A l'affiche Ligue 1

Qu’aurait donné la version Française de « The English Game », la nouvelle série Netflix ?

Last Chance U, Sunderland Til I Die, Formula 1 Drive to Survive, Netflix n’as pas attendu bien longtemps avant de se lancer sur le filon « sport » dans leurs séries. Et la dernière en date, « The English Game », rencontre un succès probant chez les fans de football. En revenant sur les débuts du foot, la série mets en lumière les différences sociales dans l’Angleterre de la fin du XIXe, et ses conséquences dans le football, sport en vogue de cette période.
Alors, au CCS, on s’est posé plusieurs questions, auxquelles nous allons répondre aujourd’hui.

Alors, la série, elle est comment?

The English Game revient sur la démocratisation du football, jusque-là réservé aux élites de la bourgeoise des « Public Schools », dans les années 1870 et qui déclencheront plus tard la professionnalisation de ce sport. Le contexte footballistique de la série se concentre sur trois factions : les Old Etonians (dernier club amateur à avoir remporté la FA Cup), Darwen FC (premier club ouvirer à atteindre les quarts de finale de la Cup) et le Blackburn FC, un autre club d’ouvriers.
Les premiers sont perçus comme les défenseurs du jeu des « gentlemen » propre à la morale aristocratique et qui perçoit mal l’appropriation de leur sport par d’autre catégorie. Darwen et Blackburn, clubs du Lancashire (région industrielle du nord de l’Angleterre) sont le symbole du bassin ouvrier, qui voit dans la professionnalisation du football, un moyen rapide de bâtir des équipes compétitives et de gravir l’échelon social. Ces deux mentalités étant portées sur le terrain par l’idéologie du « Dribbling Game » bourgeois et individuel contre le « passing game », conception plus collective et représentative du monde ouvrier.

Fergus Suter, à gauche, et Arthur Kinniard, balle au pied. (Crédits : The English Game)

Au fil des six épisodes que comporte cette saison, les conflits sociaux, les problématiques économiques, les questions liées la maternité ou les histoires personnelles se font rapidement une place de choix. Si une dualité existe entre monde ouvrier et jeunesse bourgeoise, démontré à travers les conflits sociaux notamment, les intérêts de chacun apportent une nuance et une complexité de nature à créer des désaccords profonds au sein d’un même milieu. Les personnages principaux, Fergus Suter, Ecossais qui vient prêter main forte à Darwen et Arthur Kinnaird, joueur phare des Olds Etonians et fils de banquier, viennent structurer à travers leur parcours cette complexité, déjouant les préjugés propres à chacun.

Mais, la réalité est-elle réellement retranscrite?

Attention Spoiler ! Si vous n’avez pas encore vu la série, on vous invite à passer directement au paragraphe suivant (juste, dans l’ensemble, la réalité est bien respectée!).Alors, tout d’abord, on vous renvoie vers l’excellent article des Cahiers du Foot qui ont développé l’histoire de Fergie Suter. Comme il est souligné dans l’article, Jimmy Love quitte, dans la vraie vie, Darwen bien avant Fergie. Fergie, d’ailleurs, perdra sa première finale de Cup, Il y a plusieurs écarts, sûrement volontaires, de la série, afin de romancer le récit, mais l’histoire du conflit social, de l’arrivée du professionnalisme, des premiers transferts est belle et bien retranscrite, et c’est là tout le cœur de la série. Faire découvrir à son audimat les réels débuts du football, que ce soit hors terrain comme on vient de le voir, mais aussi sur le terrain.

Les premiers systèmes tactiques. Crédits : The Telegraph.

Par exemple, Fergie Suter explique dans une scène vouloir changer de système tactique : plutôt qu’un 2-2-6 (!), il veut passer en 2-3-5. De plus, il explique à ses nouveaux coéquipiers qu’il peuvent jouer autrement qu’en faisant des différences individuelles, mais aussi en faisant des passes, en se rendant disponible. Ces changements sont les premiers balbutiements tactiques, et sont de réelles révolutions dans l’Angleterre de la fin du XIXe. La série démontre aussi, au fur et à mesure, à quel point le football a très vite été un élément rassembleur pour les anglais, notamment via le nombre grandissant de spectateurs, de clubs inscrits chaque année à la Cup etc. Le football est, dès ses débuts, devenu très vite très populaire en Grande Bretagne. Mais, quid de la France ?

Et en France, c’était quoi les débuts du foot?

