Rugby

Max Woodward : « Notre objectif, c’est de nous qualifier en surprenant tout le monde »

Adversaire des Bleus en poule ce week-end, Max Woodward, capitaine d’Hong Kong, se projette sur le Tournoi de qualification olympique (TQO) qui enverra une des 10 nations participantes à Tokyo. Max Woodward est international hongkongais à 7 et à 15 né à Hong Kong de parents anglais. Il dispute un Tournoi de qualification olympique pour la première fois ce week-end.

Où avez-vous effectué la préparation de ce tournoi ?

On est resté à Hong Kong où les mesures sanitaires sont très strictes, notamment sur la politique du retour au pays. Chaque voyageur doit observer une période de 21 jours de quarantaine dans une chambre d’hôtel. On n’a pas quitté le pays depuis les dernières Challenger Series (février 2020).

Quel était le programme de cette préparation ?

On s’est entraîné en s’affrontant entre coéquipiers et aussi d’autres joueurs restés au pays. Beaucoup de matchs entre nous et aussi des matchs contre des clubs de la ville. On n’a pas eu le luxe de voyager et d’affronter d’autres équipes comme certaines nations européennes mais cette préparation « isolationniste » a généré beaucoup de bonnes choses parmi le groupe, dont une concurrence saine et bénéfique. On a aussi été aidé par le gouvernement d’Hong Kong qui a mis à notre disposition les meilleures infrastructures d’entraînement. Mais la plus grosse frustration reste de ne pas avoir pu affronter d’autres nations.

Le Covid-19 a-t-il gêné votre préparation ?

On a essayé de faire comme s’il n’y avait aucune contrainte. Malgré la contrainte des 21 jours d’isolement, on peut dire qu’on est très chanceux à Hong Kong. Il n’y a pas eu de réelles menaces de Covid-19. Nous n’avons pas eu à rester chez nous, on a eu la liberté de s’entraîner autant qu’on voulait, aucun de nos joueurs n’a été infecté. Quand je regarde d’autres pays, je me dis qu’on s’en est bien tiré.

Vous avez fait une pige au Japon d’un an, dans un club de rugby à XV. C’était un besoin de s’éloigner du VII ou juste une envie d’aller jouer à 15 ?

Un peu des deux. Je voulais vivre une vraie saison de rugby à XV avec les matchs les week-ends et les entraînements la semaine. Analyser les adversaires avant chaque match aussi. Une chose que l’on fait moins minutieusement à 7 car il y a beaucoup d’adversaires dans les tournois et c’est compliqué de se focaliser sur une nation pour la passer au crible. J’ai rejoint NTT Communications Shining Arcs un an et j’ai appris à gagner ma place dans un environnement étranger. J’ai réappris l’aspect tactique du rugby à XV, un monde totalement différent de ce que je connaissais jusque-là. J’avais la chance de jouer avec Elton Jantjies et Amanaki Mafi et d’affronter des stars tous les week-ends.

Et vous êtes revenus au Sevens après cette saison à XV …

Oui, il y avait cet objectif de se qualifier pour les Jeux olympiques qu’on j’avais manqué en 2016. Et je voulais aussi disputer les Asian Games 2018. On avait décroché la médaille d’argent en 2014 et je voulais gagner la médaille d’or, ce qu’on a réussi à faire en battant le Japon en finale.

« Je veux faire quelque chose de grand avec cette équipe »

Vous n’avez jamais voulu jouer à 15 pour Hong Kong ?

J’ai déjà joué pour le tournoi de qualification de la Coupe du Monde à Marseille il y a deux ans avec plusieurs membres de l’équipe à 7. C’est compliqué de joueur à 15 à Hong Kong car il n’y a pas beaucoup de joueurs. Mais c’est quelque chose que je veux refaire avec la Coupe du monde 2023 qui arrive.

En tant que capitaine, comment vous gérez la pression avant le début du tournoi ?

La pression que je ressens est celle d’un capitaine à qui il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de ma carrière. L’équipe de Sevens de Hong Kong commence à vraiment s’installer dans le monde du rugby à 7, mais on a du mal à passer un cap et c’est dommage. Nous n’avions pas réussi la dernière fois à cause d’une défaite face à l’Irlande. Je veux faire quelque chose de grand avec cette équipe et ça commence ce week-end. Après, au niveau de l’équipe, le fait d’être un outsider est bénéfique. On n’a pas l’immense pression des favoris sur nos épaules. Personne ne nous imagine aussi étincelant qu’eux. Notre objectif, c’est de nous qualifier en surprenant tout le monde.

Max Woodward avec l’équipe de rugby à 7 Hong Kongaise contre la Russie (crédit photo : smcp.com)

Depuis quand êtes-vous à Monaco ?

