Sélections nationales

Brésil 1 – 7 Allemagne (2014) : que s’est-il passé ?

8 juillet 2014, Belo Horizonte dans l’Estadio Minerão brésilien, une soirée que les supporters ne sont pas près d’oublier. Après deux matchs compliqués face au Chili puis à la Colombie pour la Seleção, les voici en demi-finales de la Coupe du monde 2014, sur leurs terres. En face, l’Allemagne, vainqueur de l’Algérie après prolongations et de la France sur un coup de tête de Mats Hummels. Match au sommet entre une équipe qui a tout à prouver sur sa pelouse et son public et une autre qui semble arriver pleine de froideur pour éteindre les flammes brésiliennes qui illuminent le stade et tout un pays au moment du coup d’envoi, 22:00, heure française. Mais … y a-t-il réellement eu match ?

Le film du match

Au moment du coup d’envoi, l’Allemagne aligne le même XI que contre la France. Le Brésil quant à lui doit faire face à des absences importantes : Neymar, touché contre la Colombie, n’est pas sur la feuille de match, comme son compatriote Thiago Silva, suspendu suite à une accumulation de cartons jaunes. Devions-nous nous attendre à un match fermé ? La puissance offensive du Brésil n’est plus la même sans Neymar et perdre son capitaine en la personne de Thiago Silva est forcément un poids pour cette équipe en jaune.

Composition Brésil-Allemagne (Wikipédia)

A 22:00 en France, le coup d’envoi est sifflé. Devant TF1 ou BeinSports, tous les amateurs de football étaient devant ce match. Tous s’attendaient à une belle rencontre mais qui aurait pu penser qu’un tel séisme arriverait ? Le coup d’envoi est tapé par Miroslav Klose et Thomas Müller. Voici les moments forts du match.

1’00 : le Brésil met déjà la pression aux allemands et obtient un corner. C’est repoussé par la défense allemande.
2’21 : Première frappe brésilienne à côté du cadre.
3’10 : Le stade ne s’arrête pas de chanter et contre-attaque des brésiliens mais le centre de Hulk est intercepté par Manuel Neuer.
7’00 : Première occasion dangereuse des allemands qui se rapprochent de la cage de Júlio César avec une frappe de Khedira repoussée.

Les premières minutes sont globalement dominées par le Brésil mais la défense allemande ne laisse rien passer. L’intensité physique dans les duels est néanmoins marquée par la forte présence allemande.

10’21 : BUUUT ! Sur un corner obtenu par les allemands et frappé par Toni Kroos, Thomas Müller, libre de tout marquage, reprend le ballon de volée et inscrit le premier but de la rencontre ! 1-0 pour l’Allemagne ! Le match est lancé.

Comment Müller a-t-il pu autant être oublié au point de penalty ? Quelle erreur de la défense !

Célébration de Thomas Müller après son but inscrit à la onzième minute.

15’04 : la possession est presque nettement à l’avantage des brésiliens mais ils ne trouvent toujours pas le cadre.
22’03 : BUUUUUT ! Passe de Müller depuis l’aile droite à Kroos, démarqué après une erreur d’appréciation de Fernandinho, qui la redonne dans la profondeur à Müller. Sur un jeu de passes courtes entre lui et Klose, ce dernier marque en deux-temps ! 2-0 pour l’Allemagne ! Le stade est sonné.
23’57 : BUUUUT ! Dans la foulée, Toni Kroos reprend un centre en demi-volée du pied gauche et place le ballon à gauche du but ! 3-0 pour les allemands ! Quel match !

Comment Toni Kroos a-t-il pu lui aussi se retrouver aussi seul à 16 mètres de la cage brésilienne ? Incroyable ! Le Brésil n’y est pas, le Brésil est en train de manquer sa demi-finale, chez lui !

25’02 : BUT BUT BUT BUUUUT ! L’engagement est à peine sifflé que Dante distribue une mauvaise passe à Fernandinho qui se fait subtiliser le ballon. Toni Kroos la récupère à l’entrée de la surface et se joue de la défense sur un une-deux avec Sami Khedira ! 4-0 !!

