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Fabio Quartararo, l’étoffe d’un (grand) champion ?

Il y a eu l’ère Rossi, celle de Marquez, nous entrons peut-être aujourd’hui dans une nouvelle ère, aux couleurs tricolores et à l’hymne cocorico, celle de Fabio Quartararo. Son sacre, obtenu il y a à peine quelques jours à Misano, confirme les espoirs placés sur le natif de Nice, premier champion du monde français de Moto GP, et renforce les comparaisons flatteuses que certains lui prêtent face aux grands de la catégorie.

Si sa 7ème place et sa fin de saison manquée l’an dernier ont pu satisfaire les plus sceptiques, en 2021, le français a surdominé son championnat, diabolique de vitesse et de maîtrise, afin de remporter, on l’espère, le premier de ses nombreux titres. 

Le successeur du Docteur ?

C’est comme si c’était écrit, organisé, l’un est italien, né à Urbino, l’autre c’est tout comme, originaire de Nice, à quelques kilomètres du pays de la « Botte ». De même, l’ainé, qui a été élevé en véritable légende de son sport, et comme un messie au sein de l’équipe Yamaha, laisse désormais sa place au plus jeune, issu d’une nouvelle génération de pilotes, mais qui s’impose avec sa propre personnalité et se forge son propre nom à l’intérieur de la Yamaha Factory Racing. Quartararo l’a lui-même dit, « Je ne prends pas sa place, je prends juste sa moto dans l’équipe »

En effet, depuis cette année, c’est Fabio qui a pris les commandes de la moto officielle de la Yamaha, contraignant son idole à effectuer le trajet inverse en rejoignant la Petronas Yamaha SRT, écurie satellite. Si ses débuts semblaient peu encourageants, avec une 5ème place loin des standards et des objectifs qu’il se serait fixé l’on peut penser, dans sa quête au titre, la suite de sa saison est un exemple de régularité et d’intelligence de course, à la manière d’un certain italien au numéro 46.

Valentino Rossi, à gauche, félicitant le tout nouveau champion du monde, Fabio Quartararo, lors de son titre à Misano (crédit: PaddockGP )

Même s’il est possible de retrouver des ressemblances à un autre champion du monde Yamaha, et pas des moindres, en la personne de l’espagnol Jorge Lorenzo, en raison de leur pilotage similaire, à savoir un style fluide et précis, leur capacité à conserver de la vitesse dans les courbes, c’est auprès de l’italien qu’il faut le comparer. Personnalité fougueuse, joueuse, un pilotage à l’instinct et l’amour du public font de Quartararo le digne successeur du fantasque Valentino Rossi au guidon de la Yamaha.

Vainqueur lors de son deuxième Grand Prix avec ses nouvelles couleurs, dominant son coéquipier Viñales du début à la fin de la saison et s’offrant 5 victoires tout au long de la saison, Fabio Quartararo a bel et bien prouvé qu’il était le remplaçant idéal de son idole.

Des débuts prometteurs:

Si ce couronnement est mérité et lui revient amplement pour ses efforts et le travail exceptionnel qu’il a proposé lors de cet exercice 2021, son arrivée en Moto GP, elle, n’a pas laissé de marbre. Arrivé sur la pointe des pieds en Moto GP, il y a maintenant presque 3 ans, après des résultats corrects en catégories inférieures, il incarne la relève de la moto française, sans pour autant que l’on espère de lui des victoires et des titres. Pour ses débuts, il rejoint la modeste équipe Yamaha Petronas SRT, une écurie satellite, ne bénéficiant pas des mêmes moyens et capacités que les grandes écuries officielles, avec pour objectif d’apprendre et de découvrir au mieux la dure réalité de cette catégorie. Cependant, ce n’est pas cela qui va l’impressionner, signant sa première pole position en Espagne, il devient par la même occasion le plus jeune pilote à en obtenir une. Le phénomène prend de l’ampleur, l’engouement autour du français s’installe. 

