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Anthony Turgis, flahute alors !

Depuis 2 ans, Anthony Turgis est devenu un homme à surveiller sur les Classiques flandriennes. Si l’on parle beaucoup de Julian Alaphilippe, le cadet de la fratrie Turgis a toutes les cartes en main pour devenir la référence sur les courses pavées.

Il est là, tapit dans l’ombre du cyclisme français depuis quelques années. Souvent placé, rarement gagnant. Anthony Turgis a progressé, il a monté les échelons jusqu’à devenir l’un des acteur principal des Classiques Flandriennes. Un statut auquel il ne pressentait pas au début de sa carrière, qui est loin d’être finie.

Vainqueur de Liège-Bastogne-Liège Espoirs en 2014 devant Dylan Teuns et Tao Geoghegan Hart et médaillé de bronze sur le profil vallonné des Mondiaux U23 de Richmond en 2015, Anthony Turgis semblait destiné à dompter le Mur de Huy, le Poggio et toutes autres montées difficiles. Mais « il fallait se rendre à l’évidence que les meilleurs étaient de très bons grimpeurs, et le cran a passé trop élevé pour moi », explique-t-il à Vélo Magazine. Alors direction la Belgique et le Nord de la France pour se confronter aux pavés qu’il connait bien puisqu’il a terminé second de Paris-Roubaix en junior.

Anthony Turgis attend toujours la victoire qui lui fera passer un cap.

Fort physiquement et mentalement

Peu importe l’adversité, Anthony a toujours su la gérer. Son côté malin lui donne la chance de bien figurer même s’il n’est pas le plus fort. Comme le raconte son frère, Jimmy, lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Alors qu’Anthony Turgis se trouve dans le premier groupe, il voit Stefan Küng le doubler juste après la jonction du deuxième groupe. Problème, Démare n’est pas là et le flahute de la Total Direct Energie calque son sprint sur l’ancien champion du monde Mads Pedersen. Résultat : Deuxième derrière le rouleur-sprinteur danois.

Une vision de course et une lucidité que peu de coureurs ont après plus de 200 kilomètres d’effort. Et pour espérer l’emporter, il en a besoin puisqu’il est régulièrement accompagné par des coureurs plus rapides que lui. Exemple lors des Championnats de France à Mantes-la-Jolie en 2018. A cette époque, il porte encore le maillot Cofidis et après 250 kilomètres de course, il est dans un quatuor de tête en compagnie de Pierre Latour, Anthony Roux et Julian Alaphilippe. Guillaume Martin ayant attaqué à la flamme rouge, son principal rival au sprint est Alaphilippe et il le sait. Anthony Turgis va donc se prêter à un exercice qu’il affectionne pour surprendre le champion du monde, le sprint long. Lancé aux 400m, il va surprendre Alaphilippe mais tomber sur plus roublard que lui : Anthony Roux. Pas simple de décrocher le maillot tricolore.

Seul Mathieu Van der Poel a résisté au flahute français lors d’A Travers la Flandre 2019.


Il s’est retrouvé dans la même situation à l’arrivée d’A Travers la Flandre 2019. Cette fois-ci, ils étaient 5 devant. Jungels, Benoot, Pöstlberger, Van der Poel et lui. Alors même s’il se sait rapide au sprint, il reste lucide par rapport à Van der Poel et sait qu’il est impossible de le battre sur un sprint pur. Alors le Français se laisse décrocher à l’arrière du groupe pour partir de loin. Bonne idée. Mais pour gagner, il aurait fallu que le phénomène néerlandais ne tourne pas la tête à ce moment là. Alors 400 mètres plus loin, c’est encore Van der Poel qui lève les bras, devant un Anthony Turgis, toujours confiant et prêt à repartir au front pour décrocher le succès de renom qu’il attend.

En pleine force de l’âge

Et il faut dire qu’en 2021, il a une nouvelle fois tourné autour. En vain. Pourtant avec l’arrivée de Niki Terpstra chez Total Direct Energie l’an passé, cela lui laissait moins de chance d’arborer le statut de leader sur les classiques flandriennes. Mais c’était sans compter sur sa force de caractère et son abnégation. Anthony Turgis ne lâche jamais rien et ça se voit. Sur toutes les classiques où il a été aligné cette saison, le nouveau protégé de Jean-René Bernaudeau n’a pas terminé une seule fois hors du top 15. 12è du GP La Marseillaise, 15è de l’Omloop Het Nieuwsblad, 2è de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, 10è de Milan-San Remo, 12è du GP E3, 9è de Gent-Wevelgem, 8è d’A Travers la Flandre et 8è du Tour des Flandres, Anthony Turgis est sans aucun doute l’un des plus réguliers du peloton sur ce type de course.

Anthony Turgis n’est pas sorti une seule fois du top 15 sur les Classiques en 2021. (Crédits : Twitter Total Direct Energie)

Mais s’il est aussi régulier, c’est aussi parce qu’il est bien entouré dans l’équipe vendéenne. Hormis Niki Terpstra qui apporte son expérience, la présence d’Adrien Petit, Geoffrey Soupe et Damien Gaudin n’est pas étrangère à son succès. Sa capacité à frotter et à se placer lui permet d’éviter les efforts superflus et de garder de la fraîcheur dans le final. Mais faut-il encore l’utiliser à bon escient. Si jusqu’ici il est souvent placé sur ce type de course, il lui manque ce petit quelque chose pour faire la différence. La justesse. En effet, Anthony Turgis se retrouve régulièrement à contre-temps et l’assemblage de tout ces petits efforts lui coûtent dans le final. Exemple lors du dernier Tour des Flandres où le coureur de la Total Direct Energie a dû revenir seul sur le groupe de tête composé de Van Aert, Van der Poel, Alaphilippe et Asgreen. Ou encore lorsque Van Avermaet et Stuyven sortent dans le final à la poursuite d’Asgreen et Van der Poel. Qu’en aurait-il été s’ils étaient sortis à 3 en contre ? On ne le sait pas mais cela aurait pu être différent.

Du haut de ses 26 ans, Anthony Turgis est en pleine force de l’âge. Pour autant, il est encore en apprentissage face aux meilleurs mondiaux de la discipline. Mais aucun doute, Anthony se mêlera à la victoire sur les classiques flandriennes encore un bon bout de temps. Promesse.

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