Le stade est complètement sonné, à l’image cet enfant brésilien en pleurs. Brésil 0, Allemagne 4.

En seulement 25 minutes, les allemands ont écrasé la défense brésilienne en inscrivant pas moins de 4 buts ! Les joueurs en jaune n’y sont plus du tout et le désespoir a remplacé la rage de vaincre.

28’45 : BUUUUUT ! L’Allemagne se joue encore trop facilement de la défense et Sami Khedira inscrit le cinquième but ! 5-0 !
45’00 : La mi-temps est sifflée, le match est plié mais les brésiliens devront subir une mi-temps supplémentaire et tenter de ne pas finir ridicules !

58’00 : Entrée d’André Schürrle en lieu et place de Miroslav Klose.
69’00 : BUUUUUT ENCORE !! Les allemands se baladent dans la moitié de terrain brésilienne jusqu’à faire des passes dans la surface sans être attaqués ! Khedira sur le côté droit la glisse à Philipp Lahm dans la surface qui passe en retrait à André Schürrle et qui inscrit un but facile ! 6-0 !
78’22 : BUUUUT ! Et quel but ! Schürrle, encore, s’infiltre tout seul dans la défense sur une passe de Thomas Müller et inscrit une magnifique demi-volée sous la barre ! 7-0 ! Incroyable déroute brésilienne en direct !

Les brésiliens n’ont toujours pas abandonné l’idée d’aller marquer un but. Ils ont plus le ballon et ont tiré plus de fois que les allemands. Quelle différence de réalisme !

89’56 : BUUUT ! Oscar se joue de Boateng grâce à un crochet extérieur et se retrouve seul face à Neuer. Le milieu offensif brésilien garde son sang-froid et inscrit le but d’honneur ! 7-1 !

90’00 : L’arbitre mexicain Marco Rodriguez siffle la fin du match, et quel match ! L’Allemagne est la première équipée qualifiée en finale de la Coupe du Monde 2014 et jouera face à l’Argentine ou les Pays-bas !

Analyse du match

Qu’a-t-il bien pu se passer lors de ce match ? Les brésiliens ont certes perdu leur meilleur atout offensif et leur capitaine en défense mais, était-ce vraiment une raison pour faire un tel non-match ? Il faut dire que la froideur des allemands et leur simple envie de tout écraser a primé sur cet aspect déjà compliqué du match côté brésilien. Comme dans tout match de football à enjeux, les sentiments n’ont pas forcément leur place et l’Allemagne a terrassé les brésiliens, sur leur pelouse, devant leurs supporters. Les pleurs des enfants, des femmes, des hommes, n’ont pas arrêté le rouleau-compresseur allemand. Si le foot s’arrêtait au nombre de frappes et à la possession, il aurait été difficile de penser qu’en voyant le Brésil frapper 18 fois au but et avoir la possession sur l’Allemagne, ils auraient pris une gifle pareille.

Erreurs défensives

Sur chacun des buts inscrits par l’Allemagne, on voit une énorme erreur de la défense. Prenons d’abord les buts inscrits en première mi-temps :


Dans ces quatre premiers buts, une erreur défensive est à l’origine de la balade allemande. La défense est complètement perdue. Sur le but de Muller (en bas à gauche du quadrillage), l’ensemble du marquage au corner est fait sur 3 joueurs et Müller arrive à se détacher de la zone sans que personne ne le voie. Que font les 7 brésiliens au moment de la frappe de l’allemand ? Sur le but de Klose (en haut à droite du quadrillage), tout part d’une balle perdue par Fernandinho, la première parmi tant d’autres. A partir de là, on retrouve une fois de plus 7 défenseurs brésiliens contre les 4 attaquants allemands. Müller peut tranquillement faire un appel dans la profondeur puis faire une remise dans les pieds de Klose sans qu’aucun défenseur ne le suive ou le presse. Sur le troisième but, celui de Kroos (en haut à gauche du quadrillage), 6 défenseurs brésiliens sont dans le surface, seulement un joueur allemand est marqué, et personne sur le côté droit de la défense ne peut poser de problème au tireur. La passivité et le désordre de la défense se font encore plus ressentir sur le quatrième but, regardez. Sur l’image, on comprend qu’à 3-0, les brésiliens sortent plus haut. Seulement 4 défenseurs sont dans leur camp contre 4 allemands. Néanmoins, quand une équipe joue si haut, il faut limiter à 99% les erreurs de relance et c’est pourtant ce qu’a réussi à faire Dante à Fernandinho. La pression du score entraîne les erreurs de communication, de passes courtes et simples, des bases footballistiques.