Le reste de sa saison est tout aussi solide, obtenant au total 6 pole positions, pour 7 podiums et une cinquième place au championnat des pilotes, le tout avec une moto inférieure en performances aux équipes qui l’entourent. Ses nombreuses luttes pour le podium, parfois pour des victoires lui ont valu le titre de « rookie de la saison » 2019, un beau début de carrière pour « El Diablo », qui n’en attendait certainement pas autant pour sa saison « découverte » de la catégorie reine.

Fabio Quartararo, arborant et célébrant fièrement son titre de « rookie de la saison » en 2019, pour sa première saison en Moto GP (crédit: GP Inside)

Et si sa saison 2020 laisse une impression de ratée, gâchée même pour certains, c’est bien car nous connaissons les capacités de Fabio et les opportunités à saisir en cette période de mini-révolution en Moto GP. Désormais équipé d’une Yamaha officielle, bien que pilotant toujours pour la même écurie, son début de saison est canon. En pole et victorieux pour le premier Grand Prix de la saison, en Espagne, il devient le premier français vainqueur en Moto GP, ainsi que le premier pilote à emmener une équipe satellite au sommet du podium.

Luttant tout au long de l’année pour le titre, il a fini par s’écrouler lors des dernières courses, malgré 2 victoires supplémentaires et 3 poles de plus, la faute, peut être, à une pression trop élevée et un manque de compétitivité de sa Yamaha.

La confirmation chez les plus grands

Sa troisième saison sera celle d’un nouveau départ, des résultats, de la compétitivité et pour finir, de la délivrance de par le titre. Désormais titulaire au sein de la Yamaha Racing Factory, il aborde 2021 dans la peau d’un réel concurrent au titre, ou, au pire, d’un sérieux outsider.

Sa première course en tant que pilote officiel est bien décevante, sa deuxième course sera celle du déclic. A nouveau mal qualifié, en 5ème position, et se retrouvant 8ème lors de la mi-course, il profite des contacts entre Joan Mir et Jack Miller pour entamer une diabolique remontée, déposant ainsi Bagnaia, Miller, Rins, Jorge Martin ou bien encore son compatriote Johann Zarco pour signer sa première victoire de la saison.

Johann Zarco et Fabio Quartararo, célébrant un doublé historique pour le sport mécanique français (crédit: GP Inside)

Vainqueur à nouveau au Portugal, il prend les commandes du championnat du monde pour ne plus jamais les lâcher, lors du 5ème Grand Prix. Démontrant une grande force de caractère malgré la contraction, à nouveau, du syndrome des loges, il termine sa course en Espagne avant de reprendre sa marche en avant, enchaînant poles, podiums et victoire. Au total, il comptabilisera sur cette saison 5 victoires, 10 podiums et 5 poles positions, avec des démonstrations de force comme en Italie, ou il dominera les Ducati, pourtant supposées reines sur leurs terres. Sa victoire à Assen, ou tant de champions ont triomphé auparavant, comme Stoner, Rossi, Doohan ou encore même Marquez, laisse à penser qu’il peut réaliser de très grandes choses.

Sa saison 2021 démontre donc tout ce dont est capable le Niçois, que même l’un de ses concurrents adoubera. En effet, Marc Marquez, pourtant référence et nouveau patron de la Moto GP depuis quelques années, déclarera « Peut-être qu’un ou plusieurs constructeurs sont plus rapides mais Fabio est le pilote le plus véloce », démontrant la supériorité du pilote Yamaha sur cette saison, et ce, même face au meilleur pilote de la dernière décennie. Si cette saison l’a couronné, il ne lui reste plus qu’à confirmer dans les années à venir afin de s’inviter à la table des très grands de ce sport.

Alors, si les trois premières années de Fabio Quartararo nous ont permis de le voir grandir et évoluer, de rookie de la saison à champion du monde pour la toute première fois, on espère tous que ce ne soit qu’une simple braise dans l’enfer qu’il a prévu de propager dans le paddock. Ses qualités, son talent et sa personnalité font de lui un leader naturel, destiné à porter la nouvelle génération de pilotes qui arrive, à la simple condition qu’il termine devant eux et face à ses idoles.

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