ses idéaux, des terrains de Venice Beach à l’ensemble du territoire américain. Nous l’avons rencontré. Montez avec nous dans ce projet unique, quand le Basket devient un prétexte pour unir et aider toute une communauté.

Le Rêve Américain dans toute sa splendeur

C’est l’histoire d’un rêve. Le rêve d’un français qui a toujours vécu pour le Basket et les liens que la balle orange peut créer. Nicolas Gaillard, devenu Nick Ansom ou encore ‘’le punk de Paris’’ (pour Fox Sports en 2018) a construit tout seul sa légende à Los Angeles sur les légendaires terrains de Venice Beach. Tout commence en 1998 lorsqu’il débarque aux États-Unis en gamin de 15 ans, cherchant à faire son trou chez l’oncle Sam. Sa première destination ? Venice Beach. Pour mieux comprendre ce lieu de pèlerinage, il faut revenir 5 ans en arrière. En 1993, les salles obscures accueillent le film « White Men Can’t Jump » ou « Les blancs ne savent pas sauter » à la sauce francophone. Ce film où s’unissent Wesley Snipes et Woody Harrelson dans une histoire d’amitié émouvante autour du Basket est une révélation pour le petit Nicolas. « La première fois que j’ai vu le film en étant gosse, j’essayais d’imiter tous leurs gestes. Je voulais vivre cette vie ! ».

Wesley Snipes (à gauche) et Woody Harrelson (à droite) sont réunis pour le film  »White Men Can’t Jump » en 1993. Ils montrent à l’écran une histoire d’amitié émouvante entre deux basketteurs qui se servent de leur talent pour escroquer d’autres joueurs. (Crédits : 20th Century Fox)

Alors en 1998, il a décidé que son rêve allait devenir réalité. Pourtant, le punk de Paris ne sait pas parler un seul mot d’Anglais à l’époque, contraint de s’adapter, laisser son basket parler. La mission est presque impossible sur le papier. Sur les terrains de Venice Beach, on retrouve certains des meilleurs basketteurs de streetball des États-Unis. Nombreux sont les excellents joueurs qui n’ont jamais pu s’y faire une place. Alors imaginez l’ampleur du défi pour un petit français de 15 ans face à un monde qui ne lui ouvrait pas ses bras. Plein d’assurance, Nicolas Gaillard ne s’est pas rétracté. Il raconte avoir débarqué sur ces terrains en se servant des trois seuls mots anglais qu’il connaissait à son arrivée sur le tarmac de LAX : « Who got next ? ». Débarquer avec autant de cran sur les terrains de Venice Beach, dominés par la communauté Afro-Américaine et les différents gangs de la ville, n’est pas le moins risqué des paris.

Venice Beach est un symbole des États-Unis, un paradis sur terre où l’on rencontre toutes les communautés avec un seul mot d’ordre : Marche ou crève. Nico a commencé par se faire un nom sur les terrains du bas pour avoir une chance de jouer avec les meilleurs. Jouer au basket avec des débutants ou des sans-abris cherchant à passer le temps en une belle journée d’été ensoleillée, pour avoir une chance de croiser le fer avec ceux qui ont fait la légende de ces terrains. De victoires en victoires, il a réussi à se faire un nom, comme dans le film où Woody Harrelson l’a tant inspiré. Sur les pas de son idole, le talent ne suffit pas toujours et son mental a été durement défié. Il déclare avoir reçu des menaces de morts sur certains affrontements ; Tout le monde n’accepte pas de se faire marcher dessus par un gamin français inconnu au bataillon.

Nick Ansolm (balle en main) en action sur les terrains de Venice Beach, toujours le sourire aux lèvres. (Crédits : Hoopbus.com)

En 2006, les menaces de morts sont derrière lui, le gamin voulant ressembler à Woody Harrelson aussi. Nicolas Gaillard est devenu Nick Ansolm. Après avoir été l’inconnu de Venice Beach, il fait désormais partie des murs. Sa carrière universitaire oubliable en College Basketball aura servi à prouver une chose, il appartient à la rue. Le Basket classique à 5 contre 5 sur des parquets bien entretenus a eu raison de lui, et d’un mode de vie trop strict qu’il n’a jamais voulu connaître. Pendant ses années étudiantes il a cherché la gloire, mais loin des terrains du Santa Monica College où le Basket traditionnel est enseigné. Un soir, il s’est retrouvé à mixer dans une boîte de nuit pour Paris Hilton. Lorsque le propriétaire lui a demandé de continuer la fête avec lui dans un jet privé direction le Mexique, il a accepté avec conviction. De retour en Californie, sa lettre de renvoi de l’équipe a terminé son séjour idyllique, mais l’essentiel est ailleurs.