Exporté par les commerçants, navigateurs et intellectuels anglais, le football se concentrent en France dans les villes portuaires et les grands centres urbains. Si le Havre est officiellement le doyen des clubs français, c’est bien à Paris que l’effervescence est la plus forte. Les premiers clubs se composent dans les milieux scolaires et sont membres de l’USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques), qui regroupe des associations omnisports. Elle va accueillir le football avec réticence, lui préférant le rugby moins prolétaire et plus en accord avec les principes amateurs prônés par la République.
Le football est également assez mal vu en France en cette fin de siècle anglophobe, car ses règles sont d’inspiration britannique. Les clubs d’Anglais, tel le Standard Athletic Club, réservé aux seuls britanniques, ou les White Rovers, club fondé par des Ecossais dont la légende veut que leur manque de sobriété n’ait d’égal que leur talent, sont donc regardés d’un assez mauvais œil. Néanmoins, l’USFSA crée en janvier 1894, une commission chargée de gérer le Football-Association. Bientôt, un tournoi à élimination directe à six clubs, dont le Club Français composé uniquement de joueurs tricolores, voit le jour. Les clubs britanniques dominent les premières éditions et une coupe est offerte aux vainqueurs, don de James Gordon Bennett.

En 1896 neufs clubs vont s’affrontent dans un vrai championnat copié sur le modèle anglais. Et, pour la plus grande humiliation du Standard et des White Rovers, c’est le Club Français qui s’impose. Le 11 avril, les Rose et Noir sont officiellement sacrés champions. Bien que les médias de l’époque fassent encore peu de cas du ballon rond -les matchs n’excèdent pas les 2000 spectateurs-, ce succès va compter pour le football hexagonal. Des Français (Huteau ; Daumy, Lambert ; Strittmater, Bernat, Block ; Lainé, Bruno, Peltier, Garnier et Fraysse) viennent de s’approprier un peu de ce sport si britannique. Tandis que le football commence à se répandre de plus en plus sur le sol français.

Quels acteurs pour un remake « à la Française »?

Laissons l’histoire de côté et passons à la romance.Si Netflix décidait d’adapter les débuts du foot en France, il est clair qu’Eugène Fraysse serait le héros de cette série. Il nous faudrait donc un acteur jeune, charismatique, qui pourrai nous faire passer par toutes les émotions. Vous avez pensé à Pierre Niney ? Nous aussi! Et pour l’accompagner et endosser le rôle de Charles Bernat, grand ami d’Eugène Fraysse, César Domboy semble pouvoir être le candidat idéal. Eugène Fraysse a marqué l’histoire du football Français, grâce à son ouvrage Football Association, co-écrit avec les frères Tunmer, Arthur et Neville, qui jouèrent au Standard Athletic Club, qui domina une partie du football de l’époque. Pour ces frères, qui nécessitent la faculté de parler français, il serai intéressant de se pencher sur les cas de Tom Hiddleston et Joseph Gordon-Lewitt.

Et parce qu’il faut toujours un méchant, un ennemi, Jack Wood, adversaire d’Eugène Fraysse, pourrait être interprété par Alex Lawther, que l’on verrait dans un rôle très différent de ce qu’il a effectué jusqu’ici. L’anglais, qui parle couramment Français, devrait s’étoffer physiquement, mais il est jeune, mystérieux et pourrai s’avérer être un bon adversaire. Enfin, Gordon Bennet, journaliste américain émérite et fantasque de son temps, remettait les trophées de champion de Paris entre 1896 et 1914. A voir l’importance qui pourrai lui être donnée dans la série, mais nul doute que Cristophe Lambert remplirai ce rôle à merveille. Enfin, si toute bonne série possède toujours une histoire d’amour, Lily Rose Depp et Karla Souza, deux actrices maîtrisant parfaitement l’anglais et le français pourraient intégrer le cast. Alors Netflix, si tu nous entends ….

« The English Game » représente une histoire unique dans le berceau du football. La France, quant à elle, possède une histoire assez représentative de l’essor du football à travers le monde. S’il y a peu de chances que Netflix se penche sur l’idée de l’adapter en France, il y aurai la possibilité d’adapter les problématiques sociales et économiques soulevés dans la série en facteurs politiques et diplomatiques liés à l’Histoire Française. Dans tout les cas, on ne peut que vous conseiller cette série à l’accent si british, qui est l’occasion d’agrandir un petit peu plus sa culture foot, tout en passant un bon moment.

(1 commentaire)

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Café Crème Sport

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading