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Merci pour tout Jo !

C’est dans la soirée du mercredi 6 avril 2022 que Jo-Wilfried Tsonga a annoncé sur les réseaux sociaux qu’à l’issue du Roland Garros prochain, il prendrait sa retraite sur le circuit ATP. Celui-là même qui l’a hissé au rang de meilleur joueur français pendant de longues années, qui l’a fait briller et vivre des moments merveilleux. Retour sur la carrière d’un grand monsieur du tennis français.

Jo-Wilfried Tsonga à 37 ans a décidé de se retirer définitivement du circuit après Roland-Garros, où il disputera les derniers instants de sa carrière.

Jo-Wilfried Tsonga, lui le Manceau, fils d’un ancien handballeur professionnel et très vite doué pour le sport, s’est rapidement dirigé vers la petite balle jaune. Ses débuts, il les a fait dans sa région natale, au Tennis Club des Trois vallées, à Coulaines, dans la Sarthe. C’est d’abord sur le circuit junior que Jo-Wilfried Tsonga s’est illustré. Il remporte quatre titres en simple dont l’US Open en 2003. La même année, il atteint les demi-finales des trois autres tournois du Grand Chelem. Il obtient ainsi son meilleur classement junior en étant no2 mondial.

Les trois premières années sont mitigées pour ses débuts, les blessures freinant sa progression. Mais le talent du garçon se fait vite ressentir. Cette fulgurante ascension lui permet de réaliser des débuts plus que prometteurs, en franchissant, notamment en 2007, le troisième tour à Wimbledon. Atteignant ainsi les huitièmes de finale. Cette progression se matérialise par une accession dans le top 50 alors qu’il n’est âgé que de 22 ans. Jo-Wilfried Tsonga remporte alors le prix de révélation masculine de l’année.

Top 10 puis top 5 mondial

La suite on la connaît. Jo-Wilfried Tsonga réussit l’exploit, l’année suivante, d’atteindre une finale de Grand Chelem. Ce qu’aucun Français n’avait réussi depuis Yannick Noah et son sacre à Roland Garros en 1983. Une performance majuscule avec un tournoi impressionnant réalisé lors de cette édition de l’Open d’Australie 2008. Il parviendra notamment à éliminer successivement Andy Murray, Guillermo Garcia Lopez, Richard Gasquet et Rafael Nadal en demi-finale lors d’un match digne d’un rêve éveillé. C’est contre Novak Djokovic que le Manceau verra son rêve de Grand Chelem se terminer, avec une défaite en quatre sets plus qu’honorable (6-4, 4-6, 3-6, 6-7) et un match disputé. Une énorme performance qui lancera définitivement la grande carrière du français.

Jo-Wilfried Tsonga, en finale de l’Open d’Australie 2008 ici aux côté de Novak Djokovic qui remporte lors de cette édition le premier de ses 20 Grand Chelem  (TORSTEN BLACKWOOD / AFP)

Cette même année, il remporte son premier Masters 1 000 à Paris Bercy, le plus grand titre de sa carrière auquel viendra s’ajouter un deuxième Masters 1 000 obtenu à Toronto en 2014. Ce premier titre lui permet d’accéder au top 10 mondial et de participer à son premier Masters, durant lequel il obtient une victoire en poules contre Novak Djokovic.

Les années suivantes, « Jo » comme il était surnommé, confirme et parvient à se hisser par deux fois en demi-finale de Grand Chelem, à l’Open d’Australie 2010 et à Wimbledon 2011, perdues respectivement face à Roger Federer et Novak Djokovic. Cette ascension lui permet de grimper au classement et atteindre une belle 5e place mondiale en 2012. Ce qui constitue à ce jour le meilleur classement de sa carrière jamais atteint.

Jo-Wilfried Tsonga remporte le Masters 1000 de Paris-Bercy, face à l’Argentin David Nalbandian, le 2 novembre 2008.  (PHILIPPE LECOEUR / MAXPPP)

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C’est en 2013 que Jo rallie pour la première fois chez lui à Roland Garros, sa première demi-finale. Un moment sans doute spécial dans sa carrière, tant l’émotion était forte, porté et encouragé par un public du Philippe-Chatrier ébahi par la performance titanesque du Français en quart de finale contre Roger Federer avec l’une de ses plus belles victoires en carrière (7/5, 6/3, 6/3).

Les deux années suivantes marqueront la confirmation d’un joueur solidement installé dans le top 10. Il remporte un nouveau titre en Masters 1 000 acquis en terre canadienne lors du tournoi de Toronto où il bat en finale l’Argentin David Nalbandian, après avoir écarté de son chemin Novak Djokovic, James Blake ou encore Andy Roddick. Le Français parvient à rallier pour la seconde fois, l’année suivante, les demi-finales de Roland Garros.

Jo-Wilfried Tsonga s’incline en demi-finale de Roland Garros en 2013, face à l’Espagnol David Ferrer en trois sets secs. (AFP PHOTO / THOMAS COEX)

Des blessures à répétition

Tête de série no 14 à Roland Garros à, il élimine sans accroc Christian Lindell (6-1, 6-2, 6-2), Dudi Sela (6-4, 6-1, 6-1) et Pablo Andujar (7-63, 6-4, 6-3). En huitièmes de finale, il accroche son premier top 10 de la saison, la tête de série no 4 Tomas Berdych, au terme d’un match intense et solide. Et ce, en quatre sets (6-3, 6-2, 6-7, 6-3). En quarts de finale, il affronte sa bête noire, le Japonais Kei Nishikori.