Libre de diffuser sa vision du Basket

Nick Ansolm est libre de retourner chez lui, à Venice Beach. Il crée en 2006 la Venice Basketball League sans trop de moyens financiers mais avec une volonté de fer. Les terrains de Venice Beach ne demandant qu’à être utilisés, et les fans étant les dizaines de milliers de touristes qui traversent la plage mythique chaque jour. Un cocktail explosif au potentiel certain pour créer une émulation. L’idée a fait son trou, le tournai réunissant chaque année de plus en plus de monde et un nombre croissant de joueurs au grand talent. Cette réussite est vite arrivée aux oreilles de la NBA avec des visites de Metta World-Peace ou encore George Hill dès ses premières éditions. Depuis, la ligue s’est aguerrie et a dépassé les limites de Venice Beach, elle fait régulièrement le tour des États-Unis. Mais Nick Ansolm n’est pas un homme prévisible. Il aime aller là où on ne l’attend pas et après ce succès bien établi, il a décidé d’ouvrir un nouveau chapitre. C’est comme ça qu’est né en 2020 sa nouvelle grande aventure : Le HoopBus.

« Touring the country » ou « Parcourir le pays » en français, est l’un des slogans du HoopBus. Nick Ansolm veut que son projet traverse l’ensemble des USA. (Crédits : Hoopbus.com)

« Le Hoopbus est né du besoin de réunir les gens qui prennent la route avec nous. Ça a toujours été un rêve pour moi de transformer un Bus scolaire. Retrouver ce sentiment de nostalgie qu’on trouve dans les films d’Hollywood avec le bus scolaire jaune emblématique. On a mis un panier à l’avant et à l’arrière de ce bus, et on a commencé à prendre la route pour faire quelques événements autour de Los Angeles. »

Nick Ansolm, fondateur du HoopBus.

L’idée est on ne peut plus simple. Dès que possible, Nick démarre son bus et part faire le tour de Los Angeles à la rencontre de la population. Un tel ORNI (Objet Roulant Non-Identifié) ne peut laisser indifférent dans une métropole aussi extravagante que celle de Los-Angeles, et de ses quartiers qui s’étendent à perte de vue. Avec ce bus, Nick Ansolm veut revenir à l’essentiel et unir les gens derrière le plus simple des appareils. C’est un peu lui, son bus, et ses deux paniers contre le reste du monde dans la recherche d’un idéal. C’est avec beaucoup d’amour à revendre que Nick Ansolm a pris le volant. Son HoopBus est un vrai porte-parole de la culture Basket à Los Angeles et de ce qu’elle doit représenter : Une façon d’unir les gens quel que soit leur sexe, opinion politique, classe sociale ou religion. Nick se sert du HoopBus pour aller à la rencontre des personnes trop souvent oubliées dans les quartiers les plus reculés de l’immense Los Angeles.

« Un jour on va de Santa Monica à South Central, un autre on va rénover des paniers aux quatre coins de la ville… On essaye de découvrir les plus beaux terrains cachés de la ville ! On rencontre toujours des gens formidables sur la route, la réaction des fans est incroyable. J’ai au moins une dizaine de personnes qui sont venues me dire que c’était le meilleur jour de leur vie ! Chaque fois qu’on se déplace avec le HoopBus, la magie opère. La réaction du public va au-delà de mes espérances. Quand tu aimes le Basket, c’est un peu comme si tu allais à DisneyLand. »

Nick Ansolm, à notre micro.

Quelle relation avec la planète NBA ?

Un mot d’ordre qui diffère de l’ambiance élitiste que peut diffuser la NBA armée de ses stars payées plus de 30 millions de dollars la saison. Mais pas question de créer une fracture avec la grande ligue américaine pour le HoopBus, bien au contraire. Les idées peuvent co-exister et si la NBA veut diffuser son produit auprès de toutes les populations, ce HoopBus est du pain béni. C’est ainsi qu’en Février dernier, le bus a traversé les États-Unis direction Chicago dans l’Illinois à l’occasion du NBA All Star Game 2020. En collaboration avec Puma, le bus a fait le tour de cette ville mythique du Basket américain dans la même effervescence que celle rencontrée à Los Angeles. Partout dans la ville, les bains de foules au passage du bus se sont multipliés, comme les fans intrigués par cette œuvre d’art sur roues. Le bus s’est arrêté dans différents quartiers pour laisser les affrontements sur ses paniers se dérouler. L’amour distribué à Chicago s’est fait ressentir. Le hashtag #ShowChiLove lancé pour l’occasion sur les réseaux sociaux est témoin de ces belles rencontres.

