Tennis

Roland-Garros : grands champions et petites histoires

L’édition 2021 du plus beaux des tournois de terre battue a enfin livré son verdict. Chez les hommes, Novak Djokovic décroche son dix-neuvième titre du Grand Chelem, revenant ainsi à une petite longueur de ses deux rivaux Federer et Nadal. Chez les femmes, c’est Barbora Krejcikova qui s’impose, réussissant l’exploit de remporter les tableaux de simple et de double. Pendant deux semaines, les héros du circuit mondial ont régalé le public revenu en jauge modéré, par le jeu d’une part, et par d’étonnantes décisions aussi. Retour sur une quinzaine marquante, à plus d’un titre.

Djoko, quel champion !

Novak Djokovic après sa victoire à Roland-Garros (Crédit : Eurosport)

Pris en grippe par une partie du public parisien, Novak Djokovic n’a que faire des critiques à son égard. Le Serbe est ici pour écrire l’Histoire, peu importe ce qu’en pensent les observateurs qui gravitent autour de lui. En battant Stefanos Tsitsipas au terme d’une spectaculaire finale (6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4), Nole s’adjuge son dix-neuvième titre en Grand Chelem, avec la particularité d’être le premier joueur de l’ère Open à avoir remporté au moins deux fois chaque tournoi. Mort de faim, assoiffé de succès, attiré par les sommets… Les qualificatifs manquent pour décrire l’état d’esprit et la force de caractère de Novak Djokovic. Ses cris de rage face à Matteo Berrettini ne trompent pas, Djoko a une quête sacrée, et il compte bien se donner les moyens de justifier sa place, convoitée, de meilleur joueur de tous les temps. Si ses sorties aux vestiaires lorsqu’il est mené interrogent certains, il ne faut pas y voir ici un malsain stratagème de triche. Djoko a sa méthode, connaît les règles du jeu aussi bien qu’il connaît son corps et son mental. Avant que la NextGen ne prennent définitivement le relais, les vieilles canailles sont toujours en service, et il faudra se lever tôt pour les battre. Malgré quelques trous d’airs face à Musetti et Tsitsipas, le Serbe a fait preuve d’une forme physique incroyable. Poussant sans cesse son adversaire à jouer un coup de plus, Djokovic a écœuré tout le monde, y compris ses haters.

Krejcikova fait coup double

Barbora Krejcikova qui remporte son premier titre du Grand Chelem (Crédit : Die Zet)

Nouvelle numéro une mondiale du double, et 13ème au classement WTA depuis lundi, Barbora Krejcikova a fait une quinzaine digne des plus grandes à Roland-Garros. Portée par un jeu conquérant, elle a construit un succès qui sera éternel. Elle se fait une place à côté de Mary Pierce qui est la dernière joueuse à avoir réalisé l’exploit de connaître le succès en simple comme en double en 2000. D’abord sacrée samedi après-midi après avoir fait la pluie et le beau temps sur le court Philippe Chartrier. Elle a de nouveau soulevé le trophée lors du double avec son amie Katerina Siniakova, dans un match plein de maîtrise. Barbora Krejcikova est bien la femme de cette quinzaine. Arrivée Porte d’Auteuil, en pleine confiance grâce à son premier titre en simple gagné à Strasbourg la semaine précédant le Grand Chelem, c’est une joueuse sûre de son tennis qui s’est présentée face à la sœur jumelle de Karolina Pliskova au premier tour. Auteure de deux parcours remarquables en simple et en double, le public parisien et ses adversaires resteront marqués par un topspin coup droit ravageur qui l’emmena jusqu’au bout de ses rêves.

La bombe Osaka

Avant de parler des vainqueurs, le monde du tennis a suivi les premiers tours de ce Roland avec attention. Et dès la première journée, il faut bien avouer que l’on a été servis. Faisant part de son mal-être vis-à-vis des interviews et des conférences de presse incessantes, Naomi Osaka a (ironiquement) attiré les projecteurs sur son cas. La joueuse japonaise, tête de série numéro 2, n’a joué qu’un seul match, qu’elle a gagné, avant de se retirer du tournoi. Sous la menace de sanctions en tout genre, Osaka a préféré partir, n’expliquant son choix que sur ses réseaux sociaux personnels. En plus d’avoir une incidence sportive sur un tableau féminin déjà bien difficilement lisible en première semaine, cette situation a également permis de découvrir des points de vue divers au sujet de la santé mentale et psychologique des sportifs de haut niveau. Toujours sollicités, questionnés, entendus mais finalement très peu écoutés, ces champions doivent composer avec un système médiatique parfois peu enclin à considérer leurs états d’esprit. Du droit de la presse à la liberté de se taire, le retrait de Naomi Osaka a soulevé un sujet jusqu’alors enfoui plus ou moins consciemment.