Une semaine. On est arrivés avec l’équipe jeudi dernier. On a bien eu le temps de prendre nos marques pour bien se préparer à cet événement.

Et que pensez-vous de la ville ?

Le cadre est incroyable et on ne pouvait pas rêver mieux. Avoir un stade en plein milieu de la ville me rappelle l’énergie que peuvent dégager Hong Kong ou Singapour. Quand un stade est en plein milieu d’une ville, c’est comme si c’était son cœur et c’est parfait pour les tournois de rugby 7. 

Que pensez-vous de votre poule ?

On en est très content. Les trois premières équipes que nous affrontons (Chili, Ouganda*, Jamaïque) sont des équipes que nous arrivons à battre régulièrement. Les matchs seront compliqués à cause de l’enjeu mais comme on connaît bien nos adversaires, on sait sur quoi se baser pour les battre. On va prendre les matchs un par un et voir ce qui arrive. Notre premier objectif, c’est de se qualifier pour la demi-finale. Pour la France, ce sera plus compliqué mais c’est bien de les avoir à la fin. Sur ce match, la pression ne sera pas sur nous. 

Hormis la France, quelle nation trouvez-vous la plus dangereuse ?

Le Chili. On les a rencontrés deux fois lors des Challengers Series l’année dernière. On a eu beaucoup de mal lors du premier match. Ils sont forts, ils sont endurants, ils vont souvent au grattage. Notre équipe privilégie la vitesse et on a parfois du mal dans l’affrontement pur. Ils vont nous donner du fil à retordre.

« Je rêve de revoir le tournoi de Hong Kong comme avant la crise sanitaire »

Et comment analysez-vous l’autre poule ?

L’Irlande semble au-dessus du lot. Ils étaient exceptionnels sur leurs derniers tournois. Sortir de leur poule sera une formalité. Les Tonga ont beaucoup de bons joueurs dans leurs rangs, des gars expérimentés de Top 14 et de Premiership. Une équipe très dangereuse en somme.

Vous parlez des Tonga. Ils ont uniquement sélectionné des joueurs de rugby à 15 pour ce week-end. Est-ce possible de réussir à faire la transition vers le 7 en moins de deux semaines ?

C’est compliqué oui, le 7 est un sport particulier. Mais je pense qu’ils peuvent réussir. C’est que 14 minutes de matchs et tout peut se passer, les surprises sont légion dans notre sport. Ils ont de supers joueurs, très physiques, très durs à plaquer. Malgré ça, ils ont quand même hérité de la poule la plus compliquée. L’Irlande, les Samoa, le Zimbabwe, ce ne sera pas facile pour eux mais qui sait ? Ils peuvent être la sensation du tournoi.

Pour les Jeux olympiques, quelle équipe est favorite selon vous ?

Les Fidji. Quand ils jouent à leur maximum, personne ne les touche, ils sont impossibles à battre. Ils ont tellement de joueurs qui font la différence, ce sport est naturel chez eux, c’est dans leurs veines. En 2016, ils survolent le tournoi. Ils étaient exceptionnels. 

Le circuit Sevens devrait reprendre en novembre si tout va bien, notamment avec l’étape d’Hong Kong. Un événement particulier pour vous ?

Pas seulement pour moi, c’est l’événement de l’année chez nous. On était vraiment déçu de ne pas l’avoir cette saison. Mais là, on va avoir deux tournois en moins de six mois, en novembre et en avril. Je ne connais pas encore le système pour se qualifier pour notre équipe mais c’est une chose dont la ville d’Hong Kong et les joueurs ont besoin. Si on veut que tout revienne à la normale, on doit retrouver ces événements avec les fans dans les tribunes. Et je rêve de revoir le tournoi de Hong Kong comme avant la crise sanitaire.

Dans le monde du Sevens, on a cette vision fantasque du tournoi de Hong Kong avec ces tribunes colorées et cette ambiance si particulière. Avez-vous la même vision en tant qu’habitant ?

Bien sûr. J’allais déjà voir le tournoi quand j’étais petit. C’était incroyable et ça m’a donné envie de jouer dans ce stade sous le maillot d’Hong Kong. Et avoir cette ambiance quand tu es joueur, c’est vraiment exceptionnel. L’atmosphère ne change pas et c’est un pur bonheur d’y être. Ça fait vraiment plaisir de savoir que c’est le même sentiment pour les joueurs d’autres équipes.

*L’Ouganda a été disqualifié du tournoi à cause de cas de Covid-19 dans l’effectif. La France, Hong Kong, le Chili et la Jamaïque ne joueront que trois matchs chacun ce week-end.

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