Le HoopBus, ici garé devant le United Center de Chicago, où s’est déroulé le All-Star Game 2020 en Février dernier. (Crédits : @HoopBus sur Instagram)

« Sur l’invitation de la marque Puma, on a emmené le bus jusqu’à Chicago et conduit à travers l’Amérique. C’était l’une des plus belles expériences de ma vie avec mon cercle proche de dunkers et d’artistes. On a partagé des moments, des souvenirs, rencontré du monde sur la route, disputé beaucoup de matchs sur le bus, c’était génial ! »

Nick Ansolm

Depuis, le Covid-19 est passé par là. Les événements de grande ampleur prévus dans le HoopBus (visites de stars NBA comme Blake Griffin) sont reportés, mais Nick Ansolm ne se fixe aucune limite ni frontières. Il nous a confié que l’Europe est sans-doute le prochain territoire à conquérir pour lui et ses ambassadeurs. Un retour aux sources naturel pour le français de naissance. Nick a surtout insisté avec nous sur sa volonté de se servir du HoopBus pour explorer les territoires méconnus. Aux États-Unis comme partout dans le monde, il veut partir à la recherche des lieux les plus isolés et faire découvrir sa vision du basket, avec tout le partage qu’il implique. L’avantage du bus, c’est que c’est lui qui va à la rencontre de la population et non l’inverse. Ainsi, la contrainte du déplacement vers l’événement que peut impliquer tout type de manifestation sportive ou culturelle est évitée. Ici, c’est l’événement qui vient à vous.

« C’est toujours un sentiment particulier de réunir tous ses amis pour aller jouer sur des sortes de lieux secrets ou dans des petites villes qui n’ont pas d’aéroport proche, les gens apprécient le moment encore davantage. On veut faire un tour des États-Unis également. On veut aller là où les gens ne vont pas habituellement car ce sont soi-disant des zones dangereuses. Ce sont les endroits qui ont le plus besoin de recevoir de l’amour. Nous voulons aller partout où nous pourrons inspirer une communauté. »

Nick Ansolm

Le Covid-19 n’est pas la seule crise qui a traversé les États-Unis en ce printemps 2020. Suite à la disparition tragique de George Floyd, assassiné par un policier dans les rues de Minneapolis, le mouvement des Black Lives Matter réunit des millions d’américains dans les rues contre le racisme. Le HoopBus participe à ce mouvement historique. Dans les rues de Los Angeles, Nick Ansolm conduit son bus aux côtés des manifestants. Sa présence transforme par instants les manifestations en grande fête dans une ambiance bon enfant comme en témoigne son compte Instagram. Une fois de plus, il veut unir toute une population. Depuis plusieurs jours : blancs ou noirs, pauvres ou riches, citoyens ou policiers, s’attroupent pour défiler aux côtés du bus et effectuer dunks et shoots fantasques pendant les manifestations. Malheureusement, cet amour du partage a été stoppé net lorsque la police de Los Angeles a décidé de confisquer le bus, samedi soir. Les circonstances de l’incident sont assez floues. Quand on a demandé à Nick Ansolm ce qui a provoqué l’enlèvement de son véhicule, il a préféré ironiser : « Il faut croire qu’on s’amusait trop ».

Le HoopBus, stationné en plein milieu d’une manifestation du groupe « Black Lives Matter » à Los Angeles. Il invite amateurs et passionnés à venir échanger quelques paniers dans leur combat contre le racisme. (Crédits : @HoopBus sur Instagram)

Le HoopBus redonne la parole au Basket le plus pur possible, celui qui ne ment pas ; Il témoigne de la vérité d’un instant à travers de belles rencontres. Comme le nomme Fox Sports dans un article en 2018, Nick Ansolm peut être considéré comme un « punk », mais ce n’est en rien péjoratif. Si en 2020 être un punk, c’est diffuser de l’amour et venir en aide à toute une communauté, alors nous encourageons le mouvement à se répandre. A l’échelle de Los Angeles, le HoopBus a réussi son pari dans une ville idéale pour un tel projet. Le climat social tendu a pour l’heure eu raison de lui, mais soyez en sûrs lors de votre prochain voyage à Los Angeles : Partout où se trouvera un panier de basket, un petit français accompagné de son bus ne sera pas loin.

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