Le Manceau parvient finalement à le dominer au terme d’une rencontre très disputée en cinq sets (6-1, 6-4, 4-6, 3-6, 6-3). C’est ainsi la première fois de sa carrière qu’il bat consécutivement deux top 5 lors d’un tournoi majeur. Il dispute alors sa sixième demi-finale en Grand Chelem et rencontre Stanislas Wawrinka, sept mois après la défaite du Français contre le Suisse en finale de Coupe Davis. Malgré un match disputé de près de quatre heures, il perd la rencontre (3-6, 7-6, 6-7, 4-6).

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Les années suivantes marqueront le début du déclin physique de Jo, avec des blessures à répétition et des premières irrégularités sur le circuit. Mais l’embellie de 2017 avec la victoire française en Coupe Davis symbolisera l’apothéose de la carrière du Manceau, avec ce titre acquis dans la prestigieuse compétition aux côtés de ses fidèles comparses et amis Richard Gasquet, Gilles Simon et Gaël Monfils. Un trophée spécial dans la carrière du joueur, et qui marquera la victoire d’une génération dorée et pétrie de talent surnommée les « quatre mousquetaires« .

Gilles Simon, Jeremy Chardy, Julien Benneteau, Yannick Noah, Richard Gasquet, Nicolas Mahut, Jo-Wilfried Tsonga Pierre-Hugues Herbert et Lucas Pouille posent avec le trophée de la Coupe Davis après leur victoire finale contre la Belgique, le 26 Novembre 2017 (AFP PHOTO / Philippe HUGUEN).

Dix-huit titres acquis dans sa carrière

Après 2017, la carrière du Français se résumera à une lutte contre son corps et ses limites, la rage de retrouver le plus haut niveau. En vain. Un retour dans le top 50 en 2019 semblait indiquer des espoirs de retour au premier plan. Mais le physique instable aura raison de la volonté pourtant indéfectible de Jo. C’est ainsi qu’à l’âge de 37 ans, après avoir sillonné le circuit ATP pendant près de 18 ans, Jo annonçait, mercredi 6 avril 20222, sa lassitude de lutte physique contre ses blessures, et sa volonté de boucler la grande boucle à l’issue du tournoi de Roland Garros prochain, devant son public pour un jubilé qui s’annonce déjà intense et fort en émotions.

Jo-Wilfried Tsonga restera comme le plus fort de cette génération des quatre mousquetaires, celui ayant obtenu le plus gros palmarès et réalisé les plus grands faits d’armes. Dix-huit titres acquis en carrière sur le circuit ATP, dont deux Masters 1 000, six demi-finales de Grand Chelem (deux demi-finales à Roland Garros, deux demi-finales dont une finale à l’Open d’Australie, une demi-finale à Wimbledon, une finale de Masters et deux finales de Coupe Davis dont un fabuleux titre obtenu en 2017 contre la Belgique).

Au-delà de son palmarès qui impose le respect, c’est aussi la sympathie, la jovialité d’un joueur que l’on retiendra. Toujours souriant, fair-play, « Jo Will » a su conquérir rapidement le cœur des fans français. Et plus encore. C’est avec respect et méfiance que ses adversaires l’affrontaient, en connaissance de cause du talent indéniable du joueur et sa propension à enflammer un match à sa manière. Avec panache, caractère et spectacle.

Battre les Big Four

Le natif de la Sarthe pourra sortir la tête haute à l’issue de son quinzième et dernier Roland Garros. Lui dont la carrière fut immense et qui aura fait vibrer tout un public pendant plus de 15 années. Jo-Wilfried Tsonga restera comme ce joueur surpuissant, capable de martyriser ses adversaires et leur imposer son énorme punch de coup droit tel un boxeur sûr de sa force.

C’est aussi la fierté d’avoir su remporter des titres majeurs, si près d’un sacre en Grand-Chelem alors même qu’il a sans doute évolué dans ce qui restera comme la période faste du tennis, symbolisée par la domination du Big Four. Jo-Wilfried Tsonga était de ces joueurs qui, dans un grand jour étaient capables de battre absolument n’importe qui, avec force et démonstration. Rafael Nadal, Novak Djokovic, Roger Federer, Andy Murray, aussi immenses soient-ils, ont tous été battus à plusieurs reprises par le joueur français.

Jo Tsonga, c’est tout simplement 45 victoires sur le top 10 dont 3 victoires face au n°1 mondial, 121 victoires en Grand Chelem, 6 demi-finales et au moins un quart de finale dans tous les Grand Chelem. Autant de records qui forcent l’admiration et qui démontrent toute l’étendue de la carrière du joueur. On espère vivement un premier tour abordable lors de la prochaine quinzaine de Roland Garros pour voir au moins une dernière fois la danse des pouces et la joie d’un grand joueur qui va énormément manquer au tennis. Merci pour tout Jo.

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