Inefficacité offensive

Cette fois-ci, pas besoin d’images pour illustrer la pauvre efficacité offensive des brésiliens. En effet, l’absence de Neymar, le symbole de cette équipe brésilienne, se fait ressentir. Neymar, seulement âgé de 22 ans, était déjà le point d’ancrage de la Seleção et sa blessure a été vécue comme un coup derrière la nuque. Que valait l’attaque des brésiliens sans Neymar ? On l’a vu lors de ce match à haute tension, offensivement les joueurs de Scolari n’ont rien apporté. Les courses de Daniel Alves et de Marcelo n’ont pas été au niveau, le placement d’Oscar, Fred et Hulk n’a pas permis à Neuer d’être inquiété. Il faut dire que la défense allemande était surprenante : ils n’ont rien laissé passer – sauf la dernière balle du match. Cette inefficacité se traduit également par le nombre de frappes effectuées par les brésiliens. Au nombre de 18, une seule aura inquiété le portier allemand puisqu’il s’est incliné face à la frappe d’Oscar à la dernière minute. Les allemands ont tiré à 16 reprises et ont pourtant inscrit 7 buts. On dit souvent que le réalisme et la chance se provoquent mais quand l’importance de ce match devant ton public te fait oublier les bases originelles du football, il est plus difficile de croire en ses choix que de chercher à convaincre ceux qui les regardent.

Extrême domination allemande

Il est facile de tirer sur une équipe qui encaisse 7 buts en demi-finale de Coupe du Monde. Il faut tout de même féliciter les allemands pour leur incroyable domination psychologique et physique. Leur réalisme n’a eu d’égal que leur froideur face au but brésilien, en atteste André Schürrle entré en jeu à la 58e minute et qui marque un but dix minutes plus tard. Aurait-il pu célébrer sobrement pour ne pas enterrer le moral des brésiliens ? Il aurait pu, oui, mais l’a-t-il fait ? Certainement pas. Après avoir inscrit le sixième but de la rencontre, Schürrle a couru écarter les bras devant le virage du stade faisant face à la joie des supporters allemands, cachés dans la foule de pleurs brésiliens. C’est cette froideur qui a marqué le match, cette sensation de surdomination dévastatrice qui fut imposée par le groupe allemand, celle qui te dit « n’essaye pas » car elle n’a pas de répit pour les émotions. Cette Allemagne de Joachim Low fut monstrueuse et la comparaison à une machine n’était et n’est toujours pas trompeuse.

(source : Eurosport)

Les larmes des brésiliens n’ont pas empêché les allemands de leur marcher dessus. Le but d’Oscar à la dernière minute ne change indéniablement rien. Un silence lourd de sens frappe le stade au moment de cette ultime action.

Il n’existe pas d’analyse tactique de ce match. Il n’y a pas eu de tactique. Le Brésil n’avait pas ses deux meilleurs joueurs et le trop plein d’émotions tant négatives que positives les a fait exploser après le deuxième but allemand. A partir de là, le match était plié. Les défenseurs ne communiquaient plus, les attaques se faisaient sans conviction et puis de toute façon, les allemands ne laissaient strictement rien passer. Ce match est entré dans l’histoire de la Coupe du Monde et plus généralement dans celle du football. Les brésiliens n’étaient pas prêts à ça et Scolari le dit lui-même, il a vécu la pire soirée de sa vie.

(Image couverture : Eurosport)

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