Le retrait de Roger Federer

On a adoré son élégance, mais sa sortie peut manquer de classe pour certains (Image : Eurosport)

Si le départ anticipé de Naomi Osaka a provoqué un séisme porte d’Auteuil, celui de Roger Federer à l’aube des huitièmes de finale a également suscité des réactions de taille. La légende suisse s’avançait en terre parisienne avec peu de repères. Choisissant scrupuleusement ses tournois, Roger Federer a pour ambition d’être prêt physiquement pour Wimbledon, et qui sait, pour les Jeux. Ainsi, après avoir écarté ses deux premiers adversaires Denis Istomin et Marin Cilic, Federer a difficilement battu Dominik Koepfer (7-6, 6-7, 7-6, 7-5) au troisième tour de Roland. Sûrement touché par ce match disputé, le Suisse annonce dès le lendemain son retrait du tournoi. Quelques heures après avoir fait part de son plaisir toujours aussi important lorsqu’il se trouve sur un court, raquette en main, le Suisse s’en va. Entre déception et compréhension, les suiveurs du tennis peinent à soutenir Federer. A-t-il manqué de respect à Roland-Garros ? En utilisant les Internationaux de France comme un tournoi de préparation, il s’est attiré quelques commentaires négatifs. Le constat est clair : on le comprend, mais on ne voulait pas le voir partir ainsi. Pas pour ce qui ressemble à son dernier Roland… peut-être.

L’été italien

Ils ont fait trembler leurs adversaires tout le long de cette saison sur terre. Le trio azzuri composé de Matteo Berrettini, Jannik Sinner et Lorenzo Musetti est entrain de ramener le tennis italien sur le devant de la scène. Les nouveaux numéros 9, 23 et 61 mondiaux semblent armés pour s’installer dans le top 10 mondial et gagner des grands titres, pour enfin succéder à Adriano Panatta, dernier vainqueur italien en Grand Chelem en 1976. C’est bien le premier cité qui a marqué les esprits sur terre, en remportant le tournoi de Belgrade puis en se hissant jusqu’en finale à Madrid. À Paris, il s’arrête en quarts après avoir poussé Djokovic dans ses retranchements et démontré toute son aptitude à agresser côté coup droit. Pourquoi pas le voir performer sur gazon ? Réponse dans les semaines qui viennent. Jannik Sinner s’est lui montré régulier. Il est encore un peu tôt pour espérer le voir atteindre des demi-finales d’un Grand Chelem, le garçon ayant encore besoin d’engranger de l’expérience et de perfectionner ses coups, bien que sa technique des deux côtés soit une base solide. Il est évident qu’à 19 ans, sa marge de progression est énorme. Malgré cette jeunesse, il est capable d’inquiéter n’importe qui lorsqu’il est en confiance. Va-t-il poursuivre sur cette deuxième partie de saison sa folle ascension ? Lorenzo Musetti a lui un an de moins, mais sa technique tennistique est tout aussi bien rodée. Une belle saison sur terre pour lui aussi. Il sort avec les honneurs à Paris en huitièmes après avoir réussi l’exploit de mener deux sets à zéro contre ce diable de Djokovic, décidément bourreau des transalpins à Roland. Qu’importe, on reverra sans aucun doute ces trois-là briller très prochainement. Sans oublier le fougueux Lorenzo Sonego, encore trop irrégulier parfois… Quel vivier !

Mahut/Herbert au firmament

Mahut et Herbert s’offrent un deuxième Roland Garros (Crédit : Roland Garros)

Ce cinquième titre du Grand-Chelem pour la paire Mahut-Herbert n’a pas été de tout repos. Il s’agit même sûrement du tournoi le plus compliqué à gagner pour la paire française. En effet, les deux joueurs sont passés à plusieurs reprises proche de l’élimination. Lors des trois premiers matchs, Mahut et Herbert on eu besoin de 3 sets pour s’imposer avec notamment un tie-break décisif dans la dernière manche du troisième tour alors qu’ils avaient encaissé un sévère 6/0 dans le premier set. Là où ils sont passés à deux doigts de se faire éliminer, c’est en demi-finale contre la paire colombienne Cabal-Farah. Les deux Français se retrouvent mené 7/6 5/3 quand sur leurs services ils sauvent 3 balles de match et se donnent un peu de sursis. La paire colombienne sert alors pour le match mais les deux Français en décident autrement puisqu’ils débreakent puis remporte la deuxième manche 7/6 avant de conclure 6 jeux à 4 sur leurs troisièmes balles de match. En finale face à la paire Bublik-Golubev, ils sont menés 6/4 5/4 service à suivre pour l’équipe Kazakh. Encore une fois Mahut et Herbert renversent la situation pour s’imposer 4/6 7/6 6/4 et remporter leurs deuxièmes Roland-Garros et cinquième tournoi du Grand Chelem. C’est alors en larmes et avec public qu’une superbe marseillaise sera entonnée dans le